Nicolas Werth

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Nicolas Werth, né en 1950, est un historien français spécialiste de l’histoire de l’Union soviétique. Il est chercheur à l’Institut d'histoire du temps présent, affilié au CNRS.

Sommaire

[modifier] Parcours

Le père de Nicolas Werth est le journaliste anglais Alexander Werth, qui a passé en URSS les années de guerre[1]. Ancien élève de l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud, agrégé d'histoire, Nicolas Werth a enseigné dans le secondaire et à l’étranger (Minsk, New York, Moscou, Shanghaï). Il a occupé les fonctions d’attaché culturel auprès de l’ambassade de France à Moscou durant la perestroïka (1985-1989).

Entré au CNRS en 1989, Nicolas Werth s’est consacré depuis son premier livre (Être communiste en URSS sous Staline, Gallimard, 1981) à l'histoire soviétique. C'est particulièrement l'histoire sociale des années 1920-1930 qui l'intéresse, notamment les rapports entre le pouvoir et la société (violence étatique, résistances sociales...).

[modifier] Travaux

Nourrissant sa réflexion et ses travaux, non seulement des acquis de la soviétologie occidentale, mais aussi des travaux de ses collègues russes (le russe étant sa langue maternelle), il place ses recherches dans la perspective d'un dépassement du clivage entre « école du totalitarisme » et « école révisionniste », le considérant comme obsolète après l'effondrement de l'URSS et l'ouverture au moins partielle des archives. Pourtant, par son attachement à l'histoire sociale, « longtemps restée la parente pauvre d'une soviétologie axée exclusivement sur le politique »[2], il se place plutôt dans la perspective des travaux des historiens « révisionnistes ». Il explique d'ailleurs, à l'opposé de certains soviétologues qui pensaient que le contrôle totalitaire de la société soviétique avait été effectif, que les rapports de la police politique « dévoilent souvent la distorsion existant entre une réalité voulue et la réalité des faits »[3].

Auteur de la partie du Livre noir du communisme consacrée à ce pays, il s’est publiquement démarqué de l’idée contenue dans la préface de Stéphane Courtois selon laquelle le communisme serait par essence criminogène. Il a également dénoncé, concernant cet ouvrage, « une dérive de l'histoire exclusivement policière »[4].

Nicolas Werth participe, depuis 1997, au séminaire « Histoire soviétique : sources et méthodes », placé sous la direction de Wladimir Berelowitch, du Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC) de l'EHESS. Il est par ailleurs membre des comités de rédaction de Vingtième Siècle. Revue d'histoire et des Cahiers du monde russe.

[modifier] Ouvrages

  • Être communiste en URSS sous Staline, Gallimard, Paris, 1981.
  • La Vie quotidienne des paysans russes de la Révolution à la collectivisation (1917-1939), Hachette, Paris, 1984, 410 p.
  • avec Gaël Moullec, Rapports secrets soviétiques. La société russe dans les rapports confidentiels, 1921-1991, Gallimard, Paris, 1995.
  • Histoire de l’Union soviétique de Lénine à Staline, PUF, coll. « Que sais-je ? », Paris, 1995.
  • Histoire de l’Union soviétique de Khrouchtchev à Gorbatchev, PUF, coll. « Que sais-je ? », Paris, 1998.
  • La Russie en Révolution, Gallimard, coll. « Découvertes », Paris, 1998.
  • « Un État contre son peuple. Violences, répressions, terreurs en URSS de 1917 à 1953 », in Stéphane Courtois (dir.), Le Livre noir du communisme, Robert Laffont, Paris, 1998, p. 45-313.
  • Histoire de l'Union Soviétique. De l'Empire russe à la CEI, 1900-1991, PUF, Paris, nouvelle édition refondue et complétée, 2001.
  • Les Procès de Moscou (1936-1938), Éditions Complexe, nouvelle édition revue et augmentée, 2006.
  • L'île aux cannibales : 1933, une déportation-abandon en Sibérie, Perrin, Paris, 2006, 210 p.
  • La Terreur et le désarroi. Staline et son système, Perrin, Paris, 2007.

[modifier] Ouvrages collectifs

[modifier] Notes

  1. Il en a tiré l'ouvrage La Russie en guerre, Paris, Stock, 1964, 2 vol.
  2. N. Werth, « Une source inédite : les svodki de la Tchéka - OGPU » Revue des études slaves, vol. 66, n° 1, 1994, p. 26.
  3. Ibid., p. 25.
  4. Dans un entretien accordé au journal Le Monde, paru le 21 septembre 2000, p. 32.

[modifier] Voir aussi

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