Huit suites pour clavecin

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Les compositions de Haendel pour le clavecin sont extrêmement nombreuses, mais le recensement en est laborieux tant le compositeur s'est peu soucié d'y mettre lui-même un peu d'ordre.

De toute sa production, seules huit suites (HWV 426 à HWV 433) ont été l'objet d'une édition sous son contrôle en novembre 1720, alors qu'il était établi depuis plusieurs années déjà en Angleterre. Cette publication répondait à l'impression à Amsterdam, sans sa permission et sans qu'il en tire profit, de recueils de pièces de sa composition remontant à sa jeunesse et à sa période hambourgeoise. D'autres éditions étaient prévues au cas ou celle-ci obtiendrait le succès : il arriva en effet, en Angleterre comme à l'étranger, mais Haendel était probablement trop occupé par sa grande affaire, qui était l'opéra italien, pour donner suite à ce projet.

A plusieurs égards, les 8 suites du recueil de 1720 démontrent l'indépendance d'esprit de Haendel. Le nombre est inhabituel : ses devanciers et contemporains groupaient leurs œuvres (et pas uniquement les suites, mais aussi les sonates, les concertos grossos etc.) par six ou douze. Quant à leur forme, si l'origine en est évidemment la suite française, la structure traditionnelle groupant dans l'ordre allemande, courante, sarabande et gigue n'y est pas respectée de façon rigoureuse. Au contraire, Haendel les parsème de pièces de facture et de nom italiens (la suite N°2 mériterait de s'intituler sonate) et d'autres ou se manifeste un art très germanique du contrepoint, démontrant sa capacité à une véritable synthèse européenne, tant des formes que des styles.

Certaines pièces atteignent à une ampleur impressionnante, telles l'allegro du N°4 qui n'est autre qu'une grande fugue à trois voix, les airs variés des N°3 et N°5 (l'harmonieux forgeron), l'ouverture et la passacaille (16 variations) du N°7. Même quand il emprunte un thème à un contemporain au style si différent (la courante de la suite N°5 issue de l'Artiste du 19ème ordre de François Couperin), Haendel se l'assimile de façon complète.

Le recueil de Haendel inaugure brillamment la décennie 1720-1730 qui marque, avec les Partitas de Bach (à partir de 1726) et les derniers livres de Rameau (1728) et Couperin (1730), l'apogée de la suite pour clavecin en Europe.

  • Suite N°1 en la majeur - HWV 426
    • Praeludium
    • Allemande
    • Courante
    • Gigue
  • Suite N°2 en fa majeur - HWV 427
    • Adagio
    • Allegro
    • Adagio
    • Allegro
  • Suite N°3 en ré mineur - HWV 428
    • Praeludium
    • Allegro
    • Allemande
    • Courante
    • Air
    • Presto
  • Suite N°4 en mi mineur - HWV 429
    • Allegro
    • Allemande
    • Courante
    • Sarabande
    • Gigue
  • Suite N°5 en mi majeur - HWV 430
    • Praeludium
    • Allemande
    • Courante
    • Air
  • Suite N°6 en fa dièse mineur - HWV 431
    • Praeludium
    • Largo
    • Allegro
    • Gigue
  • Suite N°7 en sol mineur - HWV 432
    • Ouverture
    • Andante
    • Allegro
    • Sarabande
    • Gigue
    • Passacaille
  • Suite N°8 en fa mineur - HWV 433
    • Adagio
    • Allegro
    • Allemande
    • Courante
    • Gigue

D'autres suites ont été publiées en 1733 par un éditeur de musique d' Amsterdam, sans l'assentiment - ni la révision - du compositeur.