Maquis des Vosges

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Le maquis vosgien est né de l'organisation et de l'unification des différents réseaux de la résistance dans les Vosges; cette unification est contemporaine de la création du C.N.R. ( Conseil national de la Résistance créé le 27 mai 1943 ).


Sommaire

[modifier] Organisation de la résistance dans les Vosges

Au début de l'année 1943 il existait dans les Vosges plusieurs mouvements de résistance.

Les principaux étaient:

  1. Ceux de la Résistance ( CDLR ) organisé dans la région Neufchâteau - Mirecourt; ce mouvement prenait également en charge le Noyautage des administrations publiques (NAP);
  2. les correspondants des services spéciaux de l'armée d'armistice, dans la région de Saint-Dié, mouvement qui se ralliera plus tard à l'Organisation de résistance de l'armée (ORA);
  3. l'Organisation civile et militaire (OCM) qui est essentiellement une organisation de cadres et qui couvre la région Remiremont, Plombières, Bains-les-Bains et Saint-Dié;
  4. le mouvement Lorraine qui est à l'origine une organisation nancéienne mais qui dispose d'antennes dans les Vosges; ce mouvement concluera secondairement un accord militaire avec le CDLR;
  5. Libération-Nord s'était donné comme mission de faire évader les prisonniers;
  6. le Front national noyé progressivement dans le mouvement Francs-tireurs et partisans français (FTPF).


La résistance s'est alors organisée en quatre groupements:
- le premier groupement, incluant les secteurs de Neufchâteau, Chatenois, Mirecourt et Vittel était commandé par Grandjean, alias René et c'est au sein de ce premier groupement que s'est formé le premier maquis des Vosges, dans la forêt de Lamarche, entre Martigny et Robécourt, au lieu dit le Camp de la Délivrance ( où avaient eu lieu des combats de francs-tireurs en 1870).
Le responsable local en était Arburger et il était aidé pour en assurer l'intendance par le guinéen Adi Ba, par le soudanais Adama et par le commis fromager Picard.

- le deuxième groupement est dirigé par Lucien Méline et, après son arrestation, par le commandant Delafenêtre; il a en mains les secteurs d'Epinal, Dompaire, Charmes, Rambervillers et Bains.

- le troisième groupement est au nord-est du département et couvre la région de St-Dié; à sa tête, le pasteur Valet dit capitaine Jouvet.

- et le quatrième groupement s'étend de Corcieux au Thillot et de Docelles à Gérardmer mais également sur la zone de Faucogney en Haute-Saône et celle de Thann en Alsace. Il est dirigé par le commandant Gonand connu sous le nom de Lucien. [1]

[modifier] Liste des maquis du département des Vosges

  • Ier groupement

- Maquis de Bulgnéville: La Vacheresse, Urville, St-Ouen, Robécourt, Contrexéville.
- Maquis de Liffol: Bois de la Vendue, Bazoilles.
- Maquis de Vaudeville: Coussey.
- Maquis de la forêt de Neufeys: Neufchâteau, Bourlémont.
- Maquis de Châtenois.
- Maquis du Mont St-Jean: Vittel.
- Maquis de Mirecourt: « La Chouette », de la ferme de la Malhaye, du Haut de Recon, du Haut du Chia.
- Maquis du Camp de la Délivrance: Lamarche ( 1er maquis vosgien ).

  • IIème groupement

- Maquis de la Cense ( Rambervillers ).
- Maquis de Charmes ( en liaison avec le 1er groupe Lorraine ).
- Maquis de Châtel.
- Maquis de la Forêt du Terne.
- Maquis du Morillon.
- Maquis de Grandrupt.
- Maquis de Xertigny.
- Maquis de St-Nabord.
- Maquis du Haut du Bois ( Eloyes ).

  • IIIème groupement

- Maquis de la Charme de l'Ormont ( Tendon ) devenu le maquis de la Chapelotte, en limite du IVème groupement.
- Maquis de la Chapelotte ( la Tête des Hérins et le Jardin David puis replié à Viombois en Meurthe-et-Moselle ).
- Maquis de Chatas qui prendra différents noms: de la Grande Fosse, de Grimaubois, du Col du Las, de Grandrupt, de la Petite Raon, de la Roche Mère Henry.
- Maquis de Lordon ( Lusse ).
- Maquis de Fouchifol ( Coinches) qui se repliera sur le Haut de Steige.

  • IVème groupement

- Maquis de la Charme de l'Ormont ( Tendon).
- Maquis de Corcieux, secondairement sur la commune de La Chapelle.
- Maquis de Malanrupt ( Beauménil ).
- Maquis de Noiregoutte ( Rochesson ).
- Maquis de la Piquante Pierre ( Basse-sur-le-Rupt ).
- Maquis du Peut Haut ( Camp Kœnig ).
- Maquis des Roches de Morteville ( St-Maurice ).
- Maquis St-Jacques de Gérardmer.
- Maquis du Séchenat ( Camp Louis ).
- Maquis du Haut du Tem ( hors du département, en Haute-Saône ).
- Maquis des Beuchots à Ternuay ( hors du département, en Haute-Saône ).
- Maquis du Pleinet à Ronchamp ( hors du département, en Haute-Saône ).
- Maquis de Beulotte-St-Laurent ( hors du département, en Haute-Saône ).



Chaque maquis disposait de un ou plusieurs terrains destinés à recevoir des parachutages, certains destinés aux parachutages de jour, d'autres aux parachutages de nuit.

Ces terrains étaient dotés d'un nom de code et d'un signalement, soit sous forme d'une phrase codée soit d'une seule lettre afin que le maquis puisse être prévenu de l'imminence d'un parachutage ou de matériel ou d'hommes.
A titre d'exemple, au sein du IV° groupement, le maquis de la Piquante Pierre disposait d'un terrain situé à Basse-sur-le-Rupt; ce terrain portait le nom de code terrain Coupole et était destiné aux parachutages de nuit. Son code radio était : J'espère vous revoir chérie ou la lettre U.





[modifier] Les maquis célèbres


[modifier] Le maquis de Charmes



[modifier] Le maquis de Viombois



[modifier] Le maquis de Grandrupt


Depuis la fin de l'année 1943, par contact de proche en proche, la Résistance avait créé une véritable organisation militaire.

Les hommes qui la constituaient avaient de 17 à 45 ans en général; ils étaient souvent des réfractaires au STO ou avaient eu maille à partir avec ceux qu'ils appelaient « les doryphores » . Quelque soit la raison évoquée, ils étaient tous des patriotes nés dans des familles où la 1ère guerre mondiale avait laissé un souvenir amère. S'y ajoutaient de petits groupes constitués de longue date, à l'image des Scouts de Mirecourt.

L'organisation était du modèle Sizaine ( 6 hommes ), Trentaine et Centaine, une centaine étant constituée de 4 trentaines soit environ 130 hommes si l'on tient compte de l'encadrement.

Tous ces hommes devaient se réunir par petits groupes en un lieu prévu de longue date dès réception d'un message émis par Radio Londres, message de pré-alerte à 13 heures et confirmation à 19 heures.

Le 27 août 1944, tous ces hommes entendent le message attendu: « L'impératrice a des cors aux pieds ».

De ces points de ralliement, les hommes sont pris en charge par des camions mis à disposition par une population tout à la cause de la résistance, et dirigés vers Grandrupt où rapidement le maquis s'organise.
Les allemands étant en retraite, on ne prend aucune précaution et la maquis prend l'aspect d'un camp militaire en rase campagne[2]« on aurait pu se croire à la foire de Poussay avant la guerre, aucune prudence»

Il semble que ce maquis ou tout au moins certaines centaines disposent d'un armement conséquent à la suite d'un parachutage récent; la veille, le 6 septembre, avait eu lieu le parachutage d'un groupe du S.A.S. avec du matériel y compris 2 ( ou 3 ? ) jeep .

Le 3 septembre 1944, le maquis reçoit l'ordre de se déplacer en forêt du Morillon, située au nord de la Haute-Saône entre Hennezel et Pont-du-Bois; il y reste quatre jours jusqu'au 6 septembre 1944.

Le 5 septembre avaient vu les premières arrestations du maquis de Grandrupt; en effet, la Gestapo de Lyon s'était repliée sur Gerardmer et s'intêressait depuis quelques temps à ce maquis, probablement à la suite de dénonciations.
Ce sont deux officiers de liaison qui seront donc arrêtés en premier, Noirtin et Rozot.
Noirtin sera fusillé et son corps sera retrouvé en septembre 1945 près de la Roche du Diable où une stèle a été érigée en bordure de route.
Selon certains témoignages, l'attitude de Rozot est ambigüe: on le verra en effet en grande discussion avec les allemands lors de la reddition du maquis, et également en cours de captivité

A la suite de ces arrestations, le maquis retourne à Grandrupt et certains diront: « On retourne dans la souricière. »

En effet, le maquis sera attaqué par les forces allemandes le 7 septembre 1944 au matin.
La défense s'organise, mais elle sera de courte durée.
Rapidement, les autorités allemandes posent un ultimatum: ou le maquis se rend, ou les habitants de Grandrupt et de Vioménil seront fusillés et les maisons rasées. Promesse est faite aux maquisards de les traiter en prisonniers de guerre.
Pour les maquisards dont beaucoup sont originaires de ces villages, le choix est fait, ils se rendent.
Il y aura 214 maquisards arrêtés à Grandrupt ( 216 pour certains[3], et 213 pour d'autres[4]), qui ne seront malheureusement pas traités comme des prisonniers de guerre et seront transférés à Dachau pour la plupart.

[modifier] Le maquis de Noiregoutte



[modifier] Le maquis de la Piquante Pierre



[modifier] Références

  1. Robert Dodin, La résistance dans les Vosges, Thèse de Doctorat, 2ème trimestre 1980, éditions du Sapin d'Or, Epinal
  2. L'impératrice a des cors aux pieds. L'odyssée des maquisards de Granrupt, une page de la résistance vosgienne - Albert FÄh Matricule 114122 Editions du Sapin d'or Epinal 4ème trimestre 1976 p.59
  3. http://www.memoire-net.org/article.php3?id_article=217
  4. http://cliophoto.clionaute.org/picture.php?cat=427&image_id=419