Onoghour

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Les Onoghours (ou Onogours) constituaient une tribu parmi les peuples ogours. Ces derniers sont apparus dans le Sud-Est de l'Europe au cours du dernier tiers du Ve siècle, après la dissolution de l'empire des Huns. Selon le rhéteur byzantin Priscos, des messagers des Sharagours, des Ogours et des Onogours se présentèrent en 463, une dizaine d'années après la mort d'Attila, devant l'empereur d'Orient Léon Ier le Grand. Il fut d'avis que ces peuples avaient été chassés de leur territoire d'origine par d'autres populations. Les peuples mentionnés par Priscos se sont établis dans la région de la Volga, du Caucase et de la Mer Noire. Les Ogours, qui s'appelaient sans doute primitivement Ougours, sont passés au VIe siècle sous domination turque ; les Sharagours disparaissent bientôt des sources, mais les Onogours sont souvent cités par les chroniqueurs des siècles suivants.

Au VIe siècle, les Koutrigours (ou Koutourgours) et les Outigours (ou Outourgours) se faisaient plusieurs guerres fratricides dans les steppes au nord de la Mer Noire, avant d'être dominés en partie par les Turcs, en partie par les Avares. Les Onogours ont joué un rôle important au VIIe siècle dans l'empire Bulgare organisé par le khagan bulgare Koubrat MEGALI BOULGARIA , qui appartenait à la maison (khan) ou clan des Dulo.

En réalité, l'histoire du peuple onogour et de ses relations avec les peuples voisins est complexe, et donne matière à de nombreuses controverses parmi les historiens et les ethnologues. Toutefois, il semble acquis qu'après la mort en 453 d'Attila roi des Huns, trois groupes principaux de peuples, fédérés ou du moins fortement mélangés, ont joué un rôle de premier plan. Il s'agit des Bulgares, des Khazars et des Hongrois. Les deux premiers parlent des langues turques (groupe ouralo-altaïque) ; le troisième parle une langue finno-ougrienne, mais est dominé par un clan turc. Leurs origines sont incertaines.

On suppose que les Bulgares sont des éléments d'un groupe de Huns refluant vers l'Est, qui se seraient mélangés à divers éléments venus auparavant d'Asie. Eux-mêmes, ou leur clan dominant, les Dulo (Djula), se réclamaient d'un fils d'Attila nommé Irnik, dont ils conservaient la mémoire au VIIIe siècle, alors qu'étrangement ils avaient perdu celle d'Attila lui-même.. Cependant, leurs particularités linguistiques, qui sont encore maintenant celles de leurs héritiers sur la moyenne Volga en Russie (les Tchouvaches), soulignent qu'une rupture avec le rameau turc commun s'était produite.

On mentionne les Bulgares pour la première fois en 480 dans la zone comprise entre la Mer Caspienne et le Danube en tant qu'alliés du Byzantin Zénon contre les Goths, auxiliaires des Avars qui avançaient vers la Mer Noire en soumettant les peuples vivant au nord de cette mer. Les Bulgares sont alors conduits par des chefs (« gouverneurs ») dont le plus connu est Gostun, qui occupait le pouvoir pendant un laps de temps assez longtemps sans qu'on sache exactement de quand à quand. C'est son neveu Koubrat, cité plus haut, qui fonda l'état d' GRAND BULGARIA Onogurie vers 585. Entre 630 et 635, Koubrat menait des luttes contre les Avars pour se débarrasser de leur tutelle et, en 635, finit par unir les Avars et les Bulgares ; après les luttes, cette union fut peut-être facilitée par le fait que Koubrat était bulgare par sa mère et avar par son père. Dès lors, Koubrat prit le titre de khan, créant ainsi un puissant khaganat s'étendant sur les territoires qui sont maintenant, pour l'essentiel, ceux de l'Ukraine. Ce vaste khaganat est généralement appelé « la Grande Bulgarie », et non plus l'Onogurie. Dans sa jeunesse, Koubrat avait été retenu comme otage à la cour de Byzance et ainsi il avait pu assimiler une bonne part de la culture byzantine ; il fut baptisé en 619 et il est mort en 642 (et non en 665, comme on le prétend parfois).

Après sa mort, la Grande Bulgarie fut divisée entre ses cinq fils demeurés païens. Cette division permettait aux Khazars, qui surgissent du fond de l'Asie, d'envahir le territoire. Les Bulgares se regroupaient en trois hordes différentes. La première horde demeurait sur place et se résignait à subir le joug des envahisseurs, pour finir finalement fusionner avec les peuples voisins et disparaître de l'histoire.

La deuxième horde remonta le cours de la Volga et fonda, vers la fin du du VIIIe siècle, un khanat au confluent de ce grand fleuve avec la Kama. Ce royaume est connu également sous le nom de Grande Bulgarie, ou encore Bulgarie de la Volga ou Bulgarie de la Kama. Sa capitale, Bolghar, se trouvait à une centaine de kilomètres de l'actuelle capitale du Tatarstan, à savoir Kazan. Le développement de cette dernière entraînera plus tard la ruine de Bolghar.

La troisième horde, sous la conduite d'Asparoukh (ou Isperik, 644702), fuyait vers l'ouest. En 679, elle passe le Danube et, en 680, s'installait dans les pays qu'on connaît actuellement sous les noms de Bulgarie et de Hongrie. Le nouveau peuple bulgare devint rapidement une puissance redoutable qui assaillit Constantinople à plusieurs reprises, notamment en 762 puis, en 811, quand le khan Kroum (803814) vainquit et tua l'empereur Nicéphore Ier dont, suivant la coutume turque, il fit du crâne une coupe à boire. Cependant, mêlés à de nombreux éléments appartenant aux Slaves méridionaux, les Bulgares d'origine finirent par se slaviser complètement, et seul le nom témoigne encore actuellement d'une origine turque. Ce processus d'assimilation s'accéléra brutalement lorsque Boris Ier adopta la religion chrétienne en 864 ou 865.

Le nom des Bulgares migrant vers le Bas-Danube après la dissolution du khaganat de Kuvrat fut 'Onogoundour. La question du rapport entre les ethnonymes onogour et onogoundour et la dénomination bulgare est très complexe et encore largement discutée. Mais quoi qu'il en soit, les dénominations étrangères de Magyar, à savoir Hungarus en latin, Hongrois en français, Hungarian en anglais, Ungar en allemand, et ainsi de suite, proviennent toutes de l'ethnonyme onogour. Cet ethnonyme a été transmis dans les langues occidentales par les Slaves, vraisemblablement aux VIIIeIXe siècles.

[modifier] Bibliographie

Sándor Csernus & Klára Korompay, éditeurs (1999). Les Hongrois et l'Europe (Conquête et Intégration). Publications de l'Institut Hongrois de Paris, Paris & Szeged. ISBN 963-482-394-7.
Jean-Paul Roux (1984). Histoire des Turcs (Deux mille ans du Pacifique à la Méditerranée). Fayard, Paris. ISBN 2-213-01491-4.
Vasil Zlatarski (1918). Histoire de l'état bulgare dans les âges moyens, Sofia. (en bulgare)
Bozhidar Dimitrov (2001). Les Bulgares et Alexandre de Macédoine, Éditeurs Tangra, Sofia. (en bulgare)
Rascho Raschev (2005). Die Protobulgaren im 5.-7. Jahrhundert, Orbel, Sofia. (en bulgare et allemand)

[modifier] Voir aussi