Mutinerie de Spithead

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La mutinerie de Spithead, aussi connue sous le nom de « République flottante de Spithead », concerne la flotte de la Manche de la Royal Navy et a lieu entre mars et mai 1797.

Sommaire

[modifier] Le contexte

A la fin du XVIIIe siècle, l'Angleterre ne survit militairement que grâce à sa marine, qui est la meilleure, la plus nombreuse du monde. Cependant, les conditions de vie à bord pour les équipages sont très mauvaises, et la solde du marin, très basse, n'a pas été augmentée depuis longtemps, et ce malgré l'importance croissante de la Royal Navy. La stricte discipline n'empêche pas de fréquentes punitions corporelles, sur des équipages de moins en moins bien formés, recrutés par la presse et peu susceptibles d'accepter les dures conditions de la vie à bord.

[modifier] La mutinerie

C'est dans ces conditions qu'en mars 1797 éclate ce qui sera retenu comme la mutinerie de Spithead. Les hommes des navires au mouillage dans le Spithead envoyèrent onze pétitions à leur ancien amiral, Lord Howe, désormais à la retraite, pour demander à être reçus et entendus. C'est ainsi que le 16 avril, les marins qui prévoyaient la mutinerie depuis plusieurs semaines refusent d'obéir à l'ordre qui leur est donné de prendre la mer. Toutefois, il maintinrent la discipline à bord des vaisseaux, et créèrent une structure de commandement composé d'une Assemblée Générale souveraine, avec des délégués élus. C'est à partir de ce moment qu'on a pu entendre parler de la « république flottante » de Spithead.

Il s'agit alors d'une mutinerie à tous les égards, puisque bien que les marins aient maintenus la discipline à bord, ils ont tout à la fois refusé d'obéir à un ordre direct venant de supérieurs hiérarchiques, et ont de plus déposé leurs officiers.

L'Amirauté, après avoir tenté sans succès de réduire la mutinerie par la force, accepte finalement d'envoyer Lord Howe pour négocier avec les mutins. Après plusieurs concessions, concernant principalement les conditions de vie à bord et la solde, l'ensemble de la flotte consentit à reprendre son service le 15 mai 1797.

[modifier] Mutinerie du Nore

Dans le même temps, une mutinerie plus violente éclate dans le Nore, un banc de sable situé dans l'estuaire de la Tamise, près de Sherness. Les officiers y furent maltraités par leurs équipages, fouettés, enduits de goudron. Le gouvernement fit le blocus de la flotte amarrée au Nore dans le but de l'affamer, pour ensuite entamer une féroce répression qui se soldera par la condamnation à mort de 59 matelots, dont 29 furent effectivement pendus.

[modifier] Les conséquences

Ces deux mutineries laisseront de profondes traces psychologiques, de grands traumatismes, dans la Royal Navy. La crainte quasi-perpétuelle de la mutinerie se développa dans l'esprit des officiers, la discipline fut appliquée plus strictement, et la crainte d'une rébellion fut grande dans les années qui suivirent. Tout ceci n'empêcha toutefois pas la Navy de se montrer le facteur finalement décisif de la résistance de l'Angleterre face à Napoléon Ier. À peine huit années après ces évènements, la bataille de Trafalgar démontrait la supériorité de la marine britannique, qui ne souffre dès lors aucune rivale dans le monde.

[modifier] Source

  • Marc Belissa, Révoltes et révolutions en Irlande et en Angleterre, 1773 - 1802