Nagarakertagama

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Le Nagarakertagama, encore écrit Nagarakretagama ou Nagarakrtagama, est un éloge du roi Hayam Wuruk de Majapahit écrit sous la forme d'un poème épique par le poète de cour Mpu Prapanca en 1365 (ou 1287 de l'ère Saka)[1].

Le poème donne des descriptions détaillées d'une période qu'on considère comme l'âge d'or du royaume. Il proclame l'importance de la religion à Majapahit en mentionnant la construction de temples et de palais dans le royaume et la tenue de cérémonies. Une des traditions décrites est celle où la famille royale fait le tour du royaume pour rendre hommage aux ancêtres du roi.

Prapanca narre ainsi un rituel au temple de Singasari, dans lequel Hayam Wuruk observe la cérémonie du puspa en l'honneur de son arrière-grand-père Kertanegara, dernier roi de Singasari. Après cette cérémonie, le roi se rend à Kagenengan pour rendre hommage au fondateur de Singasari, Rajasa.[2]

Le Nagarakertagama décrit Kertanegara comme un fervent bouddhiste[3]. Après sa mort, il est déifié sous trois formes : en tirthankar ("faiseur de gué", sous-entendu à travers le fleuve de l'humaine misère), en Ardhanarisvara (c'est à dire "le seigneur Ardhanari", la forme androgyne du dieu Shiva) et en "Shiva-Bouddha", "l'honoré et illustre protecteur des montagnes, protecteur des sans protection. Il est sûrement souverain au dessus des souverains du monde"[4]. Cette figure de Shiva-Bouddha est propre à Java, où les deux religions, hindouisme et bouddhisme, étaient mêlées.

Le Nagarakertagama décrit également la mort de Gajah Mada, le bras droit de Hayam Wuruk.

  1. Myron Malkiel-Jirmounsky, « The Study of The Artistic Antiquities of Dutch India », dans Harvard Journal of Asiatic Studies, 1939, 4, p. 59–68 [texte intégral]
  2. Nancy Dowling, « Javanization of Indian Art », dans Indonesia, 1992, 54, p. 117–138 [texte intégral]
  3. Pigeaud (1960), p. 49.
  4. Pigeaud (1960), p. 3.