Léon Clergue

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Léon Clergue est né à Lavaur (Tarn) le 23 décembre 1825 de parents profondément chrétiens. Il avait de la famille à Toulouse et vint faire ses études au petit séminaire de l’Esquille. Il y fit preuve d’esprit d’entreprise et de beaucoup d'attentions pour les pauvres. Chargé avec un camarade de servir de guide au père Eugène de Potriès, un capucin espagnol venu à Toulouse voir les possibilités d'une nouvelle implantation de l'Ordre en France, il fut très frappé par sa gentillesse, ses pieds nus et son austérité. Ordonné prêtre le 21 septembre 1850 il fut nommé vicaire à Saint-Gaudens.

Sommaire

[modifier] Le capucin

Mais de plus en plus convaincu de sa vocation religieuse, il se rendit à Marseille où venait de s’ouvrir le noviciat des Capucins. Il prit le nom, le 13 juin 1855, du saint populaire franciscain Antoine de Padoue dont le 13 juin est la fête, joint à celui de la Vierge Marie, et il devint le frère Marie-Antoine. Sa profession eut lieu l'année suivante, 13 juin 1856.

Ses supérieurs lui confièrent, peu de temps après, le soin d’établir les Capucins à Toulouse. Le couvent de la Côte Pavée fut fondé en 1858. Il devint son lieu d'habitation jusqu’à sa mort en dépit des persécutions qu’il eut à endurer.

Il fallait construire grand, afin de pouvoir faire de cette maison une maison de formation pour les jeunes qui déjà s'annonçaient.

Une fois le terrain trouvé et acheté, pendant les travaux de construction, il ne demeura pas inactif. Un hangar qu'on lui avait prêté dans le voisinage lui servait de chapelle, et sa prédication y était appréciée.

Il visitait les bouges et les mansardes, et n'hésitait pas à y suivre un jour un ivrogne qui chantait "Père Capucin confessez ma femme", réussissant à confesser et la femme malade et le moqueur lui-même.

Les difficultés et les épreuves spirituelles ne manquaient pas, mais il faisait une confiance indéfectible à l’inspiration de Dieu, puisée dans la prière. Il devint vite le prédicateur populaire de missions, pendant une cinquantaine d’années d’apostolat.

Chrétiens pratiquants ou non venaient lors des missions, qui devenaient occasion pour le capucin de faire découvrir l'Évangile et de redonner la pratique des sacrements.

Le père Marie-Antoine, comme tant d'autres missionnaires, avaient une manière très personnelle et dynamique de s'adresser aux habitants lors de ses missions. Par ailleurs, ils profitaient de l'événement pour créer des groupements qui continueraient de se réunir, la mission terminée. Nombre de paroisses dans le Sud-Ouest possèdent une statue ou une croix, souvenir d’une mission donnée par le Père Marie-Antoine.

Dans les différents récits des faits rapportés par ses biographes, le pittoresque ne le cède en rien à la foi, ni à une ardente charité. Il fut le prédicateur recherché et l’animateur des grands pèlerinages.

[modifier] Pionnier des Pèlerinages de Lourdes

Le Père Marie-Antoine, qui en fait le récit lui-même, vint à Lourdes pour la première fois après une mission à Saint-Gaudens qui se situe fin juin-début juillet 1858. Il y rencontre Bernadette qui venait de faire sa première communion (3 juin 1858), en juillet, avant la dernière apparition du 16 février 1858. Elle assiste à sa messe et reçoit de ses mains la communion. Il se lie aussitôt d'une grande amitié avec le curé-doyen de Lourdes, l'abbé Peyramale.

Sa première visite à la Grotte se situe en avril 1862 à l'occasion d'une mission dans la vallée de la Neste. Entre temps, le 18 janvier 1862, un mandement de l'évêque de Tarbes reconnaît les apparitions de Lourdes autorisant le culte de la Grotte, et se propose d'y construire un sanctuaire. Avec le curé Peyramale, "nous prîmes ensemble, écrit le P. Marie-Antoine, des mesures pour favoriser les pèlerinages à la Grotte de Massabielle". Effectivement, dès que les circonstances le lui permirent, le zélé missionnaire inaugura, à partir de 1869, l'interminable série de ces pèlerinages, d'abord de la région de Tarbes, puis le canton de Ruscle dans le Gers (800 pèlerins, 27 avril) et l'année suivante, le 27 avril 1870, le pèlerinage à pied au départ de Montréjeau (150 km aller-retour pour 2000 pèlerins).

Le Père ne manquait pas une occasion d'aller à Lourdes ou d'y conduire des pèlerins. Tout lui était prétexte. A-t-il clôturé une mission ? L'épilogue est un pèlerinage à la grotte de Massabielle. Le but à atteindre donne des forces au Père. Ce n'est pas une paroisse isolée qu'il aurait voulu conduire à Lourdes... mais dix... vingt paroisses qu'il vient d'évangéliser via les missions. Tels sont les premiers pas du capucin vers la Grotte.

Ses sermons à Massabielle il les prêche, non en orateur, ni en philosophe, mais en fervent chrétien.

Le Père fut comblé de joie aux pieds de la Madone. Le mardi de la Pentecôte en l'an 1872. Il conduisit à Lourdes 1 200 pèlerins de Saint-Gaudens, ses premiers paroissiens, toujours en bonne place dans son cœur.

Un peu plus tard, c'est Lavaur, sa ville natale qu'il amène à Lourdes. 880 personnes, réparties en deux trains ! "Lavaur, la meilleure ville de France" écrit-il. Sans cesse sur la brèche, chantant, priant, confessant, il devint le moine le plus populaire des pèlerinages.

Beaucoup de ceux qui allaient à Lourdes avaient entendu parler de lui, sans le connaître cependant. Dès leur arrivée dans la ville mariale, ils se préoccupaient de savoir si le père Marie-Antoine était là, et où on pouvait le trouver.

Où ? partout... À la Grotte, au Rosaire, au confessionnal, aux piscines, à l'hospitalité des malades... Là où d'instinct il sentait sa présence nécessaire. Sans cesse dérangé, sollicité... Et la nuit ? Ah, la nuit ! Souvent agenouillé, les bras en croix devant la Grotte. C'étaient là ses bonnes heures. Mais plus souvent encore, dans un confessionnal assiégé dès 8 heures du soir, jusqu'à plus de minuit...

Il attendait plusieurs fois l'an ces journées de Lourdes. "Le père Marie-Antoine est à Lourdes", informait le Journal de la Grotte. Inutile donc de savoir qui serait désigné pour prendre la parole. Dans la chaire, il improvise et de sa voix rajeunie, il parle de l'amour de Marie, de son amour universel, de son amour particulier pour chaque région représentée à cette heure ici. Les Lyonnais, les Landais, et en particulier les Toulousains qui couronnent chaque année les poètes qui chantent Marie.

Un jour, à l'un de ses sermons assiste un religieux dominicain. Il écoute admire et s'écrie, s'adressant aux prêtres qui l'entourent : "Voilà comment nous devrions prêcher". S'avançant vers le prédicateur, il lui prend la main, la serre avec affection. "Je suis le père Monsabré, dit-il, et je tiens à vous avouer que je n'ai jamais éprouvé, en face de mon auditoire de Paris, le même plaisir que là, tout à l'heure à vous écouter".

Il prêchera 97 pèlerinages : il y prend en charge les pèlerins dès leur arrivée, il prêche à la grotte, aux piscines, dans les églises, et il confesse jusqu'à épuisement.

Après avoir instauré à Rocamadour, la fête nocturne de la procession aux flambeaux, où "quelques étoiles du ciel semblent s'être posées sur la terre", il voulut l'inaugurer à Lourdes. C'était en 1863, vers 9 heures du soir, une vingtaine de personnes priaient devant la Grotte. Cependant, la procession aux flambeaux, toujours avec le P. Marie-Antoine s'imposera à Partir de 1874 (14 septembre) et le pèlerinage de 4 000 hommes venus de Rodez.

À Lourdes, il donna l'occasion de déposer des cierges et y créa la procession des cierges, la procession du Saint Sacrement ainsi que la prière nocturne pour la clôture du 5° congrès international Eucharistique de Toulouse, le 26 juin 1886, repris en août par les pèlerins du Quercy.

Dirigeant la prière des fidèles, il se retourna vers la custode qu'on rapportait au Rosaire, après une cérémonie à la Grotte, et, dans sa foi vive, lança les acclamations et les supplications des malades de l'Évangile. On imita cette pratique pour l'amplifier, on fit un cortège à Jésus-Hostie, qui est devenue l'imposante procession de l'après-midi de Lourdes. C'est aussi en ce même mois d'août 1886 que le P. Marie-Antoine préside à l'érection du chemin de croix de Lourdes, 14 croix de bois massif portées par six cents pèlerins.

Pionnier des pèlerinages de Lourdes, c'est certainement à ce titre que Mgr Shœpfer lui offrit, au nom des Brancardiers de Lourdes, la statue de Notre Dame de Lourdes, qui avait été placée sur l'autel provisoire de la Basilique du Rosaire en 1889. Elle se trouve aujourd'hui à l'église Notre-Dame du Pech à Lavaur (81) restaurée en 2008 pour y accueillir un futur centre documentaire sur le Père Marie-Antoine.

[modifier] Notre-Dame du Pech

Sur la fin de sa vie il voulut donner à sa ville natale un lieu de prière à Marie, c'était en réalité un rêve très ancien !

"Notre Dame de Consolation au Pech de Lavaur". Un sommet gracieux, qui se dresse en pleine campagne à quelques minutes de Lavaur et qu'on appelle Le Pech, bien isolé et bien visible de toute la région.

Jamais cependant il n'en eut les moyens; mais un jour, il apprit que le monticule était à vendre, un bienfaiteur se présenta pour l'acheter et le projet si longtemps envisagé entra en exécution.

Enfin la chapelle s'édifia, dominée par un clocher élégant que couronne l'image de la Madone bénissant la contrée. Au dessus du maître-autel de la chapelle, une statue hiératique, très ancienne, offerte au P. Marie-Antoine, à la fin d'une mission à Vicdessos, en Ariège.

Notre Dame de Consolation était son nom, et ce vocable convenait parfaitement à la situation du Père dans ces dernières années de sa vie. Un nom dont il aimait appeler sa mère !

[modifier] Fin de sa vie

Retiré au couvent de Toulouse qu'il avait fondé 33 avenue Jean Rieux, il vivait en ermite avec un de ses compagnons, le Frère Rufin. Tous les religieux ayant été expulsés par les lois anticléricales de 1901, les Capucins de la province de Toulouse étaient partis en exil en Espagne.

Le “Saint de Toulouse” s’endormit dans le Seigneur le matin du 8 février 1907 vers 5 heures. Ses obsèques furent triomphales et sa tombe, située dans l'église du couvent, aujourd'hui propriété des Carmes, a toujours été entourée de vénération. Sa cause de béatification a été introduite à Rome, le 20 août 1948. En 1954 de nouveaux documents ont été transmis à la Sacrée Congrégation des Rites (aujourd'hui Congrégation pour la Cause des Saints). Les dernières études de la cause par la Congrégation ont eu lieu en janvier 1967. Depuis, rien ne se passe pour la cause, aux dires de Jacqueline Baylé, Adjointe au Maire de Toulouse, auteur d'une gigantesque biographie du Père Marie-Antoine de Lavaur : Le Saint de Toulouse s'en est allé (Editions du Carmel, 2006). Pour réactiver le processus de canonisation, une association a été créée en 2005 par Jacqueline Baylé, l'APMA, Association pour la mémoire du Père Marie-Antoine de Lavaur, 25 rue de la Concorde, 31000 Toulouse. Site WEB [1]

Aujourd’hui, le Ministre Provincial des Capucins de France, les Archevêques de Toulouse et d’Albi agissent dans le sens d’une réactivation du procès de béatification (source APMA).

[modifier] Après sa mort

Son corps repose dans la chapelle de ce couvent des Capucins qu'il avait fondé à Toulouse au 33 avenue Jean Rieux, dans une petite chapelle latérale que la piété populaire continue d'orner de fleurs.

En 1999 les Capucins et les Carmes ont échangé leurs couvents.

Les Capucins, qui sont aujourd'hui hébergés au 2 rue d'Aquitaine, seront heureux d'évoquer avec vous la mémoire de leur aîné. Site WEB : http://www.capucinstoulouse.com/

[modifier] Un miracle

En 1953 un nouveau vitrail a été installé dans l'église Notre Dame de la Trinité à Blois, pour évoquer la guérison d'une aveugle, mère de trois enfants, par l'intercession du Père Marie-Antoine. Elle aurait retrouvé la vue à sa prière.

En 1954, de nouvelles pièces du procès sont déposées à la Sacrée Congrégation des Rites, dont celles concernant le "miracle Coutaud" de 1951. Le 25 janvier 1967, ladite Congrégation a officiellement ouvert ce dossier.

[modifier] Citations

D'une lettre qu'il écrivit de cet endroit privilégié, on cite aisément ces quelques passages :

  • Marie est là, visible encore… On y respire le parfum qu'elle a laissé dans cette sainte vallée, dans cette grotte, et sur ces riantes collines : il semble, la voir et entendre sa voix, quand on voit et qu'on entend la petite bergère qui a eu le bonheur d'être visitée par elle dix-huit fois.

à propos de Bernadette Soubirous

  • En grandissant, cette angélique enfant, conserve toute sa sublime et sainte simplicité, elle est là, sur les lieux, comme une fleur tombée du ciel, ou plutôt du cœur même de Marie, pour être le témoin perpétuel et toujours sensible du miracle des apparitions.