Muhammad Iqbal

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Muhammad Iqbal
Muhammad Iqbal

Muhammad Iqbal (ourdou : محمد اقبال ) (né le 9 novembre 1877 à Sialkot dans le Pendjab – décédé le 21 avril 1938) est un poète et philosophe indien musulman.

Sommaire

[modifier] Sa vie

Mohammad Iqbal, dont les ancêtres étaient des brahmanes du Cachemire convertis à l’islam depuis plusieurs siècles, fait ses études à Sialkot. Très jeune, il se distingue par son talent de poète et côtoie les grands maîtres de la poésie ourdou, tel que Dagh. Encouragé par ses professeurs, dont l’érudit Maubi Mir Hasan, Iqbal s’installe à Lahore en 1895 pour y entreprendre des études universitaires. Lahore était devenu à cette époque un grand centre intellectuel, et c’est dans cette ville qu’il sera initié à la littérature et à la pensée occidentales, notamment grâce à sa rencontre avec Thomas Arnold.

À partir de 1905, il séjourne pendant trois ans en Europe. Étudiant à Cambridge, puis en Allemagne, professeur d’arabe à l’université de Londres, Iqbal profite de son expérience européenne pour rencontrer notamment Bergson et Louis Massignon. De retour à Lahore en 1908, il abandonne la chaire de philosophie et de littérature anglaise qu’on lui offre, pour se consacrer à l’étude du droit, mais surtout à la vie politique de son pays.

Élu à l’assemblée législative du Pendjab en 1927, Iqbal se fait le défenseur de l’idée d’un État musulman dans le Nord-Ouest de l’Inde, en qualité de président de la session annuelle de la ligue musulmane en 1930. Il contribuera quelques années plus tard par son influence à la naissance de l’État du Pakistan. Dès lors, la ligue musulmane considère Iqbal comme son théoricien. Il assiste en 1932 à la conférence de la table ronde, à Londres, en vue d’établir un projet de constitution pour l’Inde.

Lorsque le 21 avril 1938, Iqbal mourut, le sourire aux lèvres, il laissa ce quatrain devenu célèbre : « Lorsque je quitterai ce monde, Chacun dira « Je l’ai connu. » Mais la vérité est, hélas ! Que personne ne savait qui était cet étranger ni d’où il venait. »

[modifier] Un philosophe du XXe siècle

Mohammad Iqbal a exercé une profonde influence sur la vie de tout un peuple. Surnommé le poète de l’Orient (Shair-i-Mashriq) et aujourd’hui vénéré et étudié partout au Pakistan et dans le monde entier, surtout dans le monde musulman, éveilleur des consciences endormies, rassembleur des ardeurs dispersées, il « reconstruit » la pensée religieuse dans une optique dynamique créatrice et heureuse. Son œuvre poétique, composée en ourdou et en persan, est remplie de l’exaltation des gloires passées de l’islam, de réactions contre le conservatisme soporifique des classes dirigeantes et surtout contre les doctrines négatives et mystiques qui, reprises selon lui dans le Védanta et le christianisme, ont amené l’Inde aux portes de l’humiliation.

Son œuvre maîtresse est sans aucun doute Reconstruire la pensée religieuse de l'islam. Ce livre magistral n'est pas un livre théologique comme le titre pourrait le faire penser, mais un livre qui pourrait être qualifié de « nectar » de la pensée islamique.

En effet, cette œuvre majeure, très peu connue en Occident, traduite par Eva de Vitray-Meyerovich (1909-2001), nous fait un état des lieux de la pensée musulmane et de son apport à la pensée universelle. Iqbal, éminent penseur, connaisseur de tous les grands philosophes modernes et antiques, met en parallèle les théories des différents penseurs musulmans et occidentaux. Ce livre fait découvrir la grandeur de la philosophie musulmane, qu'on pourrait qualifier de philosophie active. Contrairement aux idées fort répandues ces derniers temps, présentant l'islam comme une religion fort éloignée de la raison et les musulmans comme étant sous-développés intellectuellement, apparaitra à travers ce livre à quel point les penseurs musulmans ont été influencés par la pensée grecque (qu'ils n'ont pas seulement apprise mais développée, critiquée…), qu'ils ont largement transmise à l'ensemble de l'Europe.

Pour Iqbal, le but principal du Coran est « d’éveiller en l’homme une conscience plus haute de ses multiples relations avec Dieu et l’univers. » Il confirme l’homme dans le rôle qu’il doit jouer, « celui de coopérer avec Dieu afin d’aider l’humanité en marche ». Ce programme trouvera des échos dans la jeunesse musulmane pour qui « Iqbal est venu parmi elle comme un messie ressuscitant les morts. »

Le poète avait annoncé lui-même : « Je suis venu dans le monde comme un soleil neuf. » Cette philosophie originale trouve sa source dans le Coran et l’exemple du prophète Mohammad. Elle insiste sur l‘idée que l’homme ne peut s’épanouir que dans un climat de liberté, car l’esclavage empêche toute possibilité de création. Elle appelle l’homme à trouver le juste milieu entre sa vie spirituelle et sa vie temporelle. Code complet pour l’homme, guide précieux dans tous les domaines de la vie, politique, économique, social et culturel, le Coran n’en est pas moins un rappel à l’homme qu’il est également mortel. Ainsi, toutes les chances lui sont données pour s’épanouir dans les deux mondes, avec à la sortie la possibilité d’atteindre l’intemporel.

Sa vie, qui fut un combat contre la pauvreté, le défaitisme, la fatalité détournée de son vrai sens, l’esclavage des peuples et le racisme, est jalonnée de discours et de déclarations dans lesquels transparaît un soufisme actif et dynamique, orienté vers le progrès et la science.

QUELQUES CITATIONS

« Mon être était semblable à une statue inachevée ; L'amour m'a ciselé : je suis devenu un homme ! » [ Muhammad Iqbal ] - Maître

« Quand elle est dépourvue de flamme, la vérité est philosophie ; elle devient poésie quand elle emprunte sa flamme au cœur. » [ Muhammad Iqbal ] - Maître

« Un égarement du cœur vaut mieux que cent génuflexions. » [ Muhammad Iqbal ] - Maître

«La nature est au Soi divin ce que le caractère est au moi humain.»-The Reconstruction...

«La connaissance de la nature est la connaissance du comportement de Dieu.»-The Reconstruction...

«Seul est, à proprement parler, réel ce qui est directement conscient de sa propre réalité.»-The Reconstruction...

«L'histoire, art d'enflammer l'imagination du lecteur, n'est qu'une étape dans le développement de l'histoire , science véritable, nécessitant une expérience plus étendue, une plus grande maturité de la raison pratique, et finalement une compréhension plus approfondie de certaines idées fondamentales concernant la nature de la vie et du temps.»-The reconstruction...

[modifier] Iqbal poète

Le bord disait Je suis vieille,
Qui suis-je? Je n’en sais rien
Il faut s’en aller, l’onde se pavanait
Si je m’arrêtes, je ne suis rien
Traduit par Mahshid Moshiri
Référence: Mahshid Moshiri. Dictionnaire des poètes renommés persans : A partir de l'apparition du persan dari jusqu'à nos jours. Téhéran, Aryan-Tarjoman, 2007

[modifier] Œuvres

[modifier] En persan

  • Les secrets du Moi, Lahore 1915
  • Les Mystères du Non - Moi, Lahore 1918.
  • Message de l’Orient, Lahore 1923.
  • Le Livre de l’Éternité, Lahore 1932

[modifier] En français

  • L’Aile de Gabriel, Lahore 1935
  • Le Bâton de Moïse, Lahore 1936.

[modifier] En anglais

  • The Development of Metaphysics in Persia, Londres 1908.
  • The Reconstruction of Religicus Thought n islam, Londres 1934.

[modifier] Traductions disponibles en français

  • Reconstruire la Pensée de l’islam, par Eva de Meyerovich. Ed. A. Maisonneuve - Paris 1955.
  • Message de l’Orient, par E. de Mey. et Mohammed Achena, Les Belles Lettres - Paris 1956.
  • Le Livre de l’Eternitè, par Eva de Mey. Collection «Spiritualités Vivantes» Ed. A. Michel - Paris 1962.

[modifier] Autour de Muhammad Iqbal

  • Saïda Bennani a consacré un article sur Muhammd Iqbal dans le deuxième numéro de la revue Aurora (automne-hiver 2006).

  • Souleymane Bachir Diagne : Islam et société ouverte : la fidélité et le mouvement dans la philosophie d'Iqbal. Maisonneuve et Larose, Paris, 2001

[modifier] Liens externes