Messaour Boulanouar

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Messaour Boulanouar est un poète algérien de langue française né en 1933, compagnon d'écriture de ses amis Kateb Yacine et Jean Sénac. Dans la littérature algérienne, il appartient à la génération qui a vécu sous le colonialisme et accompagné la guerre de libération menant à l'indépendance de l'Algérie. Comme Kateb, il signe ses recueils de son nom, Messaour, puis de son prénom, Boulanouar.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né le 11 février 1933 à Sour El-Ghozlane (Bouira) Messaour interrompt à 17 ans ses études secondaires pour raisons médicales. Il est en 1956 et 1957 emprisonné durant plusieurs mois par le pouvoir colonial à la prison Barberousse (Serkadji) d'Alger avec de nombreux autres militants. Ne quittant sa ville natale que pour des récitals ou des conférences à Alger, il est par la suite employé à l'Administration locale de l'enregistrement et du timbre. Seule une petite partie de son œuvre abondante s'est trouvée jusqu'ici publiée.

[modifier] L'œuvre

Généreuse, complémentairement tenace, hier comme aujourd'hui, en ses dénonciations et fraternelle en son esprit, en son espoir d'un homme libéré, la parole poétique de Messaour Boulanouar, à travers la répétition des mêmes mots, expressions ou images, en revient fréquemment à ses premiers vers, pour se déployer à la façon de chants incantatoires en des rythmes amples et chaleureux.

[modifier] Extrait

"J'écris pour que la vie soit respectée par tous
je donne ma lumière à ceux que l'ombre étouffe
ceux qui vaincront la honte et la vermine
j'écris pour l'homme en peine l'homme aveugle
l'homme fermé par la tristesse
l'homme fermé à la splendeur du jour"

Messaour Boulanouar, début de "La Meilleur force", 1963

[modifier] Jugements

  • Comment Messaour Boulanouar n'aurait-il pas écrit La meilleure force , la seule grande épopée de notre “libération”, non seulement nationale, avec ses implications étroites, mais à l'échelle de l'homme universel ?
Jean Sénac, Poésie de Sour El Ghozlane, couverture portrait par Denis Martinez, Editions de Orycte, Sigean, 1981.
  • Parue en 1963, cette œuvre poétique [La Meilleure force] a peu d'équivalent dans la littérature algérienne. C'est un très long poème de quelque 7000 vers commencé en 1956. L'incarcération de Boulanouar en septembre de cette même année n'a provoqué aucune rupture et aucun réajustement dans le cours du poème qui, terminé en 1960, forme une sorte de cosmogonie de la souffrance et de la revendication, (…) le reflet de l'univers concentrationnaire et de l'horreur quotidienne où tout un peuple vivait.
Tahar Djaout, Messaour Boulanouar, Un printemps sur la route, dans Algérie-Actualité, n° 797, 22-28 janvier 1981.
  • La Meilleure force est une ode-fleuve à l'humanisme bafoué et à la fraternité scellée par la tragédie, que le poète exalte d'une voix cristalline que se partagent un lyrisme plein de fraîcheur et des acents épiques, dignes de la meilleure tradition des meddah, ces bardes qui parcourent encore les villages algériens.
Arezki Metref, Messaour Boulanouar, Le poète sur les remparts, dans Afrique-Asie, n° 276, 30 août 1982.

[modifier] Citations

  • Le fait poétique ne dépend pas du lieu où nous vivons, mais de la charge poétique accumulée par le poète dans le passé et parfois dans le présent (…) On ne naît pas poète, on le devient par le contact avec le monde, par le refus de tout ce qui heurte notre conscience. (…) Écrite en pleine guerre de libération nationale, La meilleure force est le fruit de nos cheminements divers à l'heure où tout algérien vivait la vie de tous les autres, mais elle est aussi un refus, une réponse qui est aussi un refus du crime colonial.
  • Je n'écris pas pour me distraire ni pour distraire les autres. Je reste semeur de conscience. Explorateur du monde où je vis, où je vois mon pays en chantier malgré tous les semeurs de doute, les spéculateurs et tous les pharisiens religieux et politiques.
  • La poésie se trouve en danger, dans ce pays même où la magie du verbe accompagnait partout le peuple dans son travail et dans ses fêtes : chansons de moissonneurs, chansons de la tonte des moutons, chansons du tissage de la laine, chansons de toutes les touiza ancrées au plus profond de notre paysannerie.
Messaour Boulanouar, entretien avec Tahar Djaout, dans Tahar Djaout, Messaour Boulanouar, Un printemps sur la route, Algérie-Actualité, n° 797, 22-28 janvier 1981.

[modifier] Bibliographie

  • La Meilleure force (1956-1960), Paris, Editions du Scorpion, 1963.
  • Le Coup de fouet, pièce radiophonique radiodiffusée, Alger, 1966.
  • Entre 1976 et 1981 plusieurs plaquettes, Raisons de dire, Comme un feu de racines, En premier lieu (prologue de Le Coup de fouet), Sous peine de mort (fragments, avec 12 dessins de Denis Martinez), sont artisanalement publiées en tirage limité, en marge du monopole de l'édition, aux Éditions de l'Orycte.
  • J'écris... de Sour El Ghozlane, Poèmes d'Algérie, 1972-1998, préface de Michel Reynaud, Paris, Editions Tirésias, 1998 (ISBN 2908527634).
  • Œuvres choisies, préface d'Abdelmadjid Kaouah, Alger, Union des Écrivains Algériens.

[modifier] Sur Messaour Boulanouar

  • J. Lévi-Valensi et J.-E. Bencheikh, Diwan algérien, La poésie algérienne d'expression française de 1945 à 1965, Centre Pédagogique Maghribin, 1967 (pp. 56-68).
  • Djamal Amrani, Messaour Boulanouar, un Walt Whitman rural, in El Moudjahid culturel, n° 87, Alger, 1er juin 1975.
  • Jean Déjeux, Bibliographie méthodique et critique de la littérature algérienne de langue française, 1945-1977, Alger, SNED, 1979.
  • Jean Déjeux, Situation de la littérature maghrébine de langue française, Approche historique, Approche critique, Bibliographie méthodique des œuvres maghrébines de fiction, 1920-1978, Alger, Office des Publications Universitaires, 1982.
  • Jean Déjeux, Dictionnaire des auteurs maghrébins de langue française, Paris, Editions Karthala, 1984 (ISBN 2-86537-085-2).
  • Tahar Djaout, Les mots migrateurs, Une anthologie poétique algérienne, Alger, Office des Publications Universitaires, 1984.
  • Christiane Achour, Anthologie de la littérature algérienne de langue française, Alger, Entreprise Algérienne de Presse / Paris, Bordas, 1990.

[modifier] Lien interne

[modifier] Lien externe

  • [1] Chemins de Messaour Boulanouar (dédié à Maurice Audin), articles de A. Missoumi, Abdelmadjid Kaouah et Arezki Metref, extrait de Tahar Djaout.