Ivan Paskevitch

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Ivan Paskevich
Ivan Paskevich

Ivan Fyodorovich Paskevich (Иван Фёдорович Паскевич) (5 août 1782 - 20 janvier 1856), prince de Varsovie, comte d'Érivan, feld-maréchal des armées russes, lieutenant du royaume de Pologne, chevalier de tous les ordres de Russie de 1e classe, de plusieurs ordres étrangers, décoré du portrait de l'empereur de Russie enrichi de diamants et d'une épée ornée de diamants avec l'inscription : Au vainqueur des Persans, à Elisabetvol.

Il naquit à Pultava, le 8 mai 1782 d'une famille noble et riche, fut placé dans le corps des Pages, et, à la suite d'un brillant examen, fut nommé lieutenant de la Garde, ayant rang de capitaine, et en même temps aide-de-camp de l'empereur Paul, qui l'employa à des missions de confiance. Paskewisch fit ses premières armes contre les Français en 1805.

L'année suivante, il se trouvait à l'armée de Turquie. Présent à presque toutes les batailles et à tous les assauts, il fut blessé dans cette campagne, et conquit tous ses grades à la pointe de l'épée. Il fut aussi chargé de négociations, importantes à Constantinople, notamment en 1808, à l'époque où Sélim III fut précipité du trône. Soupçonné d'espionnage, les Turcs voulaient le massacrer ; il se sauva sur une barque à quatre rames, et traversa ainsi un littoral de cent lieues de la mer Noire. Arrivé à Warna, il persuada au pacha que la paix était conclue, et échappa ainsi à une mort certaine.

Dans cette guerre de Turquie, Paskewisch se distingua souvent. A la mort de Sélim, il y eut un armistice; mais en 1809 les hostilités recommencèrent. Au siège de la place de Braïloff, il monta à l'assaut comme volontaire et un des premiers ; une balle le frappa à la tète. A peine convalescent, il se mit à la poursuite de l'ennemi à la tête d'un détachement, l'atteignit et le tailla en pièces.

Le 27 juillet, au passage du Danube, à la prise de l'île de Tchetali, à l'affaire de Kustendji, à la bataille de Razovat, au siège de Silistri, à la bataille de Tataritza, partout Paskewisch se couvrit de gloire et fit admirer sa bravoure.

En 1810, nommé commandant du régiment de Wilobsk, il participa au combat de Mangalia, à la prise de Silistri, à l'assaut de l'importante forteresse de Buzardjik, et déploya la plus grande intrépidité. Le 4 juin, il était sous les murs de Warna ; il enleva les batteries qui couronnaient le promontoire de Galaterabourg, assiégea la forteresse sur la rive opposée du lac, et repoussa vigoureusement deux sorties de l'ennemi. Il fut, pour cette conduite, nommé chevalier de Saint-George, 3e classe, décoration qui ne se donne pas aux simples colonels.

Palais Paskevich à Gomel, Biélorussie
Palais Paskevich à Gomel, Biélorussie

Le 23 juillet, il assistait à l'attaque de Schoumla, s'empara d'une hauteur et y plaça deux canons qui firent beaucoup de mal aux Turcs.

Le colonel Paskewisch se couvrit encore de gloire au sanglant assaut de Roustchoufk et â l'affaire de Balyne, où il se fit remarquer d'une manière si éclatante qu'il y reçut le grade de général-major. Dans cette bataille qui dura près de deux jours 19 000 Russes taillèrent en pièces 45 000 Turcs. Le pacha y fut tué ; toute l'artillerie, tout le camp, un riche butin et une flottille furent la proie des vainqueurs.

En 1812, lors de l'invasion française, Paskewisch reçut le commandement de la 26e division d'infanterie sous les ordres de Bagration. À la bataille de Smolensk il commandait le centre et l'aile gauche composée de six régiments avec 45 pièces de canon. Il fut un de ceux qui déployèrent le plus de valeur. Il enleva et reprit plusieurs fois des batteries françaises, fit prisonnier un général et eut deux chevaux tués sous lui.

A l'affaire de Wiasma, Paskewisch dirigeait le centre et l'aile droite de l'armée russe; il fondit sur les troupes françaises avec une telle vigueur qu'il les força d'abandonner quatre positions avantageuses. Dans ce fait d'armes important qui coûta dix mille hommes aux deux armées, il donna une nouvelle preuve de son intelligence.

Portrait par George Dawe exposé à la Galerie militaire  de Saint-Petersbourg
Portrait par George Dawe exposé à la Galerie militaire de Saint-Petersbourg

Le 3 novembre, sur le chemin de Smolensk à Krasnoé, il attaqua , avec une brigade, la queue de la première colonne de la garde impériale, fit 600 prisonniers, parmi lesquels un général, enleva 4 canons et tous les bagages.

Le 4 du même mois, sa division fut attaquée par le corps d'armée du vice-roi ; il tailla en pièces une forte colonne, lui fit 800 prisonniers, dont un général, et enleva six canons et deux drapeaux. Deux jours après il repoussa le maréchal Ney qui cherchait à se faire jour à travers les colonnes russes. Pendant le reste e la campagne, il commanda l'avant-garde et se trouva continuellement au feu.

Investi à Vilnius du commandement du 7e corps, il passa le Niémen et se dirigea sur Polotsk. En janvier 1813, il commandait en chef le blocus de Modlin qui dura six mois, parce qu'il lui était expressément défendu de faire de siège en règle. Il utilisa ce temps à organiser un corps de 30 000 hommes. Pendant l'armistice de 1813, il commandait la 26e division en Bohême ; il se trouva à la bataille de Kulm.

Ayant de nouveau montré sa bravoure et ses talents sous les murs de Leipzig, il obtint le grade de lieutenant-général, puis fut employé au blocus de Magdebourg, à celui de Hambourg, et commanda en janvier 1814 la 2e division des grenadiers à la tête de laquelle il se distingua à la bataille d'Arcis-sur-Aube.

C'est lui qui, du 17 au 27 mars, refoula jusqu'aux barrières de Paris les français qui combattaient à Bondy, à Belleville, à Ménilmontant.

En 1815, Paskewisch fit partie de l'armée russe qui vint en France. En 1817, il accompagna dans ses voyages en Europe le grand duc Michel et fat nommé à son retour chef d'une division de la Garde impériale en 1823. Alexandre le nomma son aide-de-camp général.

En août 1826, il reçut le commandement des troupes chargées de repousser les Persans qni avaient envahi la Géorgie ; il livra à Elisavetvol une sanglante bataille au prince Abbas-Mirza, le mit en déroute complète, le poursuivit, et l'obligea d'évacuer les provinces envahies.

Investi du commandement en chef en 1827, il passa l'Araxe, battit de nouveau le prince Abbas-Mirza, se porta sur Erivan qu'il investit le 25 septembre, et s'en empara après six jours de tranchée. Il fit la conquête de tout l'Aderbidjan. Abbas, effrayé de ces succès rapides,, demanda la paix.

Une trêve fut conclue ; les négociations furent arrêtées. Le général Paskewisch recommença vigoureusement les hostilités, prit plusieurs places fortes, et n'était guère éloigné de Tchéron, résidence du Shah, lorsque Felh-Ali, sans même consulter son fils, envoya des plénipotentiaires à Paskewisch, avec des présents magnifiques, parmi lesquels ce fameux diamant qui passe pour le plus gros de l'univers.

La paix fut signée le 10 février 1828. Paskewisch fut créé comte de l'Empire avec le surnom d'Erivan et un présent d'un million de roubles.

A la reprise des hostilités avec la Turquie, le comte Paskewisch, avec des ressources minimes, lutta avec succès contre des forces considérables. Il s'empara de la forteresse de Kars considérée comme inexpugnable, de plusieurs places également importantes, remporta les batailles de Kainli et de Milli-Douzé et entra en vainqueur dans Erzeroum, la plus belle, la plus importante de ses conquêtes qui lui valut le titre de l'ordre militaire de Saint-George de 1e classe, distinction que personne ne partage avec l'Empereur.

Continuant le cours de ses victoires, il marchait déjà sur Trébizonde lorsqu'il reçut la nouvelle de la paix signée à Andrinople. Paskewisch se porta alors sur la ligne du Caucase pour châtier les peuplades insurgées de la partie septentrionale de ce pays. Cette expédition terminée, et la Russie asiatique pacifiée, Paskewisch retourna à Tiflis, son quartier général, en décembre 1830.

Mais un orage terrible grondait à l'ouest de la Russie d'Europe ; la Pologne était en feu. Le maréchal Diébitch, commandant en chef l'armée russe contre les insurgés, paraissait au-dessous de sa mission. Il mourut tout à coup du choléra, et le comte Paskewisch fut nommé à sa place.

Il arriva à Polotsk, le 14-26 juin [1831] et prit le commandement de l'armée qui se composait de 74 bataillons d'infanterie, de 101 escadrons de cavalerie régulière, de 51 compagnies de Cosaques et 318 pièces d'artillerie.

En peu de jours il eut tracé son plan de campagne. Les difficultés étaient immenses ; mais grâce à ses habiles manœuvres, et surtout à la conduite plus qu'incertaine de Skryuecki, il parvint à effectuer le passage de la Vistule, puis s'ouvrit un chemin vers Varsovie. Le 23 août le canon gronda sous les murs de cette capitale et l'attaque commença avec impétuosité. Les Polonais défendirent leur dernier boulevard avec un héroïque courage. Le 26, les colonnes russes pénétrèrent dans les faubourgs et dans la ville même et s'y établirent. Paskewisch y fut atteint au bras gauche d'un boulet qui lui fit une forte contusion ; mais il resta sur le champ de bataille.

Le 27, Varsovie avait fait sa soumission ; l'armée n'avait pas mis bas les armes: il se mit à sa poursuite et la dispersa. Le 23 septembre, la Pologne était retombée sous le joug du tsar. Le maréchal comte Paskewisch d'Erivan fut élevé à la dignité de prince de Varsovie avec le titre d'altesse et la transmission de ce titre à la postérité. Il fut, en outre, nommé lieutenant du royaume de Pologne.

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« Ivan Paskevitch », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)