Isopet

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De bonne heure, au Moyen Âge, se constituèrent des recueils de fables, appelés Isopets ou Ysopets (du nom d'Ésope, alors présumé être l'inventeur du genre). Le plus souvent héritées de la culture gréco-latine, ces fables furent transmises jusqu'au Moyen Âge par deux voies distinctes. Une première version en vers latins est écrite par Phèdre au Ier siècle. Au IVe siècle après de nombreux remaniements en vers et en prose, cette version se stabilise et est appelée romulus. Les avionnets furent quant à eux compilés en vers grecs au IIe siècle par Babrius puis traduits en vers latins par Flavius Avianus au IVe siècle. Le plus célèbre de ces recueils, du XIIe siècle, a été composé par Marie de France. Jean de la Fontaine s'est largement inspiré des Isopets pour rédiger ses fables.

[modifier] Fable du Loup et de l'Agneau (XIIe siècle)

Par Marie de France, traduit littéralement en prose.

Ésope dit ceci du loup et de l'agneau, qui buvaient à un ruisseau : le loup à la source buvait, et l'agneau en aval était. Avec colère parla le loup qui était très querelleur. Par mauvaise humeur il lui parla : « Tu m'as, dit-il, fait grand ennui. » L'agneau lui a répondu : « Sire, et en quoi ? » Donc, ne le vois-tu? tu m'as ici troublé cette eau : je n'en puis boire mon soûl. Aussi, je m'en irai, je crois, comme je vins, tout mourant de soif.» L'agnelet donc répond : Sire, déjà vous buvez en amont : de vous me vient tout ce que j'ai bu ». « Quoi ! » fit le loup « m'outrages-tu ? » L'agneau répond : « Je n'en ai intention ». Le loup lui dit : « Je sais de vrai ; cela même me fit ton père, à cette source où j'étais avec lui, maintenant il y a six mois, comme je crois ». « Qu'en retirez-vous, fit-il, sur moi ? Je n'étais pas né, comme je crois. » « Et cela est parce que cela est », lui a dit le loup, « maintenant me fais-tu contrariété ? c'est chose que tu ne dois pas faire. » Donc le loup prit le petit agneau, l'étrangle avec ses dents, et le tue. Ainsi font les riches voleurs, les vicomtes et les juges, de ceux qu'ils ont en leur justice. Faux prétextes par convoitise, ils trouvent assez pour les confondre, souvent ils font comparaître à leurs plaids, la chair ils leur enlèvent et la peau, comme le loup fit à l'agneau.

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