Maurice Burrus

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Maurice Burrus
Parlementaire français
Naissance 8 mars 1882
Décès 5 décembre 1959
Mandat Député 1932-1940
Début du mandat
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Circonscription Haut-Rhin
Groupe parlementaire IDG (1932-1936
IAP (1936-1940)
IIIe république

Maurice Burrus, né le 8 mars 1882 à Dambach-la-Ville, mort le 5 décembre 1959 à Genève) était un homme politique français.

Villa Burrus à Sainte Croix-aux-Mines
Villa Burrus à Sainte Croix-aux-Mines

Maurice Burrus appartenait à une famille d'industriels de tabacs et cigarettes de Sainte-Croix-aux-Mines installée en Alsace sous domination allemande. Cette famille s'était expatriée en Suisse au début du XIXe siècle, en raison des décrets napoléoniens étendant le monopole de l'État français sur la fabrication des tabacs. Maurice Burrus fit ses études à Dôle, puis au collège Stanislas à Paris. Bachelier, il partit pour Hanovre en vue de s'initier à la langue allemande et à la pratique bancaire. Revenu à Sainte Croix-aux-Mines, il prit la direction de la Manufacture des tabacs familiale. Il fit également des voyages en Asie mineure, au Canada et aux États-Unis. Maurice Burrus fait fortune. Il subventionne de nombreuses associations en Alsace. Il construit de grandes résidences en France ou à l'étranger. Il achète la fameuse forêt de Saoû dans la Drôme et y fit construire une immense demeure ainsi que la réplique du Petit Trianon de Versailles. Mais Maurice Burrus est surtout passionné d'archéologie. Il effectue de nombreux voyages en Grèce et en Asie mineure sur les traces de l'École française d'Athènes et du grand archéologue allemand, Heinrich Schliemann, découvreur de la ville de Troie à la fin du XIXe siècle.

La villa de Sainte Croix-aux-Mines où il résidait avec ses parents est réquisitionnée par l'État-major allemand. Les Burrus étaient tenus de fournir du tabac et le couvert aux troupes allemandes, ce qu'il refusa. Il est condamné dans un premier temps à un jour de prison.

Tombe de la famille Burrus à Sainte Croix-aux-Mines
Tombe de la famille Burrus à Sainte Croix-aux-Mines

Maurice Burrus vécut de manière dramatique l'attachement de l'Alsace à l'Allemagne. En 1918 il est appelé sous les drapeaux, mais il va s'installer en Suisse. Alors que dès le début de la guerre, il recherche les blessés français à travers les lignes allemandes, il est arrêté par les Allemands qui menacent de le fusiller. Il est sauvé grâce à un douanier. Tous ses biens sont réquisitionnés et liquidés. Après la fin de la guerre, il est décoré de la Croix de guerre et de la médaille de la fidélité. En outre il reçoit la médaille des Proscrits d'Alsace qu'il présidait.
Cette association forte de 4 500 membres regroupait presque tous ceux qui ont manifesté des sentiments anti-allemand. Maurice Burrus au sortir de la grande guerre va œuvrer à partir de 1936 grâce à son mandat de député radical du Haut-Rhin à la reconstruction de la défense et de l'unité de la nation.

Mais la seconde Guerre mondiale le rattrape très vite. Il est expulsé de Sainte Croix-aux-Mines et sa villa est transformée en école d'administration pour officiers invalides de guerre. Au sortir de cette école, les officiers reconvertis peuvent devenir de hauts fonctionnaires du Reich. Maurice Burrus qui est de nouveau obligé de fuir, trouve refuge chez son frère à Lyon qui lui procure une voiture pour une fuite discrète vers les Pyrénées où il possède une propriété.

Par la suite il s'installe à Vaison-la-Romaine (Vaucluse) ville qu'il connaissait très bien depuis les années trente, grâce aux recherches archéologiques. Après la guerre, il est soupconné de collaboration avec l'ennemi, ce qui lui vaut son inéligibilité en 1946. En fait les soupçons qui lui sont reprochés reposent principalement sur le fait qu'il a voté la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940 donnant les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Tous les députés ayant voté cette même loi furent condamnés à la même peine. L'ami de Maurice Burrus, le maire de Vaison-la Romaine, Ulysse Fabre connaîtra la même deconvenue à la Libération.

Ces rumeurs de collaboration affectèrent profondément Maurice Burrus qui se retira à Genève où il s'éteingnit en 1959. Les obsèques eurent lieu à Sainte Croix-aux-Mines en présence de nombreuses personnalités politiques de France et de l'étranger. Vingt-et-un ans après la fin de la seconde Guerre mondiale, en 1966, une importante cérémonie consacrée à la mémoire de Maurice Burrus et de l'abbé Sautel s'est déroulée au cœur de l'antique théâtre de Vaison-la-Romaine, en présence du préfet de Vaucluse, Pierre Hosteing, le sous-préfet de Carpentras et de nombreuses autres personnalités religieuses et civiles. Cette présence sonnait comme une réhabilitation de la mémoire de Maurice Burrus et la reconnaissance de l'État français pour son œuvre.

[modifier] Bibliographie

  • Philippe Turrel: Le secret des Burrus, Imprimex Dolfin, 2003, ISBN 2-91084-906-6
  • Véronique Velcin: Maurice Burrus, un homme de son siècle, Mémoire de Maîtrise de l'U.F.R. de Strasbourg, 1991
  • Agnès Henrichs: Maurice Burrus, candidat aux élections de 1936, Société d'Histoire du Val de Lièpvre, 2007, p.95-97