Juste valeur

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La juste valeur (fair value en anglais) est une méthode de valorisation des actifs prônée par les normes comptables internationales IFRS, qui s'appliquent aux comptes consolidés des grandes entreprises françaises. Selon la méthode de la juste valeur, les actifs doivent être valorisés dans les bilans à leur valeur de marché à la date de clôture du bilan. Cette méthode s'oppose à la "valorisation au coût historique", utilisée dans les normes comptables françaises, selon laquelle l'actif reste valorisé dans les comptes à son prix à la date d'achat, même si sa valeur de marché a entretemps évolué.

La méthode de la juste valeur appliquée aux crédits titrisés (CDO en particulier) explique l'ampleur des dépréciations d'actifs, et donc des pertes, constatées dans le secteur bancaire en 2007 et 2008, lors de la crise des subprimes (plus de 100 milliards d'actifs dépréciés au début février). L'application de cette méthode a entraîné des critiques envers les normes comptables IFRS, mises en place peu de temps auparavant. Un journal spécialisé écrit : "le passage aux normes comptables IFRS expose désormais les sociétés à une très forte volatilité aussi bien de leur compte de bilan que de leur compte de résultat."[1].

Selon le quotidien économique Les Echos en janvier 2008, "le principe de juste valeur ("fair value") semble appelé à demeurer cette année le principal sujet d'attention des hommes du chiffre, qu'ils soient préparateurs de comptes, auditeurs ou analystes."[2]

Sommaire

[modifier] Fonctionnement de la juste valeur

Le principe est que les actifs doivent être valorisés à leur valeur de marché à la date de clôture du bilan, une méthode baptisée "mark-to-market"[3].

Lorsque la valeur de marché n'existe pas ou que celle-ci est aberrantes (cas des ventes d'urgence, ou distressed sales en anglais), la valeur des actifs est établie selon des modèles de valorisation, une méthode baptisée "mark-to-model"[4].

[modifier] Avantages et critiques

[modifier] Avantages

  • La mise en place de la juste valeur avait pour objectif de rapprocher la valeur comptable de la valeur de marché et donc de faciliter le travail des valorisations des sociétés[réf. nécessaire].
  • En actualisant à chaque arrêté des comptes la valeur des actifs, cette méthode réduit les plus ou moins-values potentielles qui n'étaient auparavant pas prises en comptes dans les bilans. Elle devait donc réduire la volatilité des valorisations des sociétés.
  • Cette méthode permet de révéler plus rapidement les conséquences des crises financières, mais aussi ainsi de les résorber plus rapidement. Le quotidien économique français Les Echos explique ainsi que "en identifiant immédiatement les acteurs les plus exposés (NB : à la crise du suprime), la "juste valeur" favorise l'exercice d'une véritable disciplline de marché." Et de rappeler que la crise des années 1990 au Japon avait été prolongée par le fait que les montagnes de créances douteuses avaient été dissimulées dans les bilans des banques[5].

[modifier] Critiques

  • La remise à jour régulière des valeurs des actifs entraîne une volatilité des comptes et des résultats des sociétés sans correspondance avec leur activité économique.
  • Plusieurs responsables d'institutions financières critiquent le fait que la valorisation s'applique à des actifs destinés à être conservés à moyen-long terme et pour lesquels la valorisation instantanée n'a pas de sens[6].
  • Les méthodes de valorisation en "mark-to-model" sont opaques et ne sont pas harmonisées entre sociétés[7]. Dans son rapport intermédiaire de février 2008, le Forum de stabilité financière a appellé, selon Les Echos, à "plus de rigueur dans la mise en oeuvre des méthodologies d'évaluation"[8].

[modifier] Critique de la juste valeur dans la crise du subprime

Avec la crise du subprime, qui a entraîné la baisse de valorisation de nombreux actifs financiers, les établissements financiers à travers le monde ont enregistrés (du début de la crise jusqu'à mars 2008) plus de 150 milliards de dollars de "pertes" correspondant à des dépréciations d'actifs réalisées en vertu du principe de la juste valeur[9].

Ces dépréciations ont entraîné de nombreuses critiques contre la norme de la juste valeur. Ainsi, en mars 2008, le représentant démocrate américain Barney Frank a accusé la norme comptable de la juste valeur de "tirer l'économie vers le bas."[10] et le président de l'assureur américain AIG a réclamé la remise en cause de ce principe[11].

[modifier] Notes et références

  1. Les banques en pertes de valeur, Sylvain de Boissieu et Yann Morell y Alcover, in Investir, 9 février 2008, page 30
  2. La juste valeur sur le devant de la scène comptable in Les Echos, 28 janvier 2008, page 33.
  3. Investir, 9 février 2008, page 30
  4. Investir, 9 février 2008, page 30
  5. Les Echos, 20 mars 2008, page 38.
  6. Par exemple Axel Miller, président de Dexia ; Martin Sullivan, président d'AIG, cité dans Les Echos, 20 mars 2008, page 38.
  7. Investir 9 février 2008, page 30
  8. Les Echos, 20 mars 2008, page 38.
  9. Le subprime relance le débat sur la juste valeur aux Etats-Unis in Les Echos, 20 mars 2008, page 38
  10. Les Echos, 20 mars 2008, page 38
  11. Les Echos, 20 mars 2008, page 38

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes