Inculturation

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L'inculturation est un terme utilisé en missiologie chrétienne pour désigner la manière d'adapter l'annonce de l'Évangile dans une culture donnée. Cette notion est proche, mais sensiblement différente, de l'acculturation en sociologie. En effet, l'acculturation concerne le contact et la relation entre deux cultures, tandis que l'inculturation concerne la rencontre de l'Évangile avec les différentes cultures. L'acculturation est un concept anthropologique et l'inculturation, un concept théologique qui trouve son origine dès le XVIIIe siècle avec la querelle des rites qui avait interpelé les autorités catholiques sur la liturgie utilisée par les jésuites de la Chine.

Sommaire

[modifier] Références historiques

Le terme d'inculturation a été popularisé par l'encyclique Redemptoris Missio du pape Jean-Paul II (1990), mais le concept précède cette encyclique. On peut la faire remonter en effet au discours de Saint Paul au Grecs, à l'Aréopage d'Athènes (Ac 17,22-33), qui peut être considéré comme le premier essai d'inculturation - qui ne sera guère de couronné de succès, si l'on en juge par la réaction des auditeurs : lorsque l'Apôtre mentionne la résurrection des morts, ils éclatent de rire. Tout au long de sa longue histoire, lorsque c'était nécessaire, le message de l'Évangile a été inculturé.

Parmi les premiers praticiens de l'inculturation dans l'histoire des missions, figurent Saint Patrick en Irlande, Saints Cyrille et Méthode pour les peuples slaves d'Europe de l'Est. Après le concile de Trente, le mouvement devint plus systématique : José de Anchieta pour les populations indigènes du Brésil ; Roberto de Nobili dans le Sud de l'Inde ; Matteo Ricci en Chine, Alexandre de Rhodes au Vietnam, et tant d'autres encore.

Dans d'autres christianismes, l'inculturation se manifeste d'une autre manière que par l'abord des rites et de la liturgie. La traduction de la Bible en langue vernaculaire est l'une des premières tâches auxquelles s'attelèrent les missionnaires protestants ouvrant le champ à des études de linguistique. Les effets secondaires de ces traductions furent généralement la production de dictionnaires entre les langues vernaculaires et les langues européennes. Outre la linguistique, l'anthropologie s'ouvrit à un autre regard que celui du colonisateur. Un exemple du genre est le travail réalisé par le pasteur Maurice Leenhardt avec la publication de son livre Do Kamo [1]. Dès le XIXe siècle, cette façon de procéder fut critiquée dans l'encyclique Qui Pluribus Impar.

[modifier] Définition

L'inculturation a été définie de plusieurs manières, le pape Jean-Paul II notamment ayant abordé le sujet dans plusieurs encycliques et lors de nombreux discours :

  • "L'incarnation de l'Evangile dans les cultures autochtones, et en même temps l'introduction de ces cultures dans la vie de l'Eglise."[2]
  • L'inculturation «signifie une intime transformation des authentiques valeurs culturelles par leur intégration dans le christianisme, et l'enracinement du christianisme dans les diverses cultures humaines»[3]

Selon le Père Brendan Cogavin C.S.Sp.[4], "il est maintenant reconnu que l'inculturation est un terme théologique qui a été défini dans Redemptoris Missio 52 comme le dialogue continuel entre la foi et la culture."

[modifier] En liturgie

Le concile Vatican II a permis la traduction du missel romain en un grand nombre de langues pour faciliter l'inculturation de l'évangile dans plusieurs cultures et dialectes locaux. Les missionnaires Fidei Donum ont bénéficié de ces mesures dans leurs travaux en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Do Kamo, la personne et le mythe dans le monde mélanésien, 1947, réédition collection Tel Gallimard ISBN-10: 2070704122 synthèse de l'ouvrage disponible en PDF
  2. John Paul II, encyclique Slavorum Apostoli, 21.
  3. Redemptoris Missio 52, citant l'Assemblée extraordinaire de 1985, Rapport final, II, D, 4.
  4. Ethiopia and Inculturation, intervention au Symposium du Conseil pontifical pour la culture, février 1996

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes