Intérim d'Augsbourg

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L’Intérim d’Augsbourg est un décret impérial du 15 mai 1548 élaboré à la demande de Charles-Quint après sa victoire sur les princes luthériens (la ligue de Smalkade) à la bataille de Mühlberg, cherchant à apaiser les tensions entre catholiques et protestants en réduisant les conquêtes théologiques et liturgiques du protestantisme.

[modifier] Origine

Au sein du Saint Empire romain germanique, Charles-Quint eut régulièrement à lutter contre les Etats protestants, qui gagnaient des fidèles et des terres sur les Etats catholiques. Quelques princes protestants s’unirent en une Ligue de Smalkalde, soutenue par François 1er, avec laquelle l'empereur dût signer une trêve en 1538. En 1541, il réussit presque à accorder les différentes parties (accords sur la justification par la foi seule mais non sur les conceptions de l’eucharistie) mais il décide d’employer la force. Les opérations militaires retournent à son avantage : à Ingolstadt, ses troupes vont défaire celles de Jean Frédéric de Saxe et de Philippe de Hesse. L'Empereur connaît une autre victoire, décisive celle-ci, à Mühlberg le 24 avril 1547 : le Sud et l'Ouest se soumettent et seul le Nord résiste. Le 1er septembre s’ouvre une Diète d'Augsbourg qui consacre la victoire de l’empereur.

[modifier] Contenu

Durant les mois qui viennent, l’empereur convoque le Reichstag à Augsbourg, confisque la cathédrale, et proclame le 15 mai 1548 l’Intérim, règlement qui proclame le retour des protestants à des croyances et des pratiques proches du catholicisme moyennant quelques compensations, tels que le mariage des prêtres, et ce en attendant les conclusions du Concile de Trente. Wolfgang Musculus s'oppose ouvertement au texte, mais l'Intérim est promulgué et il doit quitter la ville le jour même.
Certains protestants se rallient à l’Intérim, arguant qu’il valait mieux faire quelques concessions avec le catholicisme que de voir détruire le luthéranisme, mais bien des provinces s’opposent au pouvoir impérial, comme à Strasbourg, et Charles-Quint doit souvent faire acte d’autorité. Cette stratégie a eu pour effet de mécontenter les deux parties.

[modifier] Conséquences

Les protestants s'unirent ensuite au nouveau roi de France, Henri II. Charles Quint manqua d'être fait prisonnier à Innsbruck et négocia le traité de Passau dans lequel il autorisait l'exercice de la religion protestante. Les troubles continuèrent jusqu'à la mort de Maurice de Saxe, et en 1555 fut signée la paix d'Augsbourg, consacrant le pouvoir impérial et reconnaissant le catholicisme et le protestantisme dans tout l'Empire.