Interpolation (philologie)

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Une interpolation est un extrait de texte (phrase, vers, voire passage entier) introduit dans une œuvre à laquelle il n'appartient pas.
Le mot vient du verbe latin interpolare (de inter, « entre » et polire, « battre la laine pour la rendre brillante ») qui signifie d'abord battre une étoffe pour la rénover, puis falsifier.
Dans un texte, le passage interpolé est marqué par l'obèle, un symbole typographique en forme de croix, tracé † (simple) ou ‡ (double).

Elle peut être le résultat d'une erreur (de copie par exemple) ou d'une fraude intentionnelle. La correction des interpolations est l'une des étapes de l'édition critique d'une œuvre. La tradition veut que le grammairien Aristarque de Samothrace ait été le premier à user de symboles pour marquer des passages comme interpolés.

[modifier] Exemples d'interpolation

Parmi les plus célèbres interpolations figurent les vers dits « athétisés » (du grec ancien ἀθὲτησις / athèthêsis, « rejet ») d'Homère, c'est-à-dire des vers considérés comme interpolés par les grammairiens (érudits) grecs de la période hellénistique, comme Aristarque, Zénodote ou encore Aristophane de Byzance.

L’interpolation est une forme usuelle de modification des articles de Wikipédia. Après une phase de conception où un article acquiert sa forme quasiment définitive, il évolue au gré des utilisateurs, qui, la plupart du temps, se contenteront de l’amender en insérant un paragraphe, une phrase, voire simplement une date, un adjectif ou le lien d’un mot vers un autre article déjà existant.

On peut remarquer, principalement par l’étude comparée des évangiles, que la Bible contient de telles modifications du texte originel : ces modifications trahissent l’évolution des multiples versions du texte au cours des temps, depuis leur rédaction initiale (Modèle:Ier siècle ap. J.-C.), jusqu’aux premières versions écrites dont on dispose, et qui datent généralement du IVe ou Ve siècle.

Ces insertions correspondent dans une majorité des cas à des développements théologiques tardifs, que les rédacteurs ont réinsérés dans le texte originel.

Interpolation dans l'évangile de Mathieu, dans le passage dit « des clés »
Marc : VIII, 27-30 Mathieu : XVI, 13-20 Luc : IX,18-21
En chemin, il leur fit cette question : Qui dit-on que je suis ? Ils lui répondirent : les uns Jean-Baptiste, les autres Elie, les autres comme un des prophètes. Et vous, leur dit-il alors, qui dites-vous que je suis ? Pierre, prenant la parole, lui dit : Vous êtes le Christ. Jésus, étant venu aux environs de Césarée de Philippe, interrogea ses disciples et leur dit : Que disent les hommes qu’est le Fils de l’Homme ? Ils lui dirent : les uns disent Jean-Baptiste, les autres Jérémie, les autres Elie ou l’un des prophètes. Jésus leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Simon-Pierre, prenant la parole, dit : Vous êtes le Christ, le Fils de Dieu vivant. Et il arriva que, comme il priait en particulier, ayant ses disciples avec lui, il leur demanda : Qui le peuple dit-il que je suis. Ils lui répondirent : les uns disent Jean-Baptiste, les autres Elie, les autres un des anciens prophètes ressuscité. Et il leur dit : Mais vous, qui dites-vous que je suis ? Simon-Pierre, prenant la parole, dit : le Christ de Dieu
Jésus lui répartit : Tu es bienheureux, Simon, car ce n’est point la chair et le sang qui t’ont révélé ceci, mais mon Père qui est dans le Ciel. Et moi je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle.
Et il leur défendit très fortement de le dire à personne. Alors il défendit à ses disciples de dire à personne qu’il fût Jésus-Christ. Jésus leur défendit avec menaces de dire cela à personne.
Interpolation dans l'évangile de Jean, lors de l'interrogatoire de Jésus par Pilate
Matthieu, XXVII, 11-14 Jean, XVIII, 33-37 Marc, XV, 3-5 Luc, XXIII, 3
Jésus comparut devant le gouverneur. Le gouverneur l’interrogea en ces termes : Es-tu le roi des Juifs ? Pilate rentra dans le prétoire, appela Jésus, et lui dit : Es-tu le roi des Juifs ? Pilate l'interrogea : Es-tu le roi des Juifs ? Pilate l'interrogea en ces termes : Es-tu le roi des Juifs ?
Jésus répondit : Est-ce de toi-même que tu dis cela, ou d'autres te l'ont-ils dit de moi ? Pilate répondit : Moi, suis-je Juif ? Ta nation et les principaux sacrificateurs t'ont livré à moi : qu'as-tu fait? Mon royaume n'est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs; mais maintenant mon royaume n'est point d'ici-bas. Pilate lui dit: Tu es donc roi?
Jésus lui répondit : Tu le dis. Jésus répondit : Tu le dis, je suis roi. Jésus lui répondit : Tu le dis. Jésus lui répondit : Tu le dis.

[modifier] Voir aussi