Johannes Trithemius

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Johannes Trithemius
Johannes Trithemius

Johann Heidenberg, plus connu sous son nom latinisé Johannes Trithemius ou sous son nom francisé Jean Trithème, né le 1er février 1462 et mort le 13 décembre 1516 au monastère de Würzburg, est un abbé allemand à l'origine de plusieurs découvertes en cryptologie. Le nom de Trithème provient de sa ville natale, Trittenheim en Allemagne.

Sommaire

[modifier] Biographie

D'une curiosité insatiable, il étudia très jeune à Trêves et ensuite à l'université de Heidelberg. En 1480, il créa avec quelques étudiants une société initiatique, la Confrérie celtique (Sodalitas celtica). Un hiver, en rendant visite à sa mère dans son village en 1482, surpris par une tempête de neige, il se réfugia dans l'abbaye des bénédictins de Sponheim[1] près de Bad Kreuznach. Il décida d'y rester et de se faire moine. Il prononça ses vœux le 21 novembre 1482 et devint abbé en 1483[2]. Trithème se lança alors dans un projet ambitieux : rénover l'abbaye, qui était dans un état lamentable, y instaurer la discipline et en faire un lieu d'études. L'abbaye avait été mal dirigée pendant de nombreuses années, les bâtiments tombaient en ruine et les moines étaient oisifs la plupart du temps. Trithème entreprit des restaurations, réorganisa la vie de l'abbaye et obligea les moines à un travail régulier. Grâce à Trithème, la bibliothèque de l'abbaye passa de moins de 50 manuscrits à plus de 2000, notamment en grec, en latin et en hébreu. Renommée dans toute la Germanie, elle attira de nombreux érudits.

Gravure représentant Jean Trithème
Gravure représentant Jean Trithème

Il écrivit des ouvrages de théologie et des ouvrages historiques sur les membres éminents de son ordre, tout en se passionnant pour l'astrologie, la magie et les sciences hermétiques. Vers 1498, il travailla sur sa stéganographie, en apparence un art de crypter les messages. Suite à des indiscrétions, et comme il utilisait des signes étranges dans sa stéganographie, on crut qu'il composait un grimoire de magie et il dut rendre des comptes. Cependant, ni sa foi, ni son orthodoxie ne purent être prises en défaut. Durant une visite qu'il rendit à Heidelberg au comte palatin du Rhin Philippe en 1505, ses moines, qui ne supportaient pas l'austérité de sa discipline, se saisirent de l'occasion pour se révolter en brûlant sa bibliothèque magique.

Sa réputation de magicien et les conflits avec les membres de l'abbaye conduisirent à sa démission en 1506. Il accepta l'offre de l'évêque de Würzburg, Lorenz von Bibra (évêque de 1495 à 1519), qui le plaça comme abbé[3] du Schottenkloster (monastère écossais) de l'Abbaye Saint-Jacques de Würzburg, où il demeura jusqu'à la fin de sa vie. Il y reprit ses travaux et ses enseignements secrets, mais avec beaucoup plus de prudence. Il fit croire qu'il n'acheverait pas sa stéganographie et il rédigea sa Polygraphie, qui en était somme toute la suite. Il continua aussi à approfondir la Kabbale et à étudier la magie en protégeant ses travaux au moyen de ses méthodes de cryptage. Il avait un savoir immense, mais son goût immodéré des mystères et du fantastique lui valurent des ennemis, mais aussi des protections. Il déconcertait, car d'un côté il était l'auteur d'ouvrages de piété, de théologie et d'histoire religieuse, mais d'un autre sa stéganographie et ses autres ouvrages hermétiques lui donnaient une réputation de magicien.

Parmi ses disciples se trouve Heinrich Cornelius Agrippa et il eut une forte influence sur Paracelse

[modifier] Cryptologie

La Polygraphie de Trithemius.
La Polygraphie de Trithemius.

Son ouvrage le plus connu est Steganographia (Stéganographie), composée aux alentours de 1499 et publiée à Francfort en 1606. Cet ouvrage en trois volumes se présente comme un traité d'angélologie d'inspiration kabbaliste, avec des explications pour communiquer sur de longues distances avec les esprits. Le véritable contenu, concernant la cryptographie, est en fait dissimulé par un procédé stéganographique. En 1606, la méthode pour déchiffrer les deux premiers ouvrages est publiée. Le troisième volume fut considéré pendant longtemps comme un ouvrage de magie, mais les incantations dissimulaient également un contenu sur la cryptologie.

En Allemagne au XVIIe siècle, de nombreux auteurs ont prétendu qu'il était l'inventeur du carré de Vigenère. Un tel tableau se trouve dans son ouvrage Polygraphiae (La Polygraphie), paru en 1518. C'est la première fois que cette méthode, le chiffre de Trithémius, apparaît.

[modifier] Notes

  1. Sponheim ou Spanheim.
  2. Certains auteurs disent en 1485.
  3. Comme prieur selon une autre source.

[modifier] Ouvrages

  • Annales Hirsaugiensis (1514)
  • Antipalus maleficiorum (1508)
  • Catalogus illustrium virorum Germaniae (1491-1495)
  • Chronicon Hirsaugiense (1495-1503)
  • Chronicon Sponheimense (1495-1509) : Chronik des Klosters Sponheim, 1024-1509, Eigenverlag Carl Velten, Bad Kreuznach, 1969.
  • Chronicon successionis ducum Bavariae et comitum Palatinorum (v. 1500-1506)
  • Compendium sive breviarium primi voluminis chronicarum sive annalium de origine regum et gentis Francorum (v. 1514)
  • De cura pastorali (1496)
  • De duodecim excidiis oberservantiae regularis (1496)
  • De institutione vitae sacerdotalis (1486)
  • De laude scriptorum manualium (1492) : Zum Lob der Schreiber, Freunde Mainfränkischer Kunst und Geschichte e. V., Würzburg, 1973 (latin / allemand).
  • De laudibus sanctissimae matris Annae (1494)
  • De origine gentis Francorum compendium (1514) : An abridged history of the Franks / Johannes Trithemius, AQ-Verlag, Dudweiler, 1987 ISBN 3-922441-52-1 (latin / anglais).
  • De origine, progressu et laudibus ordinis fratrum Carmelitarum (1492)
  • De proprietate monachorum (avant 1494)
  • De regimine claustralium (1486)
  • De scriptoribus ecclesiasticis (1494)
  • De septem secundeis id est intelligentiis sive spiritibus orbes post deum moventibus (v. 1508). Ouvrage sur l'histoire et l'astrologie.
  • De triplici regione claustralium et spirituali exercitio monachorum (1497)
  • De vanitate et miseria humanae vitae (avant 1494)
  • De visitatione monachorum (v. 1490)
  • De viris illustribus ordinis sancti Benedicti (1492)
  • Exhortationes ad monachos (1486)
  • In laudem et commendatione Ruperti quondam abbatis Tuitiensis (1492)
  • Liber octo quaestionum (1515)
  • Liber penthicus seu lugubris de statu et ruina ordinis monastici (1493)
  • Nepiachus (1507)
  • Polygraphiae (1508)
  • Steganographia (série de volumes écrit dès 1499, publié en 1606, classé aussitôt à l'index catholique des Livres interdits)
Compilations
  • Marquard Freher, Opera historica, Minerva, Frankfurt/Main, 1966
  • Johannes Busaeus, Opera pia et spiritualia (1604 et 1605)
  • Johannes Busaeus, Paralipomena opuscolorum (1605 et 1624)
Annales Hirsaugiensis

Le titre complet est Annales hirsaugiensis… complectens historiam Franciae et Germaniae, gesta imperatorum, regum, principium, episcoporum, abbatum, et illustrium virorum que l'on peut traduire par « Les annales de Hirsau… comprenant l'histoire de la France et l'Allemagne, les exploits des empereurs, rois, princes, évêques, abbés et d'autres hommes illustres ». Hirsau était un monastère près de Württemberg dont les abbés avaient commandé l'ouvrage en 1495. Trithème mit près de 20 ans à achever cet ouvrage de 1400 pages, paru pour la première fois en 1690. Certains le considèrent comme le premier livre d'histoire humaniste.

[modifier] Lien externe