Nationalisme au Bas-Canada

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'émergence du nationalisme bas-canadien coïncide avec l'apparition des premiers état-nations de l'Époque moderne.

Entre 1783 et les années 1830, le monde voit naître plusieurs nouveaux états dit nationaux, dont la République fédérale des États-Unis d'Amérique, la République française, Haïti, le Paraguay, le Chili, le Mexique, le Brésil, le Pérou, la Colombie, la Belgique et la Grèce. Gagnées par la force des armes, ces indépendances nationales découlent de luttes politiques et idéologiques complexes opposant les métropoles européennes à leurs colonies, les monarchistes aux républicains. Si ces batailles ont réussi à créer des républiques indépendantes dans certaines régions du monde, elles ont échoué ailleurs, comme en Irlande, en Écosse, en Allemagne, dans le Haut-Canada et le Bas-Canada.

Il n'y a pas de consensus nous permettant d'établir le moment exacte de la naissance d'une conscience nationale au Bas-Canada. Plusieurs historiens défendent la thèse de son apparition avant le 19ième siècle, faisant valoir qu'une identité culturelle distincte existait déjà chez les Canadiens à l'époque de la Nouvelle-France. Les tensions culturelles sont en effet palpables entre le gouverneur de la Nouvelle-France, le Canadien Pierre de Vaudreuil et le général Louis-Joseph de Montcalm, un Français, durant la guerre de la Conquête. Cependant, l'utilisation de l'expression « La nation canadienne » par la classe politique du Bas-canada n'est attestée qu'au début des années 1800. Durant cette décennie, l'idée d'une nation canadienne commence à être soutenue par la classe libérale ou professionnelle, composée d'avocats, de notaires, de libraires, de médecins, de journalistes etc. opposés au gouvernement colonial britannique non-élu.

Un mouvement politique pour l'indépendance politique du peuple bas-canadien pris forme suite à l'entrée en vigueur de l'Acte constitutionnel, voté par le Parlement britannique en 1791. La loi anglaise vint séparer la Province de Québec en deux provinces distinctes, à l'ouest le Haut-Canada et à l'est le Bas-Canada. Chacune des deux colonies se voit attribuer un parlement colonial, constitué d'une assemblée législative élue et de conseils législatifs et exécutifs nommés par le gouverneur, représentant la couronne britannique dans la colonie. La population bas-canadienne, majoritairement francophone et catholique, se retrouve vite en position avantageuse dans l'Assemblée législative, mais est peu ou pas du tout représenté dans les conseils législatifs et exécutifs. Les membres des conseils seront majoritairement issus de la classe dirigeante, composée de riches marchands, de juges, et de militaires britanniques qui se constitueront en parti politique minoritaire dans la chambre élective.

De 1800 à 1837, l'Assemblée législative entrera en conflit avec l'establishment colonial sur pratiquement toute les questions d'intérêt collectif. Le Parti canadien, parti majoritaire, se donne une politique visant à réformer les institutions politiques du Bas-Canada. La politique constitutionnel du parti, résumée dans les 92 résolutions de 1834, réclame l'électivité des conseils législatifs et exécutifs ainsi que le redressement des nombreux griefs passés.

Le mouvement réformiste obtient l'appui de la majorité des représentants francophones, mais également celui de plusieurs libéraux anglophones. Un nombre important de leaders réformistes et patriotes étaient d'origine britannique, dont John Neilson, Wolfred Nelson, Robert Nelson, Edmund Bailey O'Callaghan, Daniel Tracey, Thomas Storrow Brown.

Deux courants existaient au sein des réformistes du Parti canadien. Le premier courant, jugé modéré, était composé de citoyens admirant les institutions britanniques et souhaitant que le Bas-Canada ait un gouvernement plus responsable envers les représentants du peuple. Le second courant, jugé plus radical, était composé de citoyens pour qui l'attachement aux institutions britanniques était plutôt conditionnel et ceux-ci admiraient secrètement ou ouvertement les institutions républicaines des États-Unis et de la France.

[modifier] Voir aussi