Mer Caspienne

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41° 38′ 39″ N 50° 35′ 26″ E / 41.644183, 50.590668

Mer Caspienne
Mer Caspienne vue de l'espace, image satellite de la NASA.
Superficie 436 00 km² (1995) ; 371 000 km² (1977) ; 412 000 km² (1929)
Profondeur 1 025m (max)
184 m (moy)
Type Mer intérieure
Localisation Asie centrale
Pays côtier(s) Russie Russie
Azerbaïdjan Azerbaïdjan
 Turkménistan
Iran Iran
Kazakhstan Kazakhstan

La mer Caspienne est une mer intérieure de l'Asie. Elle est bordée par la Russie (avec le Daguestan, la Kalmoukie et l'oblast d'Astrakhan), l'Azerbaïdjan, le Turkménistan, l'Iran, et le Kazakhstan, avec les steppes de l'Asie centrale au nord et à l'est. Dans l'Antiquité, elle était appelée l’océan Hyrcanien ; elle porta aussi le nom de mer Khvalissian (lié aux Khvali, les habitants du Khwarezm) ou de Bahr el-Qazvin selon des sources arabes. Le mot caspienne venant de Qazvin, une ville d'Iran. En Iran, elle s'appelle mer Khazar (Daryā-e Khazar) et parfois mer Mazandaran (Daryā-e Mazandaran, du nom d'une région qui la borde).

Sommaire

[modifier] Caractéristiques

La mer Caspienne est l'une des plus petites mers du monde ; en fait, suivant les scientifiques elle a des caractéristiques à la fois de mer et de lac. C'est néanmoins, avec une superficie de 371 000 km², la plus grande des masses d'eau enclavées du monde. Elle n'a cependant pas le statut juridique des mers.

La salinité est d'environ 1,2 %, soit le tiers de la salinité de la plupart des mers ou océans (3,8% en Méditerranée, 3,5 % dans l'Atlantique). La salinité varie de 1 % au niveau de l'embouchure de la Volga, à 20 % dans la baie de Kara-Bogaz où l'eau ne se mélange pratiquement pas avec celle du reste de la mer.

[modifier] Hydrographie

Les fleuves Volga et Oural se jettent dans la mer Caspienne, qui est reliée à la mer d'Azov par le canal Manytch.

Le niveau de la mer Caspienne est descendu et monté de nombreuses fois au cours des siècles. Certains historiens prétendent qu'au Moyen Âge, une montée des eaux provoqua l'immersion des villes côtières de Khazarie, comme celle d'Itil. Depuis une vingtaine d'années, le niveau de la mer a provoqué l'immersion d'une grande partie du littoral iranien. Les experts sont partagés sur les causes de cette montée.

[modifier] Faune

La mer Caspienne et les États riverains
La mer Caspienne et les États riverains

La mer Caspienne contient un grand nombre d'esturgeons, lesquels fournissent du caviar. La surpêche menacerait cependant leur population.
Le phoque de la Caspienne est une espèce endémique de la mer Caspienne.
Parmi les oiseaux, on peut rencontrer le goéland pontique et la sterne caspienne.

[modifier] Autres ressources

Les profondeurs de la mer recèlent encore d'importantes ressources pétrolières.


[modifier] Statut juridique international de la mer Caspienne

La question du statut juridique de la mer Caspienne est aussi cruciale que les ressources qu’elle détient : en effet, il ne suffit plus de connaître la présence de ces richesses, encore faut-il pouvoir déterminer s’il est permis de les exploiter. Pour arriver à la situation actuelle, la réglementation de l’accès à la mer Caspienne a connu différentes étapes.

[modifier] Situation avant la création de l'URSS

Gagnant la victoire sur les Perses, le tsar russe Pierre le Grand accède aux parties occidentales et méridionales de la mer Caspienne dès 1723 et c’est à partir de cette date-là, que la mer Caspienne devient l’objet de rivalité entre les Perses et les Russes. Au début du XVIIIe siècle, en l’espace de douze ans, quatre traités ont été conclus entre la Russie et la Perse, pour mettre fin aux hostilités entre deux pays : le 12 septembre 1723, à Saint-Pétersbourg, le 13 février 1729 et en 1732 à Rasht, et enfin en 1735 à Gandja. Ces quatre traités n’ont pas défini le régime juridique concernant la navigation ni la liberté de commerce dans la mer Caspienne, ils se traduisaient d’abord par des cessions des territoires terrestres bordant la mer Caspienne à la Russie, suivies des rétrocessions des mêmes territoires à la Perse. Par les traités du Gulistan et de Turkmentchaï de 1813 et de 1828 respectivement entre la Russie et la Perse, la Russie se réservait le droit exclusif de faire naviguer ses vaisseaux de guerre sur la mer Caspienne. C’est la première fois que l’aspect militaire est pris en compte dans les traités concernant la mer Caspienne. Pourtant, aucun de ces traités n’a établi les frontières des pays riverains sur la mer Caspienne, ni les limites d’exploitation des richesses naturelles et biologiques.

[modifier] Situation sous l'URSS

Par le traité de Moscou de 1921 entre la Perse et la République fédérative des Soviets de Russie, la République de Russie déclarait nul et non avenu l’ensemble des traités et conventions conclus avec la Perse par le gouvernement tsariste. Pourtant, les dispositions des articles 6 et 7 accordent au gouvernement soviétique un droit exclusif, mais conditionnel, d’intervention militaire. Qui plus est, cette intervention ne concerne pas seulement la mer Caspienne, mais l’ensemble du territoire persan. Le traité de commerce et de navigation du 25 mars 1940, signé entre l’Iran et l’URSS, ne reconnaît aucune division sur le statut de la mer Caspienne. Cependant, ces deux pays s’engagent pour un traitement égal et réciproque. Quant à la nature des bateaux navigant dans la mer Caspienne, il n’y a aucune distinction entre les bateaux militaires et civils, ni entre les bateaux publics et privés : seuls les bateaux de la nationalité de l’un des pays riverains pouvaient s’y trouver. Suivant l’ordre daté du 1934 du Commissaire de peuple des affaires intérieures de l’URSS, le Service de Garde frontière de l’URSS était chargé de protéger le secteur soviétique de la mer Caspienne se trouvant au nord de la ligne Astara- Hassankulu et les navires iraniens n’avaient pas de droit de traverser au nord de cette ligne sans autorisation préalable de l’URSS. Ainsi, l’URSS a commencé à exploiter les ressources pétrolières de la mer Caspienne se trouvant au nord de la ligne Astara- Hassankulu sans la participation de l’Iran, sans la consultation avec l’Iran et sans aucune contestation de la part de l’Iran. Plus tard, l’Iran, à son tour, a commencé à exploiter les gisements pétroliers du plateau continental de la mer Caspienne sans aucune consultation avec l’URSS. Le 15 septembre 1962, à Téhéran, aurait été signé un mémorandum, considéré comme confidentiel, entre le ministre des Affaires étrangères de l’Iran Abbas Aram et l’ambassadeur de l’URSS en Iran Nokolay Pégov. L’une des Notes formant ce mémorandum aurait prévu une ligne partant d’Astara vers Hassan-Kiyadeh en traversant la mer Caspienne, ce qu’on appelle la « ligne Astara-Hassankouli » ou la ligne « Aram-Pégov », considérée comme la frontière dans la mer Caspienne entre l’URSS et l’Iran. En 1970, le ministère de l’Industrie pétrolière de l’URSS a partagé la partie soviétique de la mer Caspienne entre l’Azerbaïdjan, la Russie, le Turkménistan et le Kazakhstan sur la base de ligne médiane.

[modifier] Situation après la fin de l'Union soviétique

La question des limites des zones sous souveraineté ou sous juridiction des États riverains ne commença à se poser vraiment qu’à compter du démembrement de l’URSS en 1991 où la mer Caspienne compte non plus deux États riverains, l’Iran et l’URSS, mais cinq dont quatre issus de ce dernier État : la Fédération de Russie, le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan. La signature du « Contrat du siècle » entre l’Azerbaïdjan et les compagnies pétrolières étrangères du 20 septembre 1994 sur l’exploitation des ressources pétrolières se trouvant dans le « secteur azerbaïdjanais » de la mer Caspienne fut, sans doute, le début du clivage entre les pays limitrophes de la mer Caspienne.

Depuis 1992, une série de rencontres aussi bien multilatérales que bilatérales ont eu lieu pour déterminer le statut juridique international de la mer Caspienne.

Le 24 septembre 1994, le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie a officiellement déclaré que la Fédération de Russie ne reconnaissait pas ce contrat, tandis que M. Volter Chonia, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l’époque de la Russie en Azerbaïdjan et d’autres représentants officiels de la Russie avaient participé à la signature du contrat.

Le 16 septembre 1996, à Bakou, le président de la République d’Azerbaïdjan, Haydar Aliyev et le président de la République du Kazakstan, Nursultan Nazarbaev, sont parvenus à la Déclaration conjointe concernant la mer Caspienne.

Le 6 juillet 1998, la Fédération de Russie et le Kazakhstan ont signé l’accord de délimitation du lit de la mer du secteur septentrional de la mer Caspienne suivant le principe de la ligne médiane, ce fut le premier accord bilatéral concernant la division de la mer Caspienne après la chute du régime soviétique. Le Turkménistan et l’Iran ont protesté immédiatement contre cet accord.

Dans le cadre de la visite officielle du président de la Fédération de Russie, M. Vladimir Poutine en Azerbaïdjan, le 9 janvier 2001, les deux parties ont convenu que le fond maritime de la mer Caspienne peut être divisé entre les secteurs parmi les États voisins contigus et opposés sur le principe de ligne médiane tracée de distance égale des côtes et modifiable par leur consentement mutuel.

Le 29 novembre 2001, la République du Kazakhstan et la République d’Azerbaïdjan ont signé l’accord concernant la délimitation du fond de la mer Caspienne suivant le principe de la ligne médiane.

À l'heure actuelle, il n'existe pas de traité multilatéral valide qui définisse le statut juridique de la mer Caspienne et donc, aucun texte servant de référence quant à l'exploitation des fonds marins. Pour l'Iran, la mer Caspienne devrait être régie par un statut juridique comme si elle était un lac. Cela signifierait soit un contrôle commun, soit une part de 20 % de la Caspienne pour chacun des cinq États riverains. La Russie, l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan, estiment que la Caspienne est une mer fermée, ce qui entraîne que chaque État riverain a des droits d'exploitation des fonds marins dans une zone correspondant aux eaux nationales dont la superficie peut être délimitée par des lignes médianes de démarcation. Une telle formule, sur laquelle se sont fondées les négociations pendant ces dernières années, ne donnerait à l’Iran que 13 % au-delà de sa côte. Le Turkménistan est resté plus ou moins neutre, cherchant à équilibrer les deux parties. À l’heure actuelle, la Russie contrôle environ 19 % des fonds marins de la Caspienne, le Kazakhstan 29 % et l’Azerbaïdjan 21 %.

La région a connu un certain nombre de litiges concernant les délimitations, principalement entre l'Azerbaïdjan et le Turkménistan. Étant donné que deux bassins d'hydrocarbures d'importance majeure actuellement exploités par le consortium international AIOC – Azeri et Chirag – se trouvent dans des eaux qui font l’objet de contestations, en 1997, le Turkménistan a réclamé sa part des bénéfices du projet avec Bakou. Il a également réclamé une part de bénéfices pour le bassin de Kyapaz et a sollicité une médiation internationale pour résoudre ces différends. L'Azerbaïdjan et l'Iran sont aussi en litige concernant le bassin pétrolifère off shore au large d'Alov (Alborz en persan), l'un et l'autre prétendant avoir des droits sur ce bassin.

Les positions des auteurs concernant le statut juridique de la mer Caspienne ne sont pas unanimes : certains la considèrent comme le lac, certains comme la mer intérieure, certains comme les eaux intérieures et certains comme la mer fermée.

La doctrine internationale n’est pas unanime sur le statut juridique des lacs. La doctrine majoritaire propose le partage des lacs entre les États riverains, certains proposent le condominium et certains sont favorables à l’application d’une méthode intermédiaire entre le condominium et le partage.

En droit international, il n’existe aucune règle uniforme et codifiée pour la délimitation des lacs. Presque tous les lacs-frontières sont divisés par les Conventions entre les pays riverains. Pourtant, parallèlement au condominium qui possède un seul exemple, la pratique internationale, favorable au partage lacustre, présente différentes méthodes en la matière : à savoir, la limite à la rive, les limites géométriques, les limites astronomiques, les lignes droites et la ligne médiane.

En cas de mer, le partage de la Caspienne doit se réaliser conformément aux dispositions du droit international maritime telles que les mers territoriales, les zones économiques exclusives et le plateau continental, conformément aux dispositions de la C.M.B. Pourtant, certains problèmes réels, de nature géopolitiques, empêchent d’arriver à une solution acceptable pour tous.

[modifier] Géopolitique

[modifier] Problématique

La région Caspienne, grâce à sa richesse économique, occupe une place géopolitiquement essentielle. C’est pourquoi, elle fait l’objet d’un jeu géopolitique tant au niveau mondial que régionale des grandes puissances telles que les États-Unis, la Russie, l’Union européenne, l’Iran, la Turquie, l’Israël, la Chine, ou encore le Japon qui veulent jouer de leurs atouts. D’ailleurs, il serait erroné d’essayer de dissocier le facteur pétrolier d’autres enjeux géopolitiques pour l’analyser tout seul, car tous ces enjeux sont interdépendants et se complètent réciproquement. Ainsi, le facteur pétrolier qui est d’abord un enjeu en soi à obtenir, représente également un moyen ou un prétexte pour atteindre l’objectif principal. La perspicacité de l’ancien président azéri Haydar Aliyev a permis au pays de tirer profit de cette nouvelle occasion offerte par le « New Great Game », en jouant précisément sur la rivalité entre de nombreux pays. En effet, il a voulu sauvegarder la paix dans la région en transformant les conflits d’intérêts exprimés par différents acteurs étrangers en une relation de coopération pas seulement entre les pays de la région, mais aussi entre tous les autres pays impliqués dans ce jeu. C’est pour répondre aux exigences de la politique dite de « l’équilibre » que l’Azerbaïdjan a été mené à inclure des États concurrents dans plusieurs contrats pétroliers. Tant et si bien que même ce pétrole souvent pensé comme à l’origine de belligérances est désormais perçu comme moyen indéniable pour régler les différends avec l’Arménie – que la partie azerbaïdjanaise considère comme pays agresseur responsable de l’occupation d’une bonne partie de son territoire-. À cet égard, le pétrole présenterait une double possibilité : d’abord, ce qui est actuellement appliqué consiste à essayer d’obtenir des grandes entreprises pétrolières européennes, signataires du fameux « Contrat du Siècle » dans le secteur azerbaïdjanais de la mer Caspienne fassent une forte pression sur leurs pays respectifs, pour obliger l’Arménie à quitter les territoires azerbaïdjanais et à autoriser le retour de 1 000 000 de réfugiés azerbaïdjanais puisque la stabilité régionale est la première condition de l’applicabilité du contrat. Pourtant, à ce jour, l’Arménie, militairement « vainqueur de la guerre », malgré sa défaite diplomatique aussi bien dans le cadre de l’ONU que l’OSCE et le Conseil de l’Europe, n’est pas prête à une concession unilatérale quelconque. Alors la deuxième possibilité pourrait être envisagée : une coopération directe avec l’Arménie elle-même pour que l’oléoduc passe à travers l’Arménie afin d’aboutir à Ceyhan, en Turquie. Pourtant ce deuxième projet est catégoriquement refusé par l’Azerbaïdjan, tant que le conflit n’est par réglé.

[modifier] Russie

Il ne faut pas oublier que c’est le poids de la Russie qui pèse lourd : considérant cette région comme sa propre « zone d’influence », elle ne veut pas la laisser aux autres (c’est–à-dire aux Américains et aux Occidentaux). Pour les Azerbaïdjanais, « pendant les années, les richesses naturelles azerbaïdjanaises appartenaient aux Russes et en contrepartie l’Azerbaïdjan n’a rien gagné ». Pourtant la politique extérieure de l’Azerbaïdjan avec la Russie a toujours varié suivant son président en tête et réciproquement. Pendant la présidence de A. Moutallibov, une personnalité reconnue pour sa position pro-russe, on observe une situation assez simple : en tout cas, l’Azerbaïdjan n’avait pas encore obtenu de facto son indépendance et donc n’était pas en mesure de déterminer le destin de sa richesse. C’était par conséquent à Moscou que revenait le pouvoir de décider et à Bakou celui de l’appliquer. Avec l’arrivée au pouvoir d’Abulfaz Eltchibey, leader du front populaire d’Azerbaïdjan, on observe un changement de la situation : un effort considérable de contrôle des richesses. C’est à cette époque qu’est signé le premier contrat avec les Occidentaux concernant le pétrole dans la mer Caspienne. Faible en politique, il n’a pas pu prévoir le déroulement des évènements et a commis des erreurs : la Russie était complètement éloignée du consortium, idem pour l’Iran. Ce qui a accéléré sa chute et son départ définitif de scène politique de l’Azerbaïdjan. La politique pétrolière d’Heyder Aliyev avait été préparée d’une manière équilibrée: il fallait introduire la Russie dans le contrat, diminuer la part de la Turquie et augmenter considérablement celle des États-Unis. Donc, il fallait annuler l’ancien contrat pour en élaborer un nouveau. C’était simplement une politique d’équilibre dont l’objectif était de faire en sorte que la cible ne soit plus l’Azerbaïdjan, mais que les Grandes luttent entre elles dans le cadre du contrat, ce qui garantirait au moins son application, chacun en y trouvant ses intérêts. Même si la Russie était un partenaire irremplaçable et à part entière, le rapprochement entre l’Azerbaïdjan et l’Occident restait toujours visible, incontestablement et la condition sine qua non pour l’exploitation des pétroles, étant donnée qu’aucun autre État n’avait assez de moyens aussi bien financiers que technologiques pour répondre aux exigences de l’époque. De plus, l’Occident était le seul marché de consommation pour ces pétroles. Ce rapprochement était à un tel niveau que l’Azerbaïdjan a refusé de recevoir les forces armées russes et de la CEI sur son territoire, tout en voulant proposer une base militaire à l’OTAN ; de même, il était favorable à ce que l’oléoduc soit protégé par les forces militaires de l’OTAN. Pourtant la forte pression russe a conduit à une hésitation aussi bien du côté de l’Azerbaïdjan que du côté de l’Occident. Aux yeux de l’Azerbaïdjan, le pétrole était un excellent prétexte pour attirer les États-Unis, l’Europe et Israël en Azerbaïdjan en vue de diminuer le poids de la Russie et de l’Iran qui dès le début se trouvaient dans une position anti-azerbaïdjanaise, ou au moins pro-arménienne. Et pour attirer les États-Unis, l’Europe et Israël, la Turquie était le partenaire idéal. D’ailleurs, pour une stratégie à long terme, la Turquie se présentait non seulement comme un partenaire économique et politique, mais aussi et surtout comme « frère aîné », toujours présent pour apporter son « soutien fraternel ». Bien sûr, la Russie est toujours mécontente de la présence des Occidentaux sur sa « zone d’influence » et cherche à rétablir à tout prix sa « domination » perdue. Conduisant une politique hostile envers l’Azerbaïdjan en soutenant directement ou indirectement l’Arménie dans son conflit avec l’Azerbaïdjan sous la présidence de Boris Eltsine, la Russie a révisé sa position après l’arrivée au pouvoir de Poutine et s’est rapprochée de l’Azerbaïdjan.

[modifier] Arménie

L’Arménie n’est sans doute pas une puissance régionale. Pourtant, étant en guerre directe avec l’Azerbaïdjan, pour les Azéris, ce pays constitue le moyen direct et efficace pour faire pression sur l’Azerbaïdjan. Pour l’Azerbaïdjan, le conflit arméno-azerbaïdjanais est l’exemple typique du résultat des jeux géopolitiques joués autour du pétrole azerbaïdjanais. C’est la raison pour laquelle, deux questions principales de la politique extérieure de l’Azerbaïdjan, à savoir la diplomatie pétrolière et le conflit arméno-azerbaïdjanais sont étroitement liées. Ainsi, pour l’Azerbaïdjan, la stratégie pétrolière n’aurait aucune signification sans le règlement du conflit arméno-azerbaïdjanais, car les objectifs tels que la souveraineté de l’État, la prospérité du peuple, la sécurité régionale ne pourront pas être réalisés. L’Arménie est le seul pays non grata, notamment et catégoriquement exclu de toute coopération, que ce soit de nature pétrolière ou non. Et c’est pour cette raison que, même dans ses relations avec d’autres puissances internationales et régionales concernant la question pétrolière, l’Azerbaïdjan voit et analyse toutes les démarches sur les bases du conflit arméno- azerbaïdjanais. Les arguments historiques occupent une place importante dans la politique extérieure de l'Azerbaïdjan, pour expliquer les raisons de ce conflit, car il est vu comme le résultat d'un processus historique. Selon les thèses azerbaïdjanaises, la réclamation territoriale des Arméniens vise à établir « la grande Arménie », qui avait existé dans l'Antiquité et qui occupait l'espace situé entre la mer Caspienne et la mer Méditerranée, alors que les Azerbaïdjanais refusent l'existence de cet « empire ». Cependant, selon eux, les Arméniens n'ont jamais vécu au Caucase, mais en Asie mineure et ont été déportés par les Russes sur le territoire azerbaïdjanais en vue d’accomplir leurs politiques. Pour eux, tout ce processus commence à partir du début de XIXe siècle et a continué jusqu'à présent, selon le processus suivant : dans un premier temps, la déportation des Arméniens sur le territoire azerbaïdjanais, puis la création de l'État arménien, ensuite le transfère du territoire azerbaïdjanais en Arménie et enfin la création de la région autonome du Haut-Karabagh. Ainsi, fondé sur les bases historiques et alimenté par les jeux géopolitiques, le conflit arméno- azerbaïdjanais doit être résolu conformément aux principes du droit international public. Pour les Arméniens, le conflit ne concerne que le statut de la Région autonome du Haut Karabakh de la République de l'Azerbaïdjan et donc il s'agit d'un conflit armé non international, mais internationalisé par la reconnaissance de belligérance et l'intervention extérieure, alors que pour les Azerbaïdjanais, il s'agit au contraire d'un conflit armé inter-étatique au sens juridique du terme, puisque le Haut-Karabagh et d'autres régions de l'Azerbaïdjan (au total 20 %) sont occupées par la République d'Arménie, et que les troupes militaires arméniennes se trouvent sur le territoire de l'Azerbaïdjan. À leurs yeux, donc, il s'agit d'un acte d'agression dans le cadre du chapitre VII de la Charte de l'ONU. Puis, suivant les thèses arméniennes, dans ce conflit, l'accent doit être mis sur le principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes pour les Arméniens du Haut-Karabagh, alors que selon les thèses azerbaïdjanaises, les Arméniens du Haut-Karabagh, ne peuvent pas bénéficier de l'article 1 du Pacte International des Droits civils et politiques concernant une autodétermination externe, mais de l'article 27, qui signifie une autodétermination interne. Et en deuxième lieu, les dispositions de la Charte de l'ONU et les Conventions en vigueurs n'acceptent pas ce principe autorisant un mouvement sécessionniste contre l'intégrité territoriale et la souveraineté d'un État. Dans la thèse arménienne, le droit à la légitime défense individuelle et collective, en tant que droit naturel est un point de référence primordiale, alors que, d’après les Azerbaïdjanais, le droit à la légitime défense des Arméniens du Haut-Karabagh ne peut pas autoriser la République d’Arménie à annexer cette Région et à occuper sept autres régions administratives de l’Azerbaïdjan. Les Arméniens mettent en avant les Droits de l’Homme pour leurs minorités ethniques habitant cette région et quant aux Azerbaïdjanais, ils souhaiteraient savoir « les critères selon lesquels les droits civils et politiques de 120 000 Arméniens seraient beaucoup plus importants que les droits naturels tels que le droit à la vie et le droit de vivre en tant qu’être humain d’un million d’azerbaïdjanais » : de même qu'être en majorité ne permet pas de violer les droits des minorités, être en minorité non plus ne signifie pas refuser toute autorité publique. En effet, en sciences politiques, les termes de « libertés fondamentales », « les cultures et les identités » sont toujours en relation avec les principes « des devoirs des citoyens » et « du maintien de l’ordre public établi ». Et il ne faut pas oublier que c’est seul l’État qui dispose du monopole légitime de la contrainte organisée et que « les libertés des uns finissent là où commencent celles des autres ». Puisque les documents de l'ONU et de l'OSCE sont souvent cités en tant que textes de référence dans la politique extérieure de l'Azerbaïdjan, il serait important et intéressant d'examiner la portée de ces documents. Étant donné que le règlement de ce conflit a été confié à l'OSCE, en tant qu'organisation régionale à laquelle l'Azerbaïdjan attache une grande importance, il serait nécessaire d'examiner aussi le rôle de cette organisation dans ce conflit.

[modifier] États-Unis

Sans aucun doute, les États-Unis sont l’État le plus favorisé dans ce contrat, ce qui transforme la région à une « zone d’intérêt vital » pour les Américains. Parmi 21 grands contrats signés entre 1994 et 2001, ils ont obtenu leur part qui varie entre 25 et 80 % dans 15 contrats, avec la participation de leurs 11 compagnies pétrolières. Le pétrole de la mer Caspienne représentant la deuxième source d’énergie hors Moyen-Orient pour les Américains, son exploitation diminue la dépendance des États-Unis envers les pays arabes. C’est pourquoi la coopération azerbaïdjano-américaine est de plus en plus forte bien que l’amendement 907 de l’acte de soutien de la liberté passé par le Congrès américain sous la pression de la diaspora arménienne, interdisait toutes sortes d’aides gouvernementales envers l’Azerbaïdjan « à mesure que ce pays n’annule pas son blocus contre l’Arménie ». Face à une forte diaspora arménienne, l’Azerbaïdjan a été obligé de chercher le soutien auprès de la communauté juive aux États-Unis, suivant le chemin de la Turquie, son frère aîné, ce qui a conduit au rejet de ce pays (d’ailleurs comme la Turquie) par la communauté arabo-musulmane, ses « frères » de religion.

[modifier] Turquie

Quoi qu’il en soit, la Turquie est un pays indispensable pour l’Azerbaïdjan. Pays turcophone, république laïque, moderne et démocratique, allié principal des États-Unis et d’Israël dans la région, membre de l’OTAN et candidat à l’Union européenne, elle a été un exemple idéal pour l’Azerbaïdjan, un jeune État, dans sa politique pour accéder à la civilisation européenne et aux valeurs universelles que son peuple a toujours été prêt à partager. À part les valeurs communes, la Turquie était le pays politiquement le plus convenable pour le passage de l’oléoduc, même si économiquement elle était loin de l’être. Non seulement l’Azerbaïdjan avait besoin de la Turquie pour accéder à l’Europe dans tous les sens du terme, mais aussi elle représentait pour l’Europe et pour les États-Unis un passage vers les richesses économiques et culturelles du Caucase et de l’Asie centrale, ce qui a attribué à ce pays une importance géopolitique.

[modifier] Israël

Israël est un pays qui joue un très grand rôle dans la région de la Caspienne même si ce rôle n’est par senti à priori. Les efforts de Israël en vue de développer ses relations avec les pays de la région Caspienne, issus de l’ex-URSS, signifient l’importance accordée à cette région. L’un de ses buts était de créer une barrière contre l’expansion de l’influence arabe et iranienne et donc prévenir les menaces du fondamentalisme islamiste que les pays en question envisageaient d’exporter dans ces nouvelles républiques qui étaient en quête d’une identité suite à un « vacuum identitaire » créé avec la chute de l’idéologie communiste. Israël ayant reconnu l’Azerbaïdjan à la fin de l’année 1992 y a ouvert son Ambassade en février 1993, et a commencé à jouer un rôle actif dans les affaires politiques, économiques et militaires de l’Azerbaïdjan aboutissant même à prendre une position pro-azerbaïdjanaise dans le conflit arméno-azerbaïdjanais. Parallèlement, les officiels azerbaïdjanais accordent une importance spéciale à Israël qui est toujours perçu en Azerbaïdjan comme un partenaire stratégique potentiel. En effet, Israël donne une bonne image pour les États de la Caspienne : un petit pays, mais politiquement et économiquement puissant, démocratique et laïque. Ces États sont persuadés qu’Israël, avec sa compétence technologique et tradition démocratique, peut faciliter leurs intégrations dans le système mondial moderne. De plus, Israël est perçu dans certains pays, comme en Azerbaïdjan, comme une route à la Communauté Occidentale en général et aux États-Unis en particulier. D’autre part, la diaspora juive et le lobby juif aux États-Unis sont considérés comme partenaires privilégiés de l’Azerbaïdjan. Israël qui se trouve dans une situation de dépendance énergétique totale, est actuellement le deuxième grand importateur du pétrole azéri, suivant les statistiques officielles. La coopération entre la Turquie et Israël dans cette région n’est pas par hasard. Israël est très intéressé et soutient la Turquie dans ses efforts de propagation de son modèle de démocratie parlementaire,de libre économie du marché et de laïcité dans une société musulmane (donc compatible avec le style de gouvernement occidental).

[modifier] Iran

D’une part l’Iran, la civilisation ancienne de la région, l’un des pays limitrophes de la mer Caspienne voulait avoir sa part sur le gâteau, ce qui l’a conduit à jouer de ses atouts. État islamique, il a voulu imposer sa culture politique à l’Azerbaïdjan et aux pays de l’Asie centrale. Pourtant, les peuples de ces pays, qui ont vécu pendant 70 ans sous le régime communiste et éduqués conformément aux principes de l’athéisme scientifique, étaient très loin de se laisser influencer par la religion. Ce qui a été un réel obstacle à ce pays pour accéder à l’Azerbaïdjan. D’autre part, déclaré par les États-Unis comme un État non grata dans le consortium, il a été totalement isolé et écarté, à l’exception d’un seul contrat signé en 1996 où sa participation est égale à 10 %. Déçu de la politique « trop pro-occidentale » de l’Azerbaïdjan, il a toujours refusé de connaître la légitimité du contrat du siècle.

[modifier] Configuration du rapport de forces

Ces arguments nous montrent très bien la configuration des puissances autour de la richesse de la mer Caspienne. À côté des petits États tels que l’Azerbaïdjan, le Turkménistan et le Kazakhstan, les grandes Puissances internationales et régionales telles que les États-Unis, l’Union européenne, la Russie, la Turquie et l’Iran jouent leurs atouts. Cette région qui était « ancienne zone d’influence » de la Russie et de l’Iran se transforme à une « nouvelle zone d’influence » des États-Unis, d’Israël et de la Turquie. Parallèlement cette configuration conduit aussi à un regroupement et une bipolarisation : pendant que « l’ancienne zone d’influence » jette le fondement d’une « nouvelle alliance » entre la Russie et l’Iran (qui étaient toujours hostiles entre eux) contre la présence des « étrangères » dans leurs sphères, la « nouvelle zone d’influence » est gérée par « l’ancienne alliance » telle que les États-Unis, Israël et la Turquie. Comme le problème de partage de richesse, son transport vers le marché mondial aussi pose un problème délicat, car l’Azerbaïdjan et les autres nouveaux États riverains de la mer Caspienne sont géographiquement enclavés. Ici théoriquement plusieurs itinéraires sont envisageables : vers le Nord, vers l’Est, vers le sud et vers l’ouest. Tandis que pour les hydrocarbures de l’Asie centrale la route de l’Est reste toujours valable, pour le pétrole et le gaz naturel azerbaïdjanais, elle est tenue hors des discussions. La route la plus courte et la plus économique était l’Iran, pourtant les États-Unis ont déjà mis leurs « veto » et cette route aussi est pour le moment hors de propos. Alors la deuxième route économiquement avantageuse est l’Arménie et la Turquie. L’Azerbaïdjan étant en guerre contre cet État, la réalisation de ce projet reste une problématique : « il faut d’abord rétablir la paix et on discutera après ». Troisième projet, c’est la Géorgie et la Russie débouchant sur Soupsa et Novorossiisk. Pourtant, après, il faudra traverser le détroit Bosphore par les bateaux, ce qui augmente le risque d’accidents. De surcroît, en Géorgie et au Sud de la Russie les conflits existent toujours, ce qui met en question la sécurité de l’oléoduc. Quatrième possibilité c’est la Géorgie et la Turquie, débouchant à Ceyhan. Ici encore les conflits : en Géorgie et au sud-est de la Turquie. Pourtant, pour le moment les deux oléoducs, à savoir Bakou-Novorossisk (depuis novembre 1997) et Bakou- Soupsa (depuis janvier 1999) ont déjà commencé à transporter les pétroles primaires. Quant à Bakou- Tbilissi- Ceyhan (connu sous le sigle BTC), la déclaration d’Ankara du 29 octobre 1998 et celle d’Istanbul de 18 novembre 1999, ainsi que la décision du président azerbaïdjanais du 22 mai 2000 reconnaissent officiellement cette direction comme « route d’exportation principale » et actuellement le projet est pratiquement réussi terminé. Même si cet oléoduc n’est pas économiquement le plus avantageux, politiquement et stratégiquement son importance pour l’Azerbaïdjan et pour l’Occident est indiscutable.

[modifier] Villes

Vue sur la mer Caspienne à Bakou
Vue sur la mer Caspienne à Bakou

Les principales villes au bord de la mer Caspienne :

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie de base

[modifier] Référence