Ménagerie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La ménagerie de Versailles fondée par Louis XIV
La ménagerie de Versailles fondée par Louis XIV

Une ménagerie est un établissement historique pour maintenir et présenter des animaux sauvages et exotiques, en captivité sous garde humaine, et donc un prédécesseur du jardin zoologique moderne. Le terme a été utilisé, en premier au XVIIe siècle en France, à l'origine pour la gestion d'une ferme ou des animaux domestiques, puis plus tard pour désigner principalement une collection animale aristocratique ou royale (par exemple la Ménagerie royale de Versailles). L' « Encyclopédie Méthodique » de 1782, de langue française, définit une ménagerie comme un « établissement de luxe et de curiosité ». Plus tardivement, le terme s'est même référé aux collections animales itinérantes qui ont montré les animaux sauvages dans les foires à travers l'Europe et les Amériques.

Sommaire

[modifier] Ménageries sédentaires

[modifier] Ménageries aristocratiques

La plupart du temps, une ménagerie était reliée à une cour aristocratique ou royale et était ainsi située dans le jardin ou le parc d'un palais. Les ménageries aristocratiques doivent être distinguées des jardins zoologiques postérieurs puisqu'elles ont été fondées et possédées par des aristocrates dont l'intention n'était pas principalement l'intérêt scientifique et éducatif. Ces aristocrates ont voulu illustrer leur puissance et leur richesse, parce que les animaux exotiques, vivants et actifs, étaient rares, très difficiles à acquérir, et très chers à maintenir.

[modifier] Période médiévale et Renaissance

Déjà au Moyen Âge, plusieurs souverains à travers l'Europe ont maintenu des ménageries dans leurs cours royales. La collection animale la plus marquante en Angleterre médiévale était la ménagerie de la Tour de Londres qui a été fondée en 1235, pendant le règne d'Henry III. En effet, ce fut la ménagerie royale d'Angleterre pendant six siècles. Vers la fin du XVe siècle, pendant la période de la Renaissance, l'aristocratie italienne, les riches patriciens et les ecclésiastiques, ont par la suite commencé à rassembler des animaux exotiques dans leurs résidences situées dans les périphéries des villes. Le rôle joué par des animaux dans les jardins des villas italiennes s’est accru à la fin du XVIe siècle, duquel la Villa Borghèse à Rome fut le symbole remarquable.

[modifier] Versailles et son legs

Pendant le XVIIe siècle, quand le Château de Versailles a été construit en France, Louis XIV a également érigé une ménagerie dans le parc du palais. Sa majeure partie a été construite en 1664 quand les premiers animaux furent installés, bien que les aménagements intérieurs n'aient été terminés qu'en 1668-70. Située dans le sud-ouest du parc, c'était le premier grand projet de Louis XIV à Versailles et une des nombreuses maisons de plaisir qui ont été peu à peu édifiées autour du palais. Elle a représentée la première ménagerie de style baroque. La caractéristique principale des ménageries baroques était leur disposition circulaire, au milieu de laquelle se tenait un beau pavillon. Autour de ce pavillon, se trouvait une cour permettant le cheminement vers l'extérieur où étaient situés les enclos et les cages. Chaque enclos avait au fond une maison (une étable ou une écurie) pour les animaux et était entouré de trois côtés par des murs. Il y avait seulement des grilles sur le devant en direction du pavillon.

Cette conception a été adoptée par beaucoup d'autres monarques à travers l'Europe, en particulier par la monarchie des Habsbourg en Autriche. En 1752, l’empereur François Ier d'Autriche a érigé sa célèbre ménagerie baroque dans le parc du Château de Schönbrunn près de Vienne. Au XIXe siècle, les ménageries aristocratiques ont été remplacées par les jardins zoologiques modernes avec leur approche scientifique et éducative. Aujourd'hui, la seule ménagerie aristocratique restante est celle de Schönbrunn, mais au XXe siècle, elle s'est transformée en un jardin zoologique moderne avec une orientation scientifique, éducative et de protection de la nature. En raison de sa continuité de lieu avec l'ancienne ménagerie, le Zoo de Schönbrunn à Vienne est souvent considéré comme le plus ancien zoo demeurant dans le monde. Bien que la plupart des anciens enclos baroques aient été remplacés, on peut toujours avoir une bonne idée de la symétrie d'ensemble de l’ancienne ménagerie impériale.

[modifier] Ménageries publiques

Une révolution eut lieu dans l'histoire des ménageries avec la création de la Ménagerie du Jardin des Plantes à Paris. En 1793, les derniers animaux de la Ménagerie royale de Versailles ainsi que les animaux saisis aux forains se produisant en spectacle dans les rues de Paris sont transférés dans la Ménagerie du Jardin des Plantes, dépendance du tout jeune Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris. Plus largement, cette création d’une ménagerie publique avait été décidée dans un but d'éducation populaire, afin de mettre à la portée du plus grand nombre ce qui était jusqu'alors l'apanage des nobles ou des princes.

L’histoire des ménageries sédentaires se confond, depuis la Révolution française, avec l’histoire des parcs zoologiques.


[modifier] Ménageries itinérantes

[modifier] Ménageries foraines

En Europe, le peuple avait très rarement accès aux ménageries aristocratiques réservées aux nobles, mais des forains présentaient couramment des animaux sauvages dressés dans les villes : des ours, des singes, des phoques, et même, au XVIIIe siècle, un rhinocéros [1] en 1749 et un casoar en 1765 à Paris. Les premiers dompteurs modernes, les belluaires des ménageries foraines, qui travaillaient dans la cage même des animaux n’apparurent qu’au début du XIXe siècle. La seconde moitié de ce siècle fut la belle époque pour la fête foraine dont la ménagerie était alors la principale attraction et le dompteur le plus bel ornement.

En Angleterre, les ménageries foraines sont apparues pour la première fois au tournant du XVIIIe siècle. Contrairement aux ménageries aristocratiques, ces collections animales itinérantes étaient dirigées par des hommes de spectacle qui sollicitaient le désir de sensations fortes de la population ordinaire. Le premier accident fatal d’une telle ménagerie ambulante fut la mort de Hannah Twynnoy en 1703 qui a été tuée par un tigre à Malmesbury, dans le Wiltshire. Parmi ces expositions animales qui étaient de taille plus ou moins étendue, la plus grande fut celle de George Wombwell.

En outre en Amérique du Nord, les ménageries foraines sont devenues bien plus populaires à cette époque.

  • Le premier animal exotique connu pour avoir été exhibé en Amérique fut un lion, à Boston en 1716, suivi un an après, dans la ville de Philadelphie, d'un autre. Un marin est arrivé à Philadelphie en août 1717 avec cet autre lion, qu'il a exhibé dans la ville et les cités environnantes pendant huit années.
  • Le premier dromadaire à avoir été importé d'Afrique en Amérique fut exhibé à Boston en 1721.
  • En 1733, le premier ours polaire exhibé en Amérique l'a été dans la ville de Boston.
  • Le premier éléphant a été importé d'Inde en Amérique par le capitaine d'un bateau, Jacob Crowninshield, en 1796. Il a été montré la première fois dans la ville de New York et a intensément voyagé à travers toute la Côte Est des États-Unis.
  • En 1834, la ménagerie de New York de James et William Howes a voyagé à travers la Nouvelle-Angleterre avec un éléphant, un rhinocéros, un chameau, deux tigres, un ours blanc, et plusieurs perroquets et singes.

Les tournées des ménageries en Amérique ont ralenti sous le poids de la dépression des années 1840 et puis s’arrêtèrent avec la manifestation de la Guerre de Sécession. Une seule ménagerie itinérante, de quelque taille que ce soit, a existé après la guerre : la ménagerie popularisée sous l'enseigne de Van Amburgh qui voyagea à travers les États-Unis pendant presque quarante années.

[modifier] Ménageries de cirque

A partir de la fin du XIXe siècle et jusqu’au début du XXe siècle, les cirques européens annexèrent à leur établissement une ménagerie, jusque-là spectacle forain. L'inverse se produisit également, les ménageries foraines ajoutant, à leur établissement, un spectacle de cirque. Le cirque-ménagerie se caractérise par la présence de dompteurs ou de dresseurs d’animaux, au sein des familles de circassiens.

À la différence de leurs homologues européens, les ménageries et les cirques d'Amérique sont combinés en un seul spectacle ambulant, avec un billet unique pour voir les deux. Ceci a permis d’augmenter la taille et la diversité de leurs collections. Le cirque Ringling Bros. and Barnum & Bailey faisait la réclame de ses exhibitions zoologiques comme étant « la plus grande ménagerie du monde ».

Le cirque s’est transformé en spectacle exotique grâce à la présence d’animaux sauvages et en fait sa notoriété (ou sa publicité) par leur exposition lors d'une parade ou dans une ménagerie :

  • en 1932, le cirque américain Ringling Bros. and Barnum & Bailey possédait une ménagerie riche de 1000 animaux sauvages ;
  • en 1934, le cirque allemand Krone, «  le plus grand cirque d’Europe », comptait dans sa ménagerie plus de 800 animaux.

Depuis la disparition des ménageries foraines, l’histoire des ménageries itinérantes se retrouve englobée dans celle du cirque.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Clara le rhinocéros unicorne figurant parmi les rhinocéros célèbres en Europe

[modifier] Bibliographie

  • BARATAY Eric & HARDOUIN-FUGIER Elisabeth, ZOOS - Histoire des jardins zoologiques en Occident (XVIe-XXe siècle). Editions La Découverte, Paris (1998). ISBN : 2707128953
  • LOISEL Gustave, Histoire des Ménageries de l'Antiquité à nos jours (en 3 volumes). O. Doin et fils, Paris (1912).
    • Tome I : Antiquité - Moyen Âge - Renaissance.
    • Tome II : Temps modernes (XVIIe et XVIIIe siècles).
    • Tome III : Epoque contemporaine (XIXe et XXe siècles).
  • THETARD Henry, Les Dompteurs ou la Ménagerie des origines à nos jours. Gallimard, Paris (1928).

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

wikt:

Voir « ménagerie » sur le Wiktionnaire.

Autres langues