Médinet Habou

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Article de la série Lieux égyptiens
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Localisation
Temple Mortuaire de Ramsès III
Temple Mortuaire de Ramsès III
Décorations au plafond
Décorations au plafond

Médinet Habou, (démotique : Tjamet ou Djamet, copte : Djeme ou Djemi) est une cité proche de Thèbes en Égypte, sur la rive ouest du Nil, en face de la cité moderne de Louxor et de son ancien temple dédié à Amon-Min. Aujourd'hui, on la connaît surtout pour le temple des millions d'années du pharaon Ramsès III qui fut bâti à proximité d'un sanctuaire plus ancien dédié à Amon de Djemé ; c'est ce temple qui donna son nom au site.

Sommaire

[modifier] Temple de Ramsès III

[modifier] L’enceinte principale

Le temple, long de cent cinquante mètres, est d'un plan commun, proche du temple funéraire de son prédécesseur, Ramsès II. En effet Ramsès III chercha à rétablir la grandeur de l'Égypte de son illustre ancêtre. Dès son accession au trône il entreprit alors de bâtir son temple jubilaire qui restera l'un des plus vastes de la nécropole de Thèbes.

Plutôt bien conservé il est entouré d'une enceinte de briques en terre crue, qui a peut-être été fortifiée et qui enserre l'ensemble des monuments du site. Signe des temps, (Ramsès III eut à repousser dès l’an cinq de son règne une invasion du pays), le roi décida de garantir la sécurité de sa fondation jubilaire par une puissante enceinte comprenant uniquement deux accès à l’ouest et à l’est.

L'entrée d'origine se fait par une grande porte à l'est, le migdol, qui était conçue sur le modèle des portes fortifiées des forteresses syriennes et dont on a de nombreuses représentations sur les reliefs décrivant les campagnes militaires des grands pharaons conquérants comme Thoutmôsis III, Séthi Ier ou encore Ramsès II. À l'ouest de l'enceinte, symétriquement au migdol, se trouvait un second accès probablement sous la même forme mais dont il ne subsiste que les premières assises.

L’enceinte comprenait plusieurs sections qui abritaient de nombreux monuments ainsi qu’une véritable ville destinée au personnel du temple et du palais du roi qui se jouxtait le temple principal.

Dans l’axe du portail d’entrée on trouve :

[modifier] Le temple des millions d’années

Le temple de Ramsès III adopte un plan défini et qui sera le prototype des grands temples des périodes ultérieures : deux grands pylônes séparant deux cours aux péristyles, précédant la zone du sanctuaire.

La première entrée, porte monumentale encadrée des deux imposants môles du grand pylône, donne dans une cour ouverte bordée de deux portiques. Le premier au nord est composé de pilastres enserrés de statues massives de Ramsès III représenté en position osiriaque mais vêtu du pagne royal et coiffé d’une couronne solaire. Le second au sud est composé de colonnes papyriforme à chapiteaux ouverts et forme le portique royal. En effet le mur comprend une « fenêtre des apparitions », ainsi que deux portes donnant sur un palais royal qui se trouve à l’extérieur du temple. Il devait être utilisé par le souverain et la cour lors des cérémonies qui se déroulaient ici chaque année lors de la « Belle Fête de la Vallée », l’une des principales fêtes de Thèbes. D'aucun pense que ce palais, au vu de ses dimensions assez réduites, n'était qu'un palais rituel sans autre destinée que de jouer le rôle de palais pour le ka royal. De ce fait il n'aurait jamais été utilisé...

Quoiqu’il en soit il est composé d’un vestibule hypostyle, servant de salle d’attente, donnant sur une salle d’audience, plus petite, avec deux colonnes encadrant un podium sur lequel devait se trouver le trône du roi. Derrière cette salle se trouvaient les appartements royaux avec une antichambre, une chambre et une salle de bain. À l’est du vestibule on accédait à un couloir menant à une série d’appartements annexes dans lesquels on a voulu voir le harem du roi. À l’ouest du vestibule une porte donnait sur un portique qui bordait un jardin agrémenté d’un bassin, et donnant sur différents bâtiments administratifs. Ce palais est conservé sur ses premières assises et a été remanié au courant du règne de Ramsès III.

Le second pylône mène dans une seconde cour péristyle dans laquelle se trouvaient autrefois des colosses royaux. L’ensemble de ces cours a conservé sa couverture ce qui a protégé durablement les fresques et reliefs du temple. Ainsi on peut admirer des plafonds au bleu profond constellés d’étoiles, des scènes religieuses et militaires sur les murs qui ont gardé une fraicheur extraordinaire. De même la plupart des colonnes ont conservées leur pigments ce qui nous permet d’avoir une idée assez précise de l’aspect d’un temple dans l’antiquité. Chaque mur, chaque colonne, chaque plafond, chaque corniche, chaque hiéroglyphe, tout était peint de couleurs vives.

Cette seconde cour donnait à travers un portique à une troisième entrée, cette fois sans pylône, qui menait à l'hypostyle - laquelle a perdu son plafond. En effet en l’an -27, l’ensemble de la région fut victime d’un séisme qui affecta la plupart des monuments de Thèbes. Médinet Habou n’y échappa pas et la salle hypostyle s’effondra. Elle est aujourd’hui réduite aux premières assises des colonnes qui restent cependant imposantes et est entourée d’une série de chapelles qui ont été restaurées et qui, elles, ont conservé leurs décors peints. Le sanctuaire a lui aussi souffert des vicissitudes de l’histoire et si on peut reconnaître son emplacement dans l’axe de la première hypostyle, le naos à lui disparu.

[modifier] Histoire du temple

Le temple de Ramsès III devint le temple dynastique par excellence. À l’instar du Ramesséum, le roi y fit figurer sa descendance et il est probable que le temple servit au culte funéraire des successeurs de Ramsès III.

Avec l’anarchie qui suivra la fin de la XXe dynastie, le temple et son enceinte fortifiée servit de refuge au peuple de Thèbes en lutte avec des excursions de nomades venant du désert occidental et qui pillèrent la région lors des XXIe et XXIIe dynasties. À cette époque nous pouvons imaginer que les grands temples de millions d’années des souverains ramessides formaient des forteresses dont Médinet Habou était sans nul doute la plus imposante.

À la Basse époque, le temple continua à fonctionner et les tombes des divines adoratrices d'Amon furent aménagées dans l’enceinte du temple à l’instar des tombes royales trouvées à Tanis. Les divines adoratrices étaient des filles royales qui se consacraient à la prêtrise du dieu Amon et occupaient la charge de représenter le roi à Thèbes. Elles choisirent d’établir leur sépulture au plus près du sanctuaire de Djemé qui restait à cette époque l’un des lieux saints de la région.

Par la suite avec les monarques gréco-romains le site fut peu à peu transformé en ville dont l’enceinte principale occupait le centre. C’est du nom même de Djemé ou Djemaï que les grecs par déformation nommèrent la ville Thébaï, qui donnera par la suite Thèbes, homonyme de la Thèbes grecque.

La ville resta concentrée autour du site et durant la période copte, une église, qui a été retirée depuis, fut installée dans la seconde cour du temple de Ramsès III. Les graveurs coptes ont également détérioré les gravures égyptiennes et les dessins sur les colonnes, et l’on pouvait encore voir au début du XXe siècle les colonnes à chapiteaux corinthiens qui soutenaient le toit de l’église chrétienne.

À la fin de l’antiquité, et avec l’invasion arabe, le site fut peu à peu abandonné et recouvert par des monticules de décombres.

[modifier] Temple d'Amon

Façade du temple d'Amon de Djemé à Médinet Habou
Façade du temple d'Amon de Djemé à Médinet Habou

Juste à côté du temple de Ramsès III, au nord de l’axe du migdol, on trouve le temple d'Amon. Ce temple avait été érigé durant la XVIIIe dynastie par Hatchepsout et Thoutmôsis III.

Il a depuis subi de nombreuses modifications, notamment sous les XXVe, XXVIe, XXIXe et XXXe dynasties, et bien sûr la période gréco-romaine, et curieusement il nous est parvenu dans un très bon état de conservation dans son ensemble même s'il fait l’objet actuellement d’une campagne de restauration et de fouilles notamment au niveau du naos.

Ce petit temple, initialement périptère, était l’objet d’une dévotion particulière par le peuple de Thèbes. En effet la légende rapporte qu’à l’issue de la création du monde, les huit dieux primordiaux d’Hermopolis se retirèrent à Djemé et reposent depuis sous la butte qui forme les fondations du temple. Parmi ces huit dieux on trouve Amon et sa parèdre Amemet auxquels était dédié le site.

Hatchepsout et Thoutmôsis III édifièrent un petit temple sur cet emplacement, sans doute en remaniant un ancien édifice préexistant.

Le naos composé de trois chapelles communiquant entre-elles, est précédé d’une salle de la barque qui était autrefois entourée de portiques mais dont la façade a été murée aux époques ultérieures.

Sur les piliers des portiques on peut encore voir le roi, le plus souvent Thoutmôsis III, mais également son fils Amenhotep II et son petit fils Thoutmôsis IV, faisant offrandes à différentes divinités du panthéon égyptien, dont bien sûr Amon qui occupe la place principale du culte du temple.

Ce sanctuaire formait l’une des étapes principales de la Belle Fête de la Vallée pendant laquelle le dieu Amon quittait son temple de Louxor et après avoir vogué vers l’occident sur la Grande Barque Sacrée d'Amon, l’Ousirhat, visitait chacun des temples de la rive ouest. Il achevait son pèlerinage à Médinet Habou et de là retournait sur la rive est. Ces festivités faisaient l’objet de grandes cérémonies auxquelles assistaient le roi et son épouse.

Le temple subit des déprédations lors de la période amarnienne comme beaucoup de sanctuaires de Thèbes. Son caractère sacré y fut sans nul doute pour quelque chose et l’on peut encore voir les espaces martelés faisant face à la figure royale, fantômes des anciennes représentations divines qui furent restaurées à la période ramesside.

C’est sans nul doute la proximité de ce lieu saint qui présida au choix de l’emplacement du temple des millions d’années de Ramsès III, à l’instar des divines adoratrices de la Basse époque qui installèrent leur tombeau et leur chapelle funéraire juste en face du sanctuaire. C’est précisément à cette époque sous la XXVe dynastie que le temple reçut sa première extension vers l’est. Les pharaons kouchites l’ornèrent en effet d’une colonnade processionnelle à l’instar des temples de Louxor et de Karnak, et d’un petit pylône qui menait alors à un débarcadère.

Achôris, pharaon de la XXIXe dynastie, rajouta une chapelle au nord du temple, et aux dynasties suivantes, de nouvelles adjonctions toujours vers l’est prolongèrent le temple d’une nouvelle cour et d’un grand pylône d’accès qui aujourd’hui forme l’entrée principale du temple.

[modifier] Temple d'Aï et d'Horemheb

Juste au nord du temple de Ramsès III, se trouve le temple d' et d'Horemheb, dans un état déplorable de conservation, détruit par le temps et les invasions successives. Ces monuments furent bâtis sur l’emplacement choisit par Toutânkhamon pour édifier son propre temple funéraire. Il n’en reste aujourd’hui que les fondations et son plan est difficilement repérable à l’œil nu. Il faut prendre de la hauteur pour pouvoir le distinguer et les ballades en montgolfières proposées aux touristes sur la rive ouest sont le meilleur moyen de découvrir ces vestiges, comme de nombreux autres temples aujourd’hui disparus.