Jacob Fugger

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Jacob Fugger par Albrecht Dürer, vers 1519.
Jacob Fugger par Albrecht Dürer, vers 1519.

Jacob Fugger dit le Riche (né le 6 mars 1459 à Augsbourg et décédé dans la même ville le 30 décembre 1525) est le banquier le plus célèbre de la famille Fugger.

[modifier] Biographie

Jacob Fugger avec son comptable. Les dossiers derrière eux citent le nom des succursales de la maison Fugger, véritablement internationale : Rome, Venise, Cracovie, Lisbonne, Innsbruck, Nuremberg, etc.
Jacob Fugger avec son comptable. Les dossiers derrière eux citent le nom des succursales de la maison Fugger, véritablement internationale : Rome, Venise, Cracovie, Lisbonne, Innsbruck, Nuremberg, etc.

Héritier, comme ses frères, du sens du commerce de son père Jacob Fugger l'Ancien, il étend l'entreprise familiale vers la mer Adriatique via le port de Venise où il apprend la comptabilité en partie double.

Jacob Fugger tient à contrôler son empire : ses succursales ou factoreries sont gérées par des facteurs/employés de la famille Fugger (ou souvent des membres de la famille). Le siège d’Augsbourg correspond régulièrement avec les facteurs et contrôle de près la comptabilité des succursales qui doivent tenir un journal (avec les affaires effectuées et rapportés quotidiennement), un livre de créance et un livre de caisse récapitulant les dépenses et les rentrées d’argent. A la fin de chaque année, on arrête les compte dans chaque factorie et on envoie les livres à Augsbourg où ils sont convertis en florins rhénans pour être épluchés par Fugger lui-même. Celui-ci voyage régulièrement dans ses succursales.

Chaque succursale a un directeur, des comptables, des caissiers, des secrétaires… Ils sont employés par contrat pour une durée déterminée de 6 à 8 ans. Fugger déplace souvent ses directeurs pour les former et pour empêcher que les directeurs nouent des liens personnels et professionnels dans une ville : ils n’ont pas le droit de faire des affaires pour leur propre compte.

Il met également sur pied un service régulier de renseignements, tellement efficace que l’empereur l’utilise pour acheminer son propre courrier. Ainsi, lors des négociations entre l'empereur Maximilien et le pape Jules II, en 1506, au sujet de son couronnement à Rome, leur correspondance passe par l’agent des Fugger à Innsbruck. À cette occasion, il passe commande auprès d'Albrecht Dürer du tableau commémoratif, La Vierge de la fête du rosaire. En 1509, le courrier entre l’empereur et le roi de France pendant les guerres d'Italie passe par la succursale de Milan.

Sous son influence, la famille amasse une fortune estimée à 5,1 millions de guldens (ce qui dépasse, en comparaison, le chiffre d'affaire cumulé des 30 compagnies listées de nos jours au DAX), soit 2 570 256 florins [réf. nécessaire] (à titre de comparaison, un ouvrier qualifié allemand gagne 33 florins par an, un manœuvre 15 florins par an).

Bien connu dans toute l´Europe, il utilise une partie de ses revenus pour octroyer des prêts et financer des armées de mercenaires. En particulier, il fournit à Charles Quint les sommes nécessaires à l´achat des votes des sept électeurs qui l´élisent empereur du Saint Empire Romain Germanique en 1519. En récompense, sa famille est anoblie et reçoit des droits souverains sur ses terres, en particulier le droit de battre monnaie.

Jacob obtient également le droit de vendre des indulgences papales, ce qui augmente encore sa fortune. Cependant, cette pratique aura un effet négatif sur la population de la ville d´Augsbourg qui accordera une large audience aux prêches protestantes de Martin Luther en 1517.

Peu de temps avant sa mort, il désigne Anton Fugger, un de ses neveux, comme successeur.

[modifier] Sources

  • Léon Schick, Un grand homme d’affaires au début du XVIe siècle : Jacob Fugger, éd. S.E.V.P.E.N, Paris, 1957