Isaiah Berlin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Berlin (homonymie).

Isaiah Berlin, né le 6 juin 1909 à Rīga (capitale de l'actuelle Lettonie), mort le 5 novembre 1997 à Oxford, est un philosophe politique et historien des idées libérales.

C'est un esprit sensible, acéré et indéfectiblement attaché à la liberté humaine. Un de ses grands talents fut de rendre simple et accessible la complexité de grands penseurs sans les trahir.

Sommaire

[modifier] Biographie

Isaiah Berlin est un penseur conférencier avant d'être un auteur qui à l'instar de Benjamin Constant savait exprimer l'essentiel de sa pensée lors de ses conférences. Il fut surnommé le Paganini de l'estrade.

D'origine lettonne, il obtient la nationalité britannique, puis américaine.

Isaiah Berlin fut président de la British Academy de 1974 à 1978

[modifier] Son œuvre

Isaiah Berlin a inscrit son œuvre dans une tradition libérale qui n'est pas sans rappeler la pensée de Tocqueville ou de Montesquieu. Il a été un fervent défenseur de l'histoire des idées. Fortement influencé par Robin G. Collingwood (1889-1943), Berlin considère que toute pensée dominant une époque ou un individu s'organise autour d'une « constellation de présuppositions absolues ». Aussi toute analyse philosophique requiert-elle une dimension historique. Cependant, dans son essai « Historical Inevitability » (Oxford University Press, 1954), Berlin réfute la théorie marxiste selon laquelle l'Histoire est conçue comme le résultat de déterminismes historiques. Selon lui, il faut aussi prendre en compte la liberté de choisir de chaque individu. C'est pourquoi, l'homme ne peut être acquitté de toute responsabilté dans l'Histoire - même si un auteur, en revanche, n'est pas nécessairement responsable du devenir de sa pensée ou de son idéologie.

Il est surtout connu pour la distinction entre les notions de liberté positive des anciens et de liberté négative des modernes qu'il pose en 1958 dans Deux concepts de liberté : la liberté négative est l'absence d'entraves, tandis que la liberté positive, proche de l'idée de droit et de réalisation de soi, désigne la possibilité de faire quelque chose. Selon lui, les ennemis de la liberté sont les philosophes des Lumières, de la Contre-Révolution et du socialisme naissant comme Helvétius, Rousseau, Fichte, Saint-Simon et Joseph de Maistre car ils défendent une conception autoritaire de la liberté — dont la Révolution française est l'héritière — et qui s'oppose à la tradition anglo-saxonne. Il pense que les philosophes des Lumières ont eu un rôle ambigu dans l'Histoire des idées et se retrouvent chez les idéalistes allemands et les philosophes de la modernité. Il est nécessaire de replacer son œuvre dans le contexte de la guerre froide, guerre politique, économique, militaire mais aussi intellectuelle. Isaiah Berlin se range dans le camp des démocraties occidentales, ce qui explique sa sévérité à l'égard de certains philosophes des Lumières que les idéologies totalitaires (nazisme, marxisme) ont tenté de rallier à leur cause. Par exemple, il transforme Rousseau en chantre de l'autoritarisme et considère que la pensée de Helvétius a contribué à réduire les mobiles de l'action humanitaire à la simple recherche de l'intérêt.

[modifier] Œuvres

  • Historical Inevitability, éd. Oxford University Press, 1954
  • Deux concepts de liberté, 1958. Texte prononcé lors de sa conférence de 1958. Un grand classique de la pensée libérale.
  • La Liberté et ses traîtres, éd. Payot, 286 pages. Réinterprêtation des œuvres des théoriciens des Lumières et du romantisme, à partir de ses conférences données des les années 1950 à la BBC.
  • Russian Thinkers, Hogarth Press, 1978 ("Les penseurs russes", Albin Michel, 1984)
  • Le sens des réalités, Ed. des Scyrtes, 2003

[modifier] Bibliographie