Jacques Chombart de Lauwe

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Jacques Chombart de Lauwe, dit Colonel Félix, né le 2 janvier 1905 à Compiègne (Oise) et mort le 5 août 1975 à Herbignac (Loire-Atlantique)., est un résistant et un homme politique français.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Études

Après des études secondaires au collège Sainte-Croix de Neuilly puis au collège Stanislas, il suit les cours de la Faculté des lettres de Paris et de l'École des sciences politiques dont il sort diplômé de la section diplomatique. Voyageur cosmopolite, il est l'auteur de l'ouvrage L'Amérique ibérique, fruit de ses nombreux voyages sur le sous-continent.

[modifier] Deuxième guerre mondiale

Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier, s'évade et s'installe en Loire-inférieure où il organise la résistance sous le nom de colonel Félix. Chef départemental FFI, il soutient les Alliés lors du siège de Saint-Nazaire en septembre 1944, participe à la libération de Nantes et demeure commandant du secteur jusqu'en mars 1945. Ses hauts faits militaires lui valent d'être fait chevalier de la Légion d'honneur et de recevoir la Croix de guerre avec palmes.

[modifier] Homme politique

Maire de la commune d'Herbignac de 1945 à 1963, il sera député de Loire-Inférieure de 1945 à 1951, sous l'étiquette du Parti républicain de la liberté. Il est élu conseiller général du canton, le 23 septembre 1945.

Le 21 octobre 1945, Jacques Chombart de Lauwe est élu à la première Assemblée nationale Constituante. La liste Union nationale et républicaine de la Résistance, sur laquelle il se présentait en troisième position, l'emporte nettement avec 119 522 suffrages sur 315 299 exprimés. Membre de la Commission de la presse (il est lui-même journaliste), il interpelle le gouvernement, le 13 mars 1946, lui reprochant de bloquer le prix des journaux à un niveau trop bas pour leur permettre de vivre : « Les journaux ne pouvant se livrer au marché noir, c'est la liberté d'expression qui se trouve compromise, c'est l'avenir d'une nouvelle presse pourrie qui se prépare », déclare-t-il alors.

Il vote contre les nationalisations du crédit (2 décembre 1945), du gaz et de l'électricité et des assurances (28 mars et 24 avril 1946), contre le projet de loi relatif à la dévolution des biens de presse, auquel il avait déposé un amendement (16 avril) et s'oppose au projet de Constitution (19 avril).

Tête de liste du Parti républicain de la liberté, qui obtient 94 297 voix sur 332 102 suffrages exprimés, il est réélu, le 2 juin 1946, à la seconde Constituante. Reconduit dans la Commission de la presse, il est également membre de la Commission de l'éducation nationale et des beaux-arts et intervient à ce titre, le 23 juillet, sur les examens du baccalauréat. Le 19 juin, Jacques Chombart de Lauwe vote pour Georges Bidault comme chef du gouvernement provisoire, mais s'abstient le 26, lors du vote de confiance au cabinet et s'oppose au nouveau projet de Constitution (28 septembre).

Les élections législatives du 10 novembre le portent de nouveau à l'Assemblée avec 98 916 voix sur 326 254 suffrages exprimés. La liste d'Union nationale, Parti républicain de la liberté, union gaulliste et unité paysanne, qu'il conduit, obtient trois des huit sièges à pourvoir, devançant largement les listes MRP, communiste et SFIO. Jacques Chombart de Lauwe s'inscrit au groupe du Parti républicain de la liberté puis, en 1950, au Centre républicain indépendant d'action paysanne et sociale. Président de la Commission de la presse, il appartient aussi à la Commission de la marine marchande, à la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre et à la Commission de l'intérieur. Au cours de la législature, il dépose plusieurs textes, en particulier trois propositions de loi relatives au statut de la presse, alors en discussion (février-mai 1948). Ses nombreuses interventions sont souvent très critiques vis-à-vis du gouvernement. Le 13 mai 1947, il dénonce la division au sein du cabinet Ramadier qui empêche, selon lui, toute politique cohérente face aux graves problèmes de ravitaillement. Le 27 décembre 1950, au cours de la discussion du programme de réarmement, il souligne l'indécision du gouvernement René Pleven par rapport au rétablissement des relations diplomatiques avec l'Espagne franquiste : "A la vérité, la France n'a plus de diplomatie".

Jacques Chombart de Lauwe s'abstient lors du vote de confiance au cabinet Blum (17 décembre 1946), soutient Ramadier au moment de la crise avec les ministres communistes (4 mai 1947), vote contre le projet de loi sur le statut de l'Algérie (27 août), contre la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948). Le 7 juillet 1948, il ne prend pas part au vote sur la ratification du plan Marshall mais approuve le projet relatif à la constitution du Conseil de l'Europe et la ratification du pacte atlantique (9 et 26 juillet 1949). Il vote pour la réforme électorale (7 mai 1951) entraînant le scrutin de liste majoritaire départemental avec apparentements.

Candidat aux élections législatives du 17 juin 1951, comme tête de liste du Rassemblement des gauches républicaines et indépendants français, il n'obtient que 24 181 voix sur 323 721 suffrages exprimés et n'est pas réélu. Aucun apparentement n'avait été conclu dans sa circonscription. Le 27 avril 1955, il est reconduit dans son mandat de conseiller général du canton d'Herbignac. Partisan de l'Algérie française, il s'opposera vigoureusement à la politique du général de Gaulle et soutiendra un temps l'Organisation armée secrète (OAS).

Il est le frère aîné du sociologue urbain Paul-Henry Chombart de Lauwe et de l'agronome Jean Chombart de Lauwe.

[modifier] Ouvrages

  • L'Amérique ibérique, préfacé par André Siegfried, Paris, Gallimard, 1937
  • La genèse de la IVe République, Paris, Gallimard, 1958
  • L’évolution de la situation en Algérie. Le Référendum et les élections, Guérande, Imprimerie de la Presqu’île guérandaise, 1962, 32 p.