Minzier

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Minzier
Carte de localisation de Minzier
Pays France France
Région Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Arrondissement arrondissement de Saint-Julien-en-Genevois
Canton Canton de Frangy
Code Insee
Code postal 74270
Maire
Mandat en cours
Raymond Courlet
2001-2008
Intercommunalité Communauté de communes du Val des Usses
Latitude
Longitude
46° 03′ 12″ Nord
         5° 59′ 22″ Est
/ 46.0533333333, 5.98944444444
Altitude 456 m (mini) – 750 m (maxi)
Superficie 8.79 km²
Population sans
doubles comptes
700 hab.
(1999)
Densité 56,50 hab./km²

Minzier est un village du département de Haute-Savoie dans la région Rhône-Alpes en France.

Sommaire

[modifier] Situation

  • Les habitants se nomment, les Minziérois ou "Minzinois".
  • Les hameaux de la commune sont Le Chatelard, Les Baraques, Chamoux, Épanezet, Le Crêt, Verney, Les Rippes, le Pont Fornant et Prévy.

Situé à l'extrême sud-ouest du bassin Genevois, le village de Minzier est situé au pied de la montagne du Vuache, qui s'étend au nord-ouest ; la commune est tournée vers le bassin de Genève et Saint-Julien-en-Genevois. Néanmoins, son relatif éloignement des voies de circulation ne lui a pas permis de connaître le même essor démographique lié aux frontaliers que ses voisines.

[modifier] Accès

La commune est située 27 km au nord-ouest d'Annecy et à 8 km au nord-est de Frangy. Elle est desservie par :

  • La RN 508 section Annecy - Bellegarde-sur-Valserine, par la RD 123 (Annecy) et par la RD 992 (Frangy).
  • L'autoroute A40, sortie « Saint-Julien-en-Genevois » (12 km).
  • TGV ou TER dans les gares de Genève (22 km), Bellegarde-sur-Valserine (24 km) et Annecy (27 km)
  • Aéroport international de Genève-Cointrin (22 km) ou aéroport régional d'Annecy (26 km).

[modifier] Histoire

Minzier F-74270, fruitière et château de Novéry
Minzier F-74270, fruitière et château de Novéry

La prise du château de Novéry (XIIIe, XVe et XVIIe siècles) par le Comte de Genève au XIIIe est la première mention du village. En 1289 le Comte Amédée de Genève concède au sire de Confignon une partie des revenus issus de la confiscation de la maison-forte d'Amaury de Novéry [1].

Le château de Novéry, maison forte de trois étages et dont la tour fut rasée, est aujourd'hui partiellement classé aux monuments historiques.

Très faiblement peuplé (environ 120 personnes en 1605, 330 en 1783 et 643 en 1872[2]) la commune est essentiellement agricole. Minzier fut jadis proche d'un pèlerinage qui tomba en désuétude.

Comme les treize communes du canton de Saint-Julien, Minzier fut favorable à l'annexion à la Suisse en 1860, suivant l'idée d'un traité soutenu par l'Angleterre. Cette solution récusée, un vote favorable au "oui" a lieu en 1860 mais en incluant l'idée de zone franche permettant des échanges commerciaux avec la Suisse toute proche.

Cette franchise de douane pour les produits des environs français de Genève permet le développement de l'agriculture, avec la création en 1887 de la fruitière de Minzier-Novery aujourd'hui devenue la Société coopérative agricole laitière du Vuache, qui fabrique de l'emmental.

L'Eglise est reconstruite en 1894-1896[3].

[modifier] De la seconde guerre mondiale à aujourd'hui

Pendant la seconde Guerre mondiale, la commune compta de nombreux fidèles au Maréchal Pétain, jusqu’à l'invasion de la zone sud. Ainsi, au fil du temps, les quelques effectifs de résistants peu nombreux à Minzier, grossirent par le fait du refus massif au STO en Haute-Savoie, avec moins de quatre cent présents pour plus de trois mille requis.

Avant cette période le prétre local, arrivé en 194I, était persuadé que le déclin d'un pèlerinage local était de la faute des athées, des communistes, francs-maçons et juifs, et de la gauche en général. Soutenu par une majorité municipale conservatrice (comme partout en France,le maire, non élu, était nommé par le Régime de Vichy) et était hostile à la mixité scolaire ainsi qu'à l'école laïque. Par principe, il soutint efficacement une école libre catholique alors repliée à Minzier tout en obligeant l'institutrice laïque, arrivée en 1942, à faire baptiser ses enfants à l'église catholique du village. Mais personne alors n'était conscient que les nazis faisaient la disctinction entre les juifs à déporter et les autres enfants en possession d'un certificat de baptême dont l'obtention était interdite par l'évéque lorsqu'il s'agissait d'enfants juifs et certains prêtres passaient outre... Il y eut donc une coexistence "tendue" mais "sans débordements de part et d'autres" entre deux écoles de filles, l'une laïque, l'autre catholique, tout étant fait pour décourager les institutrices laïques, alors que les instituteurs de l'école des garçons n'avaient pas forcément une vocation pédagogique et étaient souvent absents...

Le village compta plusieurs réseaux de résistants qui s'ignoraient mutuellement; l'un d'entre eux, en relation directe avec Londres et dirigé par le docteur Bonnier, en liaison avec les anciens militaires de "l'armée secréte" (AS) qui avaient refusé les termes de l'Armistice pourtant demandée personnellement par le Maréchal Pétain (redition et désarmement sans combats des troupes engagées dans la guerre en 1939). Ce réseau d'information militaire acheminait aussi des fugitifs, des armes parachutées, ainsi que des pièces d'or pour que la résistance puisse subvenir à son alimentation par le biais de l'institutrice laïque.

Ainsi, les soirs d'absence de l'instituteur (qui pourtant appartenait à un autre réseau de la résistance et ignorant celui de sa collègue), le toit de l'école laïque de Minzier servait de repère aux avions alliés pour se guider dans les opérations des parachutages sur le site des Glières et cela grâce à une lampe de poche. La résistance locale participa à l'organisation de filières pour faciliter le passage en Suisse des prisonniers de guerre évadés... En dépit d'un appui légaliste massif favorable au Maréchal Pétain, jusqu’à l'occupation de la Haute-Savoie par les armées allemandes, des anciens des jeunesses ouvrières agricoles catholiques animaient efficacement d'autres réseaux clandestins de la résistance; certains habitants de la commune parlaient allemands, d'autres étaient francs-maçons et appartenaient à différentes loges maçonniques comme celle des Amis de l'humanité du Grand-Orient (1937), ou bien celle de la loge "Allobrogie" (1943) et qui était en même temps un réseau de résistants et dont les membres furent déportés.

La seule lettre de délation connue visait l'institutrice laïque et fut le fait d'une autre institutrice laïque d'une autre commune. Un autre personnage marquant de la commune, le facteur était lui un fervent adepte du Maréchal Pétain.

Par ailleurs, des armes furent cachées sous les estrades des classes laïques des écoles des garçons et plus spécialement des filles ainsi que dans le maître-hôtel de l'église ainsi que sous l'estrade.

En dépit des fortes tensions "en sous main" avec les écoles laïques, les religieuses aidérent des jeunes filles juives à passer en Suisse ainsi que, plus tard, également des filles de miliciens...

Les résistants s'alliérent contre les S.S. tout en épargnant les soldats allemands prisonniers, sauf quelques cas particuliers opérés par des maquisards étrangers à la région. Inévitablement, il y eut ici comme ailleurs, quelques réglements de compte ou attentats de droit commun davantage pour des motifs de querelles de voisinage que pour motifs réellement politiques ou de collaboration effective. La milice étant devenue massivement discréditée, avait peu de membres locaux. A la Libération, la paix revenue, la majorité municipale conservatrice depuis un siècle fit place à diverses minorités de gauche...

Plus récemment, l'architecte Pascal Hausermann prévoyait de réaliser un "village de soucoupes volantes" à Minzier, mais faute de financements, il n'en fit qu'un unique exemplaire. Une maison en « voile de béton armé  » construite sans coffrage, réalisée en 1968 selon la technique de l'architecte Pascal Haüsermann, dite "maison ronde ou maison bulle). (lien)

Actuellement comme partout en Haute-Savoie, les effectifs ouvriers et paysans ont connu un fort déclin, et la création de résidences secondaires et d'emplois frontaliers à Genève ont transformé les habitudes et les moeurs rurales d'antant : l'église se vide de ses fidèles, et l'école communale est devenue intercommunale.

Enfin deux curiosités à noter : le monument au morts I914-1918 et que la statue de Jeanne d'Arc. Un plan d'eau artificiel, le Lac Vert, accueille des activités de loisirs.

[modifier] Équipements publics

  • École élémentaire publique intercommunale du Triolet, (avec les communes de Chaumont et Contamine Sarzin).
  • Bibliothèque municipale

[modifier] Économie

  • Coopérative Laitière du Vuache (fruitière).
  • Auberge du Bar à Thym

[modifier] Bibliographie

  • Minzier d'hier... et d'aujourd'hui, de Bernard Baudet, 143 pages, ISBN 2951602286
  • Dictionnaire des communes de Haute-Savoie, de Michel Germain, Jean-Louis Hébrard et Gilbert Jond. Editions Horvath, 1996.
  • Nos fruitières, nos fruitiers, Louis Vuichard, 1991.

[modifier] Références

  1. Histoire des communes savoyardes, tome III, Le Genevois et Lac d'Annecy, de Jean-Yves Mariotte, Henri Baud, Jean-Bernard Challamel et Alain Guerrier, éditions Horvath, 1978.
  2. Dictionnaire des communes de Haute-Savoie, de Michel Germain, Jean-Louis Hébrard et Gilbert Jond. Editions Horvath, 1996, page 230.
  3. Histoire des communes savoyardes, tome III, Le Genevois et Lac d'Annecy, de Jean-Yves Mariotte, Henri Baud, Jean-Bernard Challamel et Alain Guerrier, éditions Horvath, 1978.