Race noire

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La race noire (ou "peuple noir") est un terme désignant l'ensemble des groupes ethniques composés d'individus mélanodermes[1], le plus souvent originaires d'Afrique subsaharienne, d'Asie du Sud et d'Océanie[2]. L'usage de cette terminologie et la classification des peuples humains en fonction de critères apparents (théorie racialiste) sont courants au XIXe siècle.

Sommaire

[modifier] Usages contemporains

La pertinence de la classification de l'humanité en races est aujourd'hui fortement contestée, notamment du fait du séquençage du génome humain : Craig Venter affirme qu'en dépit des différences morphologiques, il est impossible de découper l'humanité en plusieurs races, au sens scientifique du mot. Le terme de race demeure cependant d'un emploi courant pour désigner les ethnies. Dans cette logique, certains pays comme les États-Unis d'Amérique utilisent le terme dans un but de classification statistique. Mais les États-Unis ont fini par lui substituer officiellement le terme d'Afro-américain (African-American) principalement à la suite du mouvement afro-américain des droits civiques. L'usage du terme black, y compris par les Noirs américains eux-mêmes, demeure néanmoins très courant. Le terme noir est très couramment utilisé dans la langue française par les intéressés, y compris dans le choix d'appellations communautaires (voir Conseil représentatif des associations noires de France).

[modifier] Vision scientifique

Au début du vingtième siècle beaucoup de scientifiques ont estimé que les races biologiquement distinctes existaient. Les races correspondaient principalement aux régions continentales de l'Afrique, de l'Europe, de l'Asie et des Amériques. Ces races étaient basés sur des traits évidents tels que la couleur de peau et la texture de cheveux. Des personnes noires ont été en grande partie définies par leur peau foncée et cheveux parfois crépus. La croyance était à ce moment-là que non seulement les races différenciant l'aspect mais aussi le comportement, l'intellect et les origines. Certains scientifiques ont cru que les différentes races avaient vécu séparément au cours des millions d'années et que les différences raciales étaient ainsi extrêmement significatives.

Aujourd'hui les scientifiques ont abandonné ces vues et voient la race comme une construction sociale sans base biologique. Les percées dans la génétique et le décryptage du génome humain vers la fin du vingtième siècle ont aidé à dissiper plusieurs des mythes précédents au sujet de la race. Quatre-vingt-dix-neuf virgule neuf pour cent de l'ADN (99,9 %) de n'importe quelle personne est exactement identique celle de n'importe quelle autre personne indépendamment de l'appartenance ethnique. Les jumeaux monozygotes (vrais jumeaux) sont une exception car leur ADN est égal à 100 %. Pour les 0,1 % de variation restante, il y a une variation de 8 % entre les groupes ethniques d'une même « race »[réf. nécessaire], comme entre le Français et le Néerlandais. Mais c'est seulement 7 % de toute la variation génétique humaine qui se situe entre les races humaines principales correspondant à l'Afrique, l'Asie, l'Europe, et l'Océanie. 85% de toute la variation génétique existe au sein de n'importe quel groupe local[réf. nécessaire]. Ainsi il y a une variation plus importante au sein d'un groupe local qu'entre les différentes « races »[réf. nécessaire].

Puisque les différences génétiques entre deux individus quelconques pris au hasard sont quasiment nulles, la couleur et l'aspect de peau sont des manières arbitraires de classifier la race. Il existe un accord général parmi les biologistes pour dire que les différences ethniques humaines sont trop petites pour qualifier la race noire en tant que sous-espèce séparée. Cependant, il reste beaucoup de polémiques concernant l'interprétation de ces petites différences.

[modifier] Évolution sémantique

Robinet public destiné aux « hommes de couleur » (colored men), les Blancs utilisent le leur (white men), dans l'État anciennement ségrégationiste d'Oklahoma.
Robinet public destiné aux « hommes de couleur » (colored men), les Blancs utilisent le leur (white men), dans l'État anciennement ségrégationiste d'Oklahoma.

Le terme « nègre » (au féminin « négresse ») couramment employé en France du XVIe siècle au XXe siècle désignait un individu de race noire (fondé sur le mot espagnol negro signifiant « noir »). Il est aujourd'hui considéré dans la langue française comme très péjoratif, voire insultant.

Au XXe siècle, le poète et homme politique sénégalais francophone, Léopold Sédar Senghor, s'est efforcé de retirer le caractère péjoratif de nègre pour lui donner une connotation positive en créant un néologisme, la négritude qui caractérise ce qui a trait à l'homme noir. D'ailleurs, aux États-Unis d'Amérique, les Noirs américains ont parfois tendance à s'appeler nigger (« nègre ») entre eux et à en revendiquer l'expression, par exemple le groupe Gangsta rap : Niggaz With Attitude. En France, une tendance comparable s'accentue. ainsi il n'est pas rare que des jeunes utilisent les termes negro ou renoi (tiré du verlan) dans un but revendicatif. ceci peut également s'expliquer par le fait qu'en France, les groupes de jeunes sont souvent cosmopolites à l'inverse de ceux des Etats Unis. Dans le cas présent, ces expressions sont utilisées dans un but distinctif, et pas seulement par les jeunes Noirs. « Noir » (au féminin Noire) est une métonymie hyperbolique désignant de façon non péjorative l'individu de race noire, au même titre que roux, blond, brun ou chauve désigne un individu par la couleur de sa chevelure. Par égard, Noir s'écrit toujours avec une majuscule, comme par ailleurs le terme Blanc (Blanche) désignant un individu de race blanche.

« Black » est un anglicisme asexué (on dit « une Black »), introduit dans le langage français dans les années 1990.

Panneau « pour personnes blanches seulement » excluant les Noirs, employé en Afrique du Sud durant l'Apartheid
Panneau « pour personnes blanches seulement » excluant les Noirs, employé en Afrique du Sud durant l'Apartheid

À la même période est apparu, en France, la locution « minorité visible » importée de la législation canadienne, qui n'est qu'une variation sémantique d'« homme de couleur ». Sous couvert d'une fausse neutralité, elle désigne en réalité les individus non-Blancs, implicitement les Noirs qui sont apparus de manière soudaine et médiatique sur le paysage audiovisuel français au poste de présentateurs (TF1, France 3, BFM TV, I-Télé, etc.).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Lien externe

[modifier] Notes et références

  1. Atlas marenches éd 1988
  2. La géographie par l’image et la carte, pour la section préparatoire et les classes enfantines, publié par la Librairie Générale vers 1915 : « La race noire peuple le Centre et le Sud de l’Afrique ; Elle peuple aussi une partie de l’Océanie et de l’Amérique. »