Joe Frazier

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Joe Frazier
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Fiche d’identité
Nom complet Joseph William Frazier
Surnom Smoking Joe
Le Gorille (dixit Mohamed Ali)
Nationalité États-Unis États-Unis
Date de naissance 12 janvier 1944
Lieu de naissance Beaufort
Style Puncheur à répétition
Catégorie Poids lourds
Palmarès
Combats 37
Victoires 32
Victoires par KO 27
Défaites 4
Titres obtenus Champion du monde (lourds)
1970-1973
Médaille d'or olympique (lourds)
1964

Joseph William Frazier, dit Joe Frazier ou Smokin' Joe, né le 12 janvier 1944 à Beaufort (Caroline du Sud), est un boxeur américain, actif essentiellement dans les années 1960 et 1970. Il fut en son temps le plus grand rival de Mohamed Ali.

Sommaire

[modifier] Ses débuts

Frazier a quitté l'école à l'âge de treize ans pour devenir conducteur de mule, puis est allé à New York travailler dans une fabrique de vêtements à l'âge de seize ans avant de devenir apprenti-boucher à Philadelphie et de commencer à boxer. Découvrant la boxe par hasard, il pratique au départ ce sport simplement pour perdre du poids. Avec une seule défaite en amateur contre Buster Mathis, il peut espérer se qualifier pour les Jeux Olympiques de 1964. Mathis gagne à nouveau contre lui et devient le représentant des États-Unis dans la catégorie des lourds. Suite à un empêchement, c'est Frazier qui le remplace et se rend à Tokyo où il est le seul américain à remporter une médaille d'or.

[modifier] Professionnel

Frazier débute sa carrière professionnelle l'année suivante à Philadelphie, sa ville. Du 16 août 1965 au 25 juillet 1966, il remporte 11 combats (tous par KO), aucune défaite ni aucun nul, des victoires expéditives: seul un de ses adversaires dépasse le 5e round. Le 21 septembre 1966, "Smoking Joe" se retrouve confronté pour la première fois à Oscar Bonavena surnommé "Ringo" et réputé pour être le roi des encaisseurs. Il sera le premier à atteindre la limite contre Frazier. Jusqu'au 18 décembre 1967, il affronte encore 7 adversaires, notamment George Johnson qui est le deuxième à survivre au point contre Joe et surtout George Chuvalo, boxeur confirmé et endurant, difficile à mettre KO (Chuvalo avait perdu honorablement au point contre le champion du monde Mohamed Ali). Frazier détruit Chuvalo en 4 rounds.

[modifier] Le style Frazier

À la fin de l'année 1967, Joe s'est fait un nom. Boxant de Philadelphie jusqu'à Los Angeles et New York, invaincu avec 19 victoires dont 17 KO, ce gros cogneur impressionne. Tout comme Rocky Marciano et Mike Tyson, Frazier est très petit pour un poids lourds mais il compense son allonge insuffisante par une puissance de frappe exceptionnelle qui se distingue par ses lourds crochets au corps et surtout son fameux crochet du gauche, le "coup céleste" selon certains journalistes. Bien que Frazier soit droitier, il a fait de son gauche son arme favorite. Autre atout, Frazier est un bourreau de l'entraînement. Son endurance lui permet de tenir jusqu'au bout de chaque combat sans faiblir et il encaisse les coups comme personne. En plus de sa forme, il dispose d'un acharnement au combat que l'on pourrait qualifier de suicidaire. Le style de Frazier n'est pas difficile à contrer par de bons techniciens du ring ou des boxeurs qui lui sont physiquement supérieurs, mais reste très désagréable pour n'importe lequel de ses adversaires. Frazier est un adepte du "forcing" à outrance et un spécialiste du corps à corps qui avance constamment sur l'autre et exerce une pression en parant tout. Sa garde de "bras en croix" et ses esquives plongeantes assez rapides pour un boxeur de son poids font des merveilles. Ses adversaires finissent toujours par craquer contre ce boxeur impossible à briser et un bombardement ininterrompu de crochets gauches.

[modifier] Champion du monde

En 1968, Frazier se retrouve à New York contre son rival Buster Mathis, ces deux adversaires à la popularité montante feront un impressionnant combat. Mathis s'incline au 11e round. Frazier surprend encore en abattant en 2 rounds Manuel Ramos et finit l'année en beauté par une revanche acharnée contre Oscar Bonavana, son autre grand adversaire, qui une fois encore tient jusqu'au dernier round. Il est alors clair que Frazier est la nouvelle vedette de la catégorie des lourds. Celle-ci connaît des problèmes, le champion Mohamed Ali s'est vu retirer son titre pour avoir refusé d'être incorporé dans l'armée américaine, alors en guerre au Vietnam. Jimmy Ellis a été désigné champion à sa place.

En attendant de pouvoir se confronter à Ellis, Frazier bat facilement en 1969 Dave Zyglewicz à Houston puis fait une exhibition contre Don Warner et surtout se retrouve vainqueur de Jerry Quarry, le grand espoir blanc de l'époque. Pour la presse, à moins qu'Ali soit autorisé à reboxer, Joe Frazier est le vrai champion. C'est finalement le 16 février 1970 à New York que l'affrontement entre Ellis et Frazier a lieu. Ce dernier détruit son adversaire avec puissance et le met KO au quatrième round.

Champion officiel, Frazier sait qu'il sera crédible seulement par une victoire sur Ali. Joe est favorable à son retour et à la restitution du titre à l'ex-champion, mais Ali l'ignore et se moque de lui. C'est le début de leur fameuse rivalité et d'une longue série de diatribes humiliantes d'Ali qui ne cesseront qu'en 1975. Pendant qu'Ali fait son grand retour tonitruant contre deux victimes de Frazier, Quarry et Bonavena, Smoking Joe défend son titre une première fois contre le réputé Bob Foster. Frazier le met KO en deux rounds. Avec un score de 26 victoires dont 24 KO, cet assommeur et prêt pour affronter un autre champion invaincu: Mohamed Ali.

[modifier] Le face à face

Leur premier affrontement, surnommé un peu vite « le combat du siècle », est l'un des combats majeurs de l'histoire de la boxe et le premier des super combats entre deux monstres du ring qui jalonneront les « très riches années 1970 ». Premier combat entre deux champions invaincus dans l'histoire de la boxe (le suivant sera le duel Mike Tyson-Michael Spinks en 1988), mais aussi premier combat à être regardé en masse par des millions de spectateurs à travers le monde, il restera comme le match le plus important de Joe Frazier, alors à l’apogée de sa carrière.

Le 8 mars 1971, dans un Madison Square Garden rempli à bloc, Ali semble être le favori. Très populaire, le charismatique champion, sûr de son bon droit, doit normalement récupérer son titre injustement retiré face à son terne et timide adversaire qu'il n'a eu de cesse de tourner en ridicule. Il sous estime Frazier pensant être plus motivé. En fait, c'est le contraire qui se produit. Frazier, déçu par l'attitude d'Ali alors qu'il l'avait soutenu et voulant surtout effacer son manque de popularité et de crédibilité, va s'avérer plus motivé qu'on ne s'y attendait. Si Ali débute bien le combat par sa vitesse et sa mobilité, Frazier ne semble pas inquiété et arrive quand même à contrer son adversaire avec son fameux gauche. Au quatrième round, le combat prend une autre tournure. Le tenant du titre réussit à coincer le challenger dans les cordes. Pendant tout le reste du combat, Ali se fait dominer. Aucun de ses coups ne fait plier un adversaire au sommet de sa forme. Les esquives de Frazier sont aussi réussies que les siennes, ses dangereux crochets au corps atteignent tous leur cible. Ali ne tient plus, il trébuche et met un genou à terre au 11e round. Il est toujours lucide mais ne tient plus sur ses jambes. Frazier le poursuit d'un coin à l'autre du ring, sous les acclamations d'un public en délire. Pour la première fois, « Ali l'invincible » est tout proche de la défaite. Au 15e round, les deux adversaires sont quelque peu épuisés. Frazier profite de cet instant pour décocher à la face d'Ali un superbe crochet gauche qui restera dans l'histoire de la boxe. Ali s'écrase lourdement au sol. Dans un ultime effort, il parvient néanmoins à se relever, la joue droite terriblement enflée. S'ensuivent quelques accrochages avec son adversaire qui lui permettent de tenir jusqu'au terme du match. Lorsque le verdict est rendu, il est sans appel: Frazier est donné vainqueur aux points avec 8 rounds remportés contre 5 pour Ali, 2 rounds étant déclarés nuls. A la fin du match, Frazier est complètement exténué et tient des propos incohérents aux journalistes qui l'interrogent. Il devra d'ailleurs être hospitalisé.

A partir de ce moment, Frazier déclinera, ne pratiquant plus que deux combats par an, pas assez cependant pour se maintenir au plus haut niveau. Afin de récupérer médicalement, il ne prend plus de risque. Il ne fait qu'une simple exhibition à Houston pour le reste de l'année 1971. En 1972, il combat les deux médiocres boxeurs, Terry Daniels et Ron Stander, qu'il bat facilement. Ce manque d'activité, et aussi d'entraînement depuis son combat contre Ali, lui seront fatal.

[modifier] Perte du titre

Le 22 janvier 1973 à Kingston en Jamaïque, Frazier affronte enfin le challenger numéro 1 qui patiente depuis plus d'un an pour le rencontrer: un colosse nommé George Foreman. Frazier connaît la force de ce redoutable adversaire et contrairement à ce qu'on a cru par la suite, il s'entraîne avec sérieux et ne le sous-estime pas. Foreman va infliger à Frazier sa première défaite et sa plus humiliante correction. Au 1er round, Frazier n'arrive pas à lui porter de coup au visage juste parce qu'il est trop petit. Foreman le repousse négligemment avec ses deux bras et lui assène ses crochets et uppercuts surpuissants. A trois reprises, Frazier se retrouve à terre. Au 2e round, fidèle à son style, il repart à l'attaque et décolle du sol sur les uppercuts de Foreman. De nouveaux au tapis par trois fois et la bouche en sang, il se relève sans trop avoir l'air KO mais l'arbitre met fin au combat et à 3 ans de règne.

[modifier] La revanche

S'il n'est plus champion, Frazier reste l'un des dix meilleurs boxeurs mondiaux et le prouve le 2 juillet 1973 à Londres en gagnant contre Joe Bugner un boxeur très solide.

Le 28 janvier 1974, la revanche tant attendue entre Ali et Frazier a bien lieu de nouveau au Madison Square Garden mais a perdu de son éclat puisqu'il ne s'agit plus d'un championnat du monde mais juste d'un championnat nord-américain. Frazier est méprisé par sa défaite jugé facile contre Foreman en Jamaïque et Ali l'année précédente a subi une seconde défaite et n'a pas fait un seul KO. A 30 et 32 ans ils ne sont plus les deux boxeurs les plus puissants de la planète qui se disputaient la suprématie mondiale. Ils ont été remplacés par Foreman et Norton qui vont s'affronter en mars 1974.

Ali qui est cette fois mieux préparé et surtout plus actif que son vieux rival depuis leur premier combat, prend sa revanche. Il envoie Smoking Joe à terre au 2e round, mais Frazier redevenu indestructible ne perdra qu'aux points se distinguant à nouveau par son forcing.

[modifier] La belle

Cette deuxième défaite n'est pas pour redorer la réputation de Frazier qui proche de la retraite ne peut espérer qu'une belle lucrative contre Ali. En attendant celle-ci, il donne leur revanche à deux de ses anciennes victimes: Jerry Quarry en 1974 et Jimmy Ellis en 1975. Il les met tous les deux KO. En octobre 1974, Ali revient au tout premier plan en battant à la surprise générale George Foreman. De nouveau champion du monde, Ali est acclamé mais à l'âge de 33 ans, il commence à faiblir: il a du mal à gagner contre le mauvais Chuck Wepner et manque de perdre contre Ron Lyle. La belle a lieu à Manille le 1er octobre 1975. La presse boude l'évènement à cause des résultats jugés décevants de Frazier. Il n'est plus qu'un adversaire facile pour Ali qui touche le jackpot de 8 millions de dollars, Frazier empochant "seulement" 3 millions. Mais une fois de plus, Frazier va surprendre l'opinion: il sait que ce championnat du monde est le dernier de sa carrière et il déteste Ali qui en rajoute en moqueries le comparant à un primate en caoutchouc. Joe compte bien accomplir son dernier coup d'éclat et décharger sa haine et ses frustrations trop longtemps contenues sur son éternel rival. Le "Thrilla in manilla" comme on l'appelle sera son combat le plus violent et le plus puissant.

En fin de matinée à Manille par une chaleur écrasante, Ali monte sur le ring et amuse la galerie en faisant mine de s'emparer du trophée qui reviendra au vainqueur. Comme prévu, il gagne les trois premiers rounds et se moque de Frazier par de multiples provocations. La foule hilare énerve encore plus le challenger. Le combat s'équilibre dans les deux rounds suivants, la foule attend avec impatience la victoire d'Ali qui marquerait définitivement sa supériorité mais Frazier ne se laisse pas faire. Ses esquives plongeantes ne marchent plus, sa garde n'est plus aussi hermétiques qu’autrefois, mais il encaisse les coups comme si de rien n'était et conserve le même rictus haineux. Ses crochets sont plus rapides que prévu, tous ses contres font mouches. Ali moins mobile que d'habitude (pour la première fois, il fait plus de 100 kg) est souvent enfermé dans les cordes, l'épuisement et la douleur se voient sur son visage. Qui sera le premier à tomber? Les deux grands choisissent la fuite en avant, Ali surprend par ses coups sournois et prend plus de risque qu'à son habitude. Il en vient même à enfermer Frazier dans les cordes. Celui-ci se sacrifie complètement, attaquant sans cesse, aucun coup ne le fait reculer, l'ambiance devient de plus en plus inquiétante dans le public qui comprend que finalement ce combat n'est pas joué d'avance. Le ring ressemble de plus en plus à une fournaise. Ali comme par miracle reprend le dessus dans les 13e et 14e rounds, faisant même voler le protège-dent de Frazier dans le public. Mais Frazier continue sa résistance désespérée. Entre le 14e et le 15e round, Ali est livide, au bord de la syncope. Frazier a les yeux couverts de sang, la bouche sanglante et un énorme hématome sur le front. Son entraîneur Eddie Futch (une légende de la boxe) lui interdit de reprendre le combat et lui retire ses gants de force.

Frazier, la tête basse pleure. Ali vainqueur se lève, a un malaise et tombe au sol. Il reprend ses esprits et quitte le ring sans fanfaronnades. Il est hospitalisé juste après. "L'expérience la plus proche de la mort" dira-t-il. Il respecte enfin son adversaire. Par la suite, apprenant qu'il avait attristé la famille de Frazier par ses mots, Ali s'excusa dédiant à Frazier l'un de ses nombreux poèmes. Ali aurait déclaré, "c'est le plus grand boxeur de tous les temps ... après moi bien sûr".


[modifier] Les derniers combats

Frazier est bien fini, mais avant de se retirer, il souhaite prendre sa revanche contre Foreman et effacer la honte de sa première défaite mais en vain. Toujours désavantagé par sa taille, il lui portera peu de coups. Plus prudent cette fois, il sera quand même mis KO au 5e round.

Par la suite, il voyagea et enregistra un disque avec un groupe appelé les "Knockouts". Smoking Joe fera un ultime combat en 1981 contre Jumbo Cummings à Chicago, qui donnera match nul.

Il se retira définitivement et entraina son fils Marvis Frazier qui sera vaincu par KO au 1er round contre les champions Larry Holmes et Mike Tyson. Personnage public respecté, Joe a affronté récemment le maire de Philadelphie dans une exhibition pour une oeuvre de charité.

[modifier] Smoking Joe

Frazier est l'un des grands boxeurs des années 1970 connu comme l'un des plus grands puncheurs, son triptyque contre Ali fut suivi massivement par les amateurs à cause des différences de style entre un puncher lourd adepte du corps à corps, chrétien, réservé, représentant l'ordre établi et un technicien rapide, spécialiste du combat à distance, musulman, exubérant, représentant le désordre pour l'amérique blanche.

En 1988 dans un documentaire consacré aux champions des années 1970, Frazier et Ali, enfin réconciliés, se provoquèrent avec amusement, allant même jusqu'à faire semblant d'engager leur quatrième combat et en réclamant d'urgence un arbitre.

[modifier] Lien externe