Nova Roma (religion)

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Image:Nova Roma Flag.jpg
Drapeau de Nova Roma

Nova Roma est un groupe religieux néo-païen et reconstructionniste créé en 1998 (ou MMDCCLVI ab urbi condita selon l'usage du calendrier romain) dans l'État du Maine aux États-Unis par Joe Bloch et William Bradford. Il est déclaré comme une association à but non-lucratif[1]. Ses buts déclarés sont religieux et éducatifs. Nova Roma « se voue à la restauration des vertus, de la culture et de la religion romaines ».

Parce que sa structure est basée de manière lâche sur celle de la République romaine, avec un Sénat, des Magistrats et des lois votées par des Comices, et parce que Nova Roma elle-même affirme explicitement que le groupe s'identifie comme une « nation souveraine »[2], beaucoup d'observateurs extérieurs la classe parmi les micronations. Cependant, quelques membres de Nova Roma assurent que cet aspect de l'organisation est moins important que ses buts éducatifs et religieux.

Bien que Nova Roma soit périodiquement agitée par la rêve d'acheter une parcelle de terre qui serait la base de sa souveraineté et que des fonds soient collectés à cet effet, la structuration étatique doit se comprendre d'abord en relation avec les buts religieux.

En effet, la Religio romana est une religion d'État. Ses collèges sacerdotaux et ses prêtres sont des magistrats élus. Les sacrifices et cérémonies ont pour but de procurer la Pax Deorum à l'État. Il ne s'agit en rien d'une affaire, d'une option, individuelle. La restauration de la Religio exigeait donc la restauration d'un état qui en fût le support et le bénéficiaire.

Nova Roma organise des rencontres auxquelles les membres participent, souvent en costumes d'époque, pour échanger sur la culture antique aussi bien que pour discuter les affaires internes, pour parler latin, pour visiter des sites historiques (si ces rencontres ont lieu sur le territoire de l'ancien empire romain), pour déguster des banquets préparés selon des recettes de l'époque.

Les membres prennent des noms romains. Ces noms sont utilisés lors des rencontres , pour diriger les affaires de l'association, ou pour participer aux divers forums sur internet. Les fondateurs par exemple sont connus sous leurs noms romains de Flavius Vedius Germanicus et Marcus Cassius Julianus. Les censeurs aident les nouveaux venus à se choisir un nom latin.

En juillet 2006, Nova Roma comptait approximativement 1000 membres actifs.

Sommaire

[modifier] Structure administrative

Les dirigeants de Nova Roma ont repris la structure du gouvernement républicain romain et emploie les mêmes titres qu'elle. Ce sont les Magistrats élus pour un ou deux ans et le Sénat qui est en place pour une durée indéfinie.

Le Sénat est légalement le Comité directeur de l'association. Les sénateurs sont choisis par les Censeurs et ils peuvent demeurer en fonction jusqu'à ce qu'ils démissionnent volontairement. Le Sénat détermine les grandes orientations de l'association, mais la gestion des affaires quotidiennes est entre les mains de magistrats.

Les magistrats sont élus pour un an, sauf les Censeurs qui le sont pour deux. ils sont élus par trois différentes sortes de Comices, parmi lesquels sont répartis les membres. Tous les citoyens adultes peuvent voter (même les femmes qui peuvent donc être consuls, sénatrices, prêtresses...). Le décompte des voix se fait selon une méthode complexe, ressemblant à celle utilisée par la République romaine, quand les citoyens étaient répartis en centuries et tribus.

Les Magistrats portent les titres suivant:

  • Deux Consuls qui établissent l'agenda du sénat, fixent les élections, gouvernent par édits et accomplissent d'autres tâches exécutives ;
  • Deux Préteurs, modérateurs des listes de discussion et auxiliaires des consuls ;
  • Deux Censeurs qui décident de l'admission des nouveaux membres et choisissent les sénateurs ;
  • Quatre Édiles qui gèrent les manifestations publiques ;
  • Huit Questeurs qui contrôlent le trésor et le budget ;
  • Cinq Tribuns de la Plèbe qui ont un pouvoir de veto sur les décisions qui lèse les droits des citoyens ;

Vigintisexviri, un groupe de magistrats spécialisés qui fait la maintenance du site internet, rédige les lettres d'information et veille à la bonne tenue des élections.

Comme Nova Roma est une organisation répandue dans le monde entier, des provinces ont été établies pour favoriser les contacts locaux. Chaque province est gouvernée par un propréteur ou un proconsul désigné par le sénat. Dans beaucoup de provinces, des rencontres annuelles sont organisées.

Les rencontres régulières sont les Journées romaines dans le Maryland et le Conventus Novae Romae in Europa qui, pour l'année 2006, a eu lieu en août près du Mur d'Hadrien dans le Nord de l'Angleterre. Le prochain est prévu en Dacie (Roumanie).

[modifier] Langues

Nova Roma reconnait deux langues officielles, l'anglais et le latin. L'usage du latin est en phase avec un renouveau général de l'étude de cette langue et naturellement avec l'héritage historique dont Nova Roma se réclame. le provinces, dont les habitants ne sont pas de langue anglaise, utilisent généralement les langues locales pour communiquer en interne. le latin utilisé par Nova Roma pourrait être considéré d'un point de vue technique comme une forme de néo-latin, mais du fait de la présence d'un pourcentage élevé de classisistes, il en a résulté une tendance à se tourner vers la forme classique de la langue.

[modifier] Listes de discussion et Sodalitas

La « vie » de Nova Roma se déroule pour la plus grande part sur les listes de discussion internet. Les citoyens ont a possibilité d'y aborder une grande variété de sujets en relation avec l'ancienne Rome. La liste de discussion la plus fréquentée est la "Main List" (liste générale), ouverte à des sujets d'intérêt général et aux annonces officielles. Les non-citoyens peuvent participer aux débats.

Il y a aussi les sodalitates[3] qui sont des groupes centrés sur des sujets particuliers. Par exemple, Sodalitas Latinitatis est consacrée à l'étude du latin.Sodalitas Militarum est relative aux sujets militaires. Sodalitas Coquorum et Cerevisiae Coctorum est ouverte à ceux qui s'intéressent aux anciennes techniques culinaires, aux recettes et aux boissons romaines.

[modifier] Religio romana

Nova Roma a adopté la Religio romana comme religion d'État, mais garantit à ses citoyens la liberté de culte et de pensée. Néanmoins quiconque détient une magistrature ou devient sénateur doit jurer allégeance à la Religio, ou au moins de la respecter s'il n'est pas un païen lui-même (ce qui semble incompatible avec la profession active du monothéisme abrahamique sous toute ses formes, et en particulier du christianisme, puisque les chrétiens n'ont eu de cesse de la détruire une fois au pouvoir à Rome). Le désir de restaurer effectivement la Religio Romana reflète une tendance bien reprérée aux États-Unis par les études menées par le Graduate Center de la City University of New York. [1]

[modifier] Projet Magna Mater

En 2002, Nova Roma s'est attelée à aider financièrement, et à faciliter les fouilles archéologiques et les travaux entrepris pour préserver le Temple de la Déesse romaine Magna Mater, connue aussi sous le nom de Cybele qui se trouve sur le Palatin à Rome[4]. Cet effort conjoint de Nova Roma et de l'Université de Rome fait partie d'un plus vaste projet présenté à l'UNESCO pour préserver entièrement la zone sud-ouest du Palatin en raison de son importance religieuse dans l'Antiquité[5],[6]. En novembre 2007, Nova Roma et ses citoyens sont les plus gros contributeurs à la restauration du temple[7]. Néanmoins, on doit noter qu'acteullement aucun culte effectif n'est célébré sur le site parce que les travaux à réaliser dans le temple et tout autour sont encore beaucoup trop importants[4].

[modifier] Liens avec les groupes proches

Nova Roma entretient des liens fraternels avec le M.T.R. (Movimento Tradizionale Romano qui se réclame de l'héritage de Julius Evola)[8], mouvement italien de restauration de la Religio. Mais certains différents se font jours, les Italiens estimant que tout restauration ne peut se faire qu'à partir du sol romain lui-même et uniquement de là. Le M.T.R. adopte ainsi une position ethno-centrée un peu semblable à celle d'YSEE pour le paganisme hellénique par rapports aux Hellénistes non-grecs de souche.

Aux États-unis, Nova Roma est en rivalité avec le Temple de la Religion Romaine[9], autre groupe reconstructioniste qui reproche à Nova Roma d'admettre des personnes qui ne pratiquent pas la religion, de n'être pas suffisamment centré sur sa restauration, et d'être un peu trop un groupe qui se consacre d'abord à des jeux de rôle à grande échelle.

[modifier] Point de vue critique sur Nova Roma

Cette dernière accusation est la plus fréquente parmi les détracteurs de Nova Roma qui voient en lui un groupe où les luttes « politiques » pour un pouvoir factice prédominent, avec la quête de titres pompeux et illusoires par des personnes frustrées dans le monde réel de ne pas avoir l'importance qu'ils mériteraient à leur propres yeux. Cela rejoint les critiques faites par Chr. Bouchet, dans Son livre B.A. BA du Néo-Paganisme, Pardès, 2001, à l'encontre des mouvements reconstructionistes et néo-païens en général.

Suite à une élection interne dont la régularité était contestée, une sorte de « guerre civile » informatique s'est produite, conduisant plusieurs groupes à revendiquer la légitimité du régime, à l'image de celles de la fin de la vraie république romaine[10].

De fait, les personnes qui pratiquent sérieusement et par convicion la Religio à l'intérieur de Nova Roma sont aujourd'hui en minorité. À bien des égards, Nova Roma apparaît de plus en plus comme un groupe destiné à discuter et à faire revivre les anciennes pratiques romaines (culture, vie militaire, cuisine, et même... religion) mais seulement dans un esprit d'esthétisme, voire de jeu.

[modifier] Notes et références

  1. Déclaration auprès de l'État du Maine
  2. Ainsi que revendiqué sur la page principale de leur site sur internet
  3. Sodalitas
  4. ab Magna Mater Project, Nova Roma. Consulté le 2007-11-28
  5. Scavi e ricerche nell'area sud-occidentale del Palatino a Roma (Excavations and research in the southwest of the Palatine in Rome), Dipartimento di Scienze Storiche, Archeologiche e Antropologiche dell'Antichità -- Università degli Studi di Roma "La Sapienza" (Department of Science historical, archaeological and anthropological antiquity of the University of Rome). Consulté le 2007-11-28
  6. Giavarini C., et al., « South-West substructions of the Palatine hill in Rome », dans UNESCO [texte intégral]
  7. Magna Mater Project Investors, Magna Mater Project. Consulté le 2007-11-27
  8. Voir le (it) Portail SATVRNIA TELLVS
  9. Temple of Religio Romana
  10. (en) Guerre civile de MMDCCLII