Kazimierz

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La synagogue Remuh
La synagogue Remuh

Kazimierz est actuellement un quartier de Cracovie en Pologne, mais du XIVe siècle jusqu'au début du XIXe siècle ce fut une ville nouvelle, mais aussi une bourgade située en dehors des limites de la ville pour héberger les juifs de Cracovie afin qu'ils ne cohabitent pas avec les chrétiens. C'est aujourd'hui un quartier touristique à la mode par ses galeries d'art, ses monuments, ses restaurants et ses boites de nuit, tant pour les visiteurs étrangers que locaux.

Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, Kazimierz resta le quartier juif de la ville, regroupant la majeure partie des 65.000 Juifs sur le quart de million d'habitants de la Cracovie d'avant-guerre.

Sommaire

[modifier] Histoire de Kazimierz

Sur les terrains formant aujourd'hui le quartier de Kazimierz furent créés des villages dès le haut Moyen Âge, sur les bords de la Vistule, profitant de la proximité de la capitale du duché de Petite-Pologne, Cracovie. Le quartier doit son nom au roi Casimir III qui fonda la ville en 1335. L'intention du roi était de renforcer les défenses de la capitale de la Pologne du côté sud. Pour cette raison la ville fut rapidement dotée de murailles et de donjons. Quatre églises furent bâties également, la bourgade s'étendit au nord vers Cracovie (quartier de Stradom), à côté du château de Wawel.

En 1495, l'histoire de la ville changea radicalement lorsque le roi Jan Olbracht décida de créer à l'est de la bourgade chrétienne de Kazimierz, sur les terrains marécageux du village de Bawół, une bourgade juive (oppidum iudaeorum) afin d'y installer, pour des raisons politiques et économiques, les Juifs qui habitaient à Cracovie.

Le quartier juif de Kazimierz, entouré d'une muraille, se développa ainsi de manière autonome au cours des siècles, à côté du quartier chrétien. Commerçants et banquiers juifs s'y firent construire des maisons de plus en plus importantes.

Comme nombre de villes polonaises, Kazimierz souffrit beaucoup des invasions étrangères à partir du XVIIe siècle. Après leur départ, la bourgade se reconstruisait rapidement, de nouvelles églises, hors du quartier juif, étant construites. Les villes de Cracovie et de Kazimierz devenant mitoyennes, la diète de 1788-1792 décida que Kazimierz serait intégré à la ville de Cracovie. Malgré l'opposition de la municipalité, la ville devient quartier de Cracovie en 1801. Simultanément le pouvoir autrichien imposait aux Juifs d'habiter le ghetto, tandis qu'étaient supprimées deux paroisses catholiques locales. C'est au cours de la période 1815-1846 au cours de laquelle Cracovie fut une ville libre indépendante que furent abattus, en 1822, les murs du quartier juif, ce qui permit aux Juifs de s'établir progressivement dans le quartier chrétien. En 1860, l'interdiction faite aux Juifs d'habiter ailleurs que dans le ghetto fut officiellement levée.

Sous l'occupation autrichienne (1846-1918) sera comblé le méandre de la Vistule qui séparait alors Kazimierz du reste de Cracovie (aujourd'hui rue Józef Dietl).

C'est surtout au cours du XIXe siècle que Kazimierz devint un centre culturel et religieux important pour les Juifs d'Europe centrale. De nombreuses synagogues furent édifiées, ainsi que des écoles, yeshivas et heders.

L'occupation nazie au cours de la Seconde Guerre mondiale, fut la période la plus noire de l'histoire du quartier. Après avoir chassé beaucoup de Juifs de la ville à partir de mai 1940, les Nazis firent construire en mars 1941 un ghetto au sud de Kazimierz, de l'autre côté de la Vistule, dans le quartier de Podgórze, où furent entassés jusqu'à 45 000 Juifs de la ville et des environs. C'est dans ce ghetto que les Nazis firent bâtir plusieurs usines où des Juifs étaient employés. La fabrique d'Oscar Schindler, qui parvint à sauver une partie de ses travailleurs (La liste de Schindler), se situait toutefois à l'est, en dehors des limites du ghetto. Fin 1942 fut ouvert le camp de travail de Płaszów au sud qui devint camp de concentration en 1944. Les premières arrestations et déportations vers le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau eurent lieu en mars 1942. C'est au cours de la seconde moitié de 1942 que furent déportés et exterminés au camp de Belzec la plupart des Juifs du ghetto qui est définitivement détruit à la mi-mars 1943. Les rescapés furent dirigés vers Auschwitz ou Płaszów.

Après guerre, environ 3 000 Juifs revinrent à Cracovie. Ils y trouvèrent leurs maisons détruites ou occupées, furent victimes de violences, s'éparpillèrent dans la ville sans reformer de véritable communauté. Pour éviter d'autres affrontements, certains acceptèrent de s'installer dans les nouvelles provinces incorporées à la Pologne, la Silésie et la Poméranie d'où les Allemands avaient été chassés, mais suite aux pogroms dans la Pologne d'après-guerre, émigrèrent. Il ne reste aujourd'hui que moins de 200 Juifs à Cracovie.

[modifier] Les monuments de Kazimierz

Sept synagogues subsistent à Kazimierz dont une (Remuh) encore ouverte au culte. La plupart des autres sont ouvertes aux visites touristiques, certaines sont en cours de rénovation, d'autres servent de salles d'exposition.

[modifier] Le Kazimierz d'aujourd'hui

Délaissé au cours de la période communiste, le quartier renait à partir des années 1990. Lieu de mémoire juive (Kazimierz et Podgórze comptent plus d'une trentaine de sites à voir ou visiter) et chrétienne, il devient aussi lieu de vie pour les artistes et les étudiants qui réoccupent un quartier longtemps bon marché. Cafés, pubs, restaurants, boites de nuit coexistent à côté de plaques en mémoire de la Shoah, du centre culturel juif et de lieux de cultes, constituant un mélange des genres qui n'est pas toujours exempt de critiques. Mais une fusion s'opère sans doute dans les discothèques proposant de la musique klezmer et les restaurants une cuisine juive, dont la fameuse carpe farcie.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

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