Négritude

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« La négritude est le propre du nègre, comme c'est le propre du zèbre de porter des zébrures  »

— Thomas Melone

La négritude est un courant littéraire, créé après la Seconde Guerre mondiale, rassemblant des écrivains noirs francophones, dont Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Léon Gontran Damas et Guy Tirolien.

Sommaire

[modifier] Origine

Le terme est forgé en 1935 par Aimé Césaire dans le numéro 3 de la revue des étudiants martiniquais L'Étudiant noir. Il revendique l'identité noire et sa culture, d'abord face à une francité perçue comme oppressante et instrument de l'administration coloniale française (Discours sur le colonialisme, Cahier d'un retour au pays natal). Césaire l'emploiera de nouveau en 1939 lors de la première publication du Cahier d'un retour au pays natal. Le concept est ensuite repris par Léopold Sédar Senghor dans ses Chants d'ombre, qui l'approfondit, opposant « la raison hellène » à l'« émotion noire » :

« Nuit qui me délivre des raisons des salons des sophismes,
des pirouettes des prétextes, des haines calculées des carnages humanisés
Nuit qui fonds toutes mes contradictions, toutes contradictions dans l'unité première de ta négritude »

[modifier] Signification

La naissance de ce concept, et celle d'une revue, Présence africaine, qui paraît en 1947 simultanément à Dakar et à Paris, va faire l'effet d'une déflagration. Elle rassemble des Noirs de tous les horizons du monde, ainsi que des intellectuels français, notamment Sartre. Celui-ci définit alors la négritude comme : « la négation de la négation de l'homme noir ».

D'après Senghor, la négritude est « l'ensemble des valeurs culturelles de l'Afrique noire ». La définition de la négritude de Léopold Sédar Senghor est: " La négritude est un fait, une culture. C'est l'ensemble des valeurs économiques, politiques, intellectuelles, morales, artistiques et sociales des peuples d'Afrique et des minorités noires d'Amérique, d'Asie et d'Océanie." Pour Césaire, « ce mot désigne en premier lieu le rejet. Le rejet de l'assimilation culturelle ; le rejet d'une certaine image du Noir paisible, incapable de construire une civilisation. Le culturel prime sur le politique. »

[modifier] Critiques

Par la suite, des écrivains noirs ou créoles ont critiqué ce concept, jugé trop réducteur : « Le tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie et la dévore » (Wole Soyinka). Césaire lui-même s'en est écarté, jugeant le terme presque raciste même si cela n'a jamais été vérifié. Stanislas Spero Adotevi fait une analyse sévère dans son essai Négritude et négrologues : « Souvenir dans la connivence nocturne, la négritude est l'offrande lyrique du poète à sa propre obscurité désespérément au passé. »

René Maran, auteur de Batouala, est généralement considéré comme un précurseur de la négritude.

[modifier] Voir aussi

'== Bibliographie == Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal 1939 in Revue Volontés réédité en 1956 Présence Africaine

* Adotevi, Stanislas Speros, Négritude et négrologues. Paris: Editions Le Castor Astral, 1972 réédité en 1998
  • Damas, Léon-Gontran, Poètes d'expression française. Paris: Editions du Seuil, 1947
  • Kane, Mouhamadou, Birago Diop, l'homme et l'oeuvre. Paris: Présence Africaine, 1971
  • Selim Lander, "Crépuscule de la négritude", Mondesfrancophones.com
  • Senghor, Léopold Sédar, Liberté 1: Négritude et humanisme. Paris: Editions du Seuil, 1964
  • Senghor, Léopold Sédar, Ce que je crois. Paris: Grasset, 1988
  • Tadjo, Véronique, Latérite/Red Earth. Spokane, WA: Eastern Washington University Press, 2006
  • Thompson, Peter, Négritude et nouveaux mondes -- poésie noire: africaine, antillaise, et malgache. Concord, MA: Wayside Publishing, 1994
  • Steins M., Les antécédents et la genèse de la négritude senghorienne, Paris, Université de Paris III, 1981, 3 t., 1346 p. + 9 p. (Thèse d’Etat)
  • Markovitz I. L., — 1969 — Leopold Sedar Senghor and the Politics of Negritude, New York, Atheneum, 1969, VIII-300 p. (Thèse)