Lattara

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La ville de Lattara, cité portuaire mentionnée à plusieurs reprises par les auteurs latins, a été découverte en 1963. Elle correspond au Lattes moderne.

Sommaire

[modifier] Site

D'importantes fouilles ont eu lieu depuis 1963 et ont justifié la création d'un Centre de documentation archéologique et d'un musée en bordure du gisement. Située à 5 km au sud de l'actuelle Montpellier, Lattara était implantée en milieu lagunaire. La ville était au contact direct des étangs littoraux qui avaient dans l’Antiquité une surface beaucoup plus vaste qu'aujourd'hui. Le delta du Lez comportait trois branches principales (aucune ne correspondant au Lez actuel) entre lesquelles s’est développé l’habitat protohistorique et romain, tandis que les nécropoles sont installées plus à l’est.

En 1963, à Lattes, deux écoliers découvrent dans un champ récemment labouré des tessons de céramique gallo-romaine. Ils rapportent leur découverte à Henri Prades, directeur d'une école de Montpellier et archéologue, qui mène une première campagne de fouilles en mai 1964 sur les terrains de l'agriculteur concerné.[1]

[modifier] Occupation préhistorique

C'est au néolithique moyen qu'appartiennent les plus anciennes traces de fréquentation actuellement repérées. Un hiatus semble exister entre les environs de 3 000 et les environs de 800 av. l'ère chrétienne, après quoi une modeste occupation est attestée au Bronze final et au début de l'Âge du Fer.

[modifier] Histoire de la ville

[modifier] Fondation

La fondation de la ville protohistorique intervient au cours du dernier tiers du VIe siècle av. J.-C.. Sont alors construits à la fois une enceinte et des maisons en pierres et en briques. Des objets originaux et des graffitis en langue étrusque —les seuls connus en France— ont suggéré l'hypothèse que des courtiers venus d'Étrurie aient joué un rôle dans la création et l'urbanisation rapide de l'agglomération.

[modifier] Croissances successives

Si les données topographiques restent stables pour le Ve s, où l'habitat se cantonne dans les mêmes limites, les échanges dont témoigne le mobilier d'importation montrent que le port passe alors et pour une longue période sous le contrôle plus ou moins direct des Grecs de Marseille. Aux IVe et IIIe siècles av. J.-C. se place une première phase d’extension de l'habitat. Les fouilles ouvertes sur près de deux hectares ont révélé pour cette période une restructuration de la trame urbaine, avec notamment la création des principales artères de circulation et l'implantation d'un tissu plus dense.

La ville connaît à nouveau à partir du IIe siècle avant J.-C.. une croissance qui porte sa surface à une vingtaine d’hectares. Le Haut Empire demeure une phase d'occupation intense du site portuaire. Cependant, la façade orientale de la ville fait l'objet d’importants remaniements, en liaison avec l’abandon partiel de la fortification et la canalisation du Lez. Des plans d’habitation différents apparaissent également à la périphérie du cœur ancien. S'il est probable que l'aire urbanisée atteint alors son extension maximale, on soulignera l’absence actuelle de vestiges de monuments public du type de ceux qui caractérisent les centres urbains méridionaux.

[modifier] Les activités de Lattara

Lattes antique correspondait sans doute à un type particulier de port, adapté au milieu lagunaire. Un document épigraphique témoigne très directement de ce fait : l’inscription d’Astrapton, qui révèle l’existence chez les Lattarenses de corporations de fabri (ouvriers du bâtiment ou des constructions navales) et d’utric(u)larii (fabricants d’outres et de radeaux). Les pontons sur pilotis retrouvés dans le port pourraient avoir été adaptés à ces transbordements.

[modifier] Autres traces d'habitat

Les restes de l'habitat antique actuellement visibles appartiennent pour la plupart à la période récente de l'Âge du Fer (IVe-IIe siècle J.-C..). Le quartier dégagé à proximité du Musée est structuré à la fois par l'enceinte qui le borde à l'est (point a du plan) et au sud (point b), et par deux rues principales se rejoignant en angle droit (point c et d). L'enceinte (qui remonte au VIe siècle J.-C.. mais qui est restaurée au IVe siècle av. J.-C.) comprend une porte au sud, protégée par des bastions (point e) et permettant d'accéder au port (point f). Une tour monumentale creuse est située au sud-est (point g). Les structures bâties visibles à l'extérieur de l'enceinte, liées au port (entrepôts), sont pour la plupart d'époque romaine (points h, i, j).

A l'intérieur des murs par contre, les maisons, bien que de datation diverse, appartiennent presque toutes à l'Âge du Fer. Cet habitat se répartit en quartiers allongés, regroupant des habitations constituées d'ordinaire par une à quatre pièces (points k à q du plan), éventuellement complétées par des courettes privées. Les îlots sont séparés par des rues charretières (points r), ou bien par des venelles étroites, passages piétonniers ou drains (points s). Quelques maisons plus grandes, à plan soit compact (point t), soit organisées autour d'une cour intérieure (point u), se ressentent d'influences méditerranéennes et appartenaient apparemment à l'élite.

Par son niveau de vie —dont témoigne un abondant mobilier archéologique, en partie exposé au Musée—, par l'aspect très évolué de son habitat, par son rôle économique majeur, l'agglomération lattoise apparaît comme l'une des plus dynamique de la Protohistoire méridionale.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe

[modifier] Notes et références

  1. Jean Arnal, René Majurel et Henri Prades, article publié dans le Bulletin du syndicat d'initiative de Montpellier n°23, 3e trimestre 1969 ; cité par le chanoine Jean Segondy dans Histoire de Lattes des origines à la Révolution, texte rédigé dans les années 1960 et complété en 1970 avec les premières découvertes des fouilles de Lattara ; 1re édition, préface de Louis Segondy, éd. Fédération archéologique de l'Hérault, 1996, page 26.
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