Jules Destrée

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Jules Destrée, statue en bronze par Alphonse Darville. Charleroi, Boulevard Audent.
Jules Destrée, statue en bronze par Alphonse Darville. Charleroi, Boulevard Audent.

Jules Destrée (Marcinelle 21 août 1863 - Bruxelles 2 janvier 1936) est un homme politique belge, docteur en droit. Bourgeois humaniste, les procès consécutifs aux grèves de 1886 vont déterminer son engagement au POB, l'ancêtre du parti socialiste.

On retient de lui sa fameuse Lettre au Roi, rédigée en 1912, texte fondateur de la prise de conscience de l'identité wallonne.

Après la Première Guerre mondiale, Jules Destrée entre au sein de La Grande Belgique, un mouvement nationaliste belge qui devient le Comité de Politique Nationale mais Destrée reçoit l'ordre du Parti Ouvrier Belge de quitter ce groupe.[1]

Sommaire

[modifier] Lettre au Roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre

Il s'agit d'une lettre ouverte écrite par Jules Destrée en 1912 et adressée au roi des Belges Albert Ier.

[modifier] Contexte

C'est en 1911, à l'occasion de l' Exposition de Charleroi de 1911, l'exposition des arts anciens du Hainaut, que Jules Destrée prend conscience de la spécificité wallonne. Dès lors, il va exprimer ses revendications pour l'autonomie de la Wallonie. En novembre, devant le Jeune Barreau de Bruxelles, il fait une conférence sur le sujet, évoquant déjà la minorisation politique de la Wallonie : « Nous sommes des vaincus, et des vaincus gouvernés contre notre mentalité. »

Cette fameuse lettre sera publiée dans la Revue de Belgique du 15 août 1912 et dans le Journal de Charleroi du 24 août 1912, puis reprise par La Gazette de Charleroi et, à Liège, par L'Express (qui avait lancé en juin une grande campagne nationaliste wallonne), puis, en feuilleton, par La Meuse.

De ce long texte, on retient deux phrases :

  • « Et maintenant que me voilà introduit auprès de Vous, grâce à cette sorte de confession, laissez-moi Vous dire la vérité, la grande et horrifiante vérité : "Il n'y a pas de Belges, mais des Wallons et des Flamands." »
  • « Sire (...) Vous régnez sur deux peuples. Il y a en Belgique, des Wallons et des Flamands ; il n'y a pas de Belges. »

[modifier] L'approbation d'Albert Ier

Le destinataire de cette lettre fit savoir à son secrétaire, Jules Ingenbleek, qu'il en approuvait l'analyse :

« J'ai lu la lettre de Destrée qui, sans conteste, est un littérateur de grand talent. Tout ce qu'il dit est absolument vrai, mais il est non moins vrai que la séparation administrative serait un mal entraînant plus d'inconvénients et de dangers de tout genre que la situation actuelle. [2] »

[modifier] L'écrivain, l'homme de culture

Dans Balises pour l'histoire de nos lettres, Marc Quaghebeur estime que la Lettre au Roi de Destrée vaut plus que pour la phrase célèbre : « À l'identité wallonne, Jules Destrée consacra ses meilleurs essais, s'efforçant de résoudre l'énigme du Maitre de Flémalle, restituant à Rogier de le Pasture ses origines tournaisiennes et son nom.[3] »

Comme Ministre des sciences et des Arts, Jules Destrée fonda l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Paul Valéry lui a rendu le plus vibrant hommage.

[modifier] Citations

  • « L'art exige une absolue liberté. Toute contrainte le stérilise ! L'État n'a que des devoirs vis-à-vis de l'art ; il n'a pas de droits », 1896.

[modifier] Lien externe

[modifier] Notes

  1. Eric Defoort, Le courant réactionnaire dans le catholicisme francophone belge, 1918-1926 Première approche, Revue Belge d'Histoire Contemporaine, VIII, 1977, Louvain, p. 101.[lire en ligne]
  2. Landro, 30 août, A Jules Ingebleek, secrétaire privé du Roi et de la Reine, lettre reproduite in extenso in M-R Thielemans et E. Vandewoude, Le Roi Albert au travers de ses lettres inédites, Office international de librairie, Bruxelles, 1982, pp. 435-436.
  3. Marc Quaghebeur, Alphabet des lettres belges de langue française, Promotion des Lettres belges de langue française, Bruxelles, 1982, p. 229.
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