Inès Gache-Sarraute

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Inès Gaches-Sarraute (1853-?) est la célèbre corsetière à l'origine du corset Belle Epoque ou "droit devant". Ce corset est appelé en Angleterre "edwardien" (du nom du roi Edward VII régnant à l'époque (1901-1910), comme il y avait eu le corset "victorien", nommé ainsi car porté sous le règne de la reine Victoria (1837-1901)), et dans tous les pays anglo-saxons "straight front". Mme Gaches-Sarraute nommait quant à elle son invention "corset abdominal".

Titulaire d'un diplôme de médecine, la corsetière voulut à la toute fin du XIXe siècle réformer de façon raisonnée le corset, en comprenant et respectant mieux l'anatomie. En effet, jusque-là le corset "en sablier" (environ 1830-1900), qui serrait la taille tout en laissant beaucoup d'espace aux hanches et au bas-ventre, avait pour conséquence que les organes internes et la peau avaient tendance à se déplacer vers le bas au fil des années, provoquant ptose et protubérance du bas-ventre. Ce problème avait déjà été pris en compte par l'invention du busc cuillère vers 1880, dont le bas était élargi et arrondi afin de mieux accompagner le ventre et de lui offrir plus de support ; mais ce n'était pas encore suffisant.

Inès Gaches-Sarraute travailla donc à un tout nouveau patron de corset, taillé assez différemment, où la pression exercée sur la taille et l'abdomen était désormais ascendante, ne poussant plus les organes internes vers le bas.

Parfaitement droit et extrêmement rigide, le nouveau busc poussait même le bas-ventre vers l'intérieur, tandis qu'il faisait pigeonner la poitrine. Conséquence : la chair "excédentaire" ne se retrouve plus au bas du ventre mais sur les hanches, projetées en arrière ; et la silhouette devient très cambrée, assez altière et encore plus élégante. C'est ce corset qui a donné aux silhouettes féminines de la Belle Epoque leur allure caractéristique.

Au départ pensé de façon "hygiénique", ce "corset nouveau" fut adopté très rapidement dans le monde entier... et les femmes se rendirent vite compte qu'elles pouvaient obtenir une taille encore plus fine avec lui. On découvrit également qu'il n'était pas aussi parfait que cela et provoquait d'autres problèmes : maux de dos (beaucoup trop cambré aux reins), problèmes au bas-ventre qui n'était certes plus ptosé mais écrasé... Il ne dura pas longtemps puisque le corset disparu dans les années 1920 pour faire place aux gaines élastiques (non pas rupture mais simple évolution).

Aujourd'hui, les corsets modernes les plus fréquemment fabriqués par les corsetiers sont les corsets en sablier, et non les "droit devant" : ils sont beaucoup plus faciles à porter quand on n'est pas habitué, meilleurs pour le dos et ne présentent absolument aucun risque s'ils sont serrés modérément et portés assez peu fréquemment. Cependant on ne peut nier la grande élégance de la silhouette donnée par les corsets 1900, que certains corsetiers doués réalisent encore.

[modifier] Bibliographie

  • Inès Gaches-Sarrautes, Le Corset, éd. Masson, 1990.
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