Houtsoules

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Les Houtsoules (terme translittéré de l'ukrainien Гуцули ou du russe Гуцулы) sont également connus sous le nom de Hutsules ou Huţuli en roumain. Ils forment une ethnie ukrainien peuplant essentiellement la chaîne de montagne des Carpates ukrainiennes. On en trouve aussi dans les régions proches -et également montagneuses- de Pologne, de Slovaquie, de Hongrie et de Roumanie (Boucovine du Sud). La langue parlée par les Houtsoules semble être un dialecte de ukrainien ou un dialecte ruthène [réf. souhaitée].

Sommaire

[modifier] Dénominations

On trouve également la forme russifiée Goutsoules (où le Г est prononcé G), comme dans Les Chevaux de feu (pour des raisons politiques de russification et non linguistiques), un film de Sergueï Paradjanov, qui y dépeint les Hutsules.[réf. nécessaire]

Des Houtsoules se définissaient eux-mêmes comme Rusynŷ, terme traduit en français par Ruthènes, Russins ou encore Russo-ruthènes. Ils se considérent aujourd'hui comme ukrainiens. Par analogie, la régions habitée par les houtsoules était parfois appelée Ruthénie, Russie subcarpatique. Depuis l'indépendance de l'Ukraine, on parle aussi d' Ukraine subcarpatique. Aujourd'hui Ukrainiens, ils récusent désormais le terme de Houtsoules, qui a un caractère plutôt dépréciatif, tout comme celui de Haholes pour les Ukrainiens de la plaine. Ruthènes ou Russins serait donc le terme politiquement correct (c'est d'ailleurs la définition du terme proposée par les encyclopédies soviétiques et russes).

[modifier] Approche quantitative

Il n'existe pas de statistiques officielles dénombrant les Houtsoules, et ce, ni dans l'actuelle Ukraine, ni en Pologne, ni en Slovaquie, ni en Hongrie[réf. souhaitée]. Un courant migratoire des populations houtsoules vers le Canada et les États-Unis existe, mais n'est pas plus mesuré. En Roumanie, on estime les Houtsoules à quelques milliers. En Ukraine (qui n'a pas encore publié de recensement pertinent dans ce domaine depuis son indépendance), les chercheurs estiment les populations houtsoules à plusieurs dizaines de milliers d'habitants. Cette estimation couvre l'ensemble des villages des Carpates ukrainiennes, slovaques, polonaises et roumaines. On peut cependant estimer qu'un certain nombre de Houtsoules ont quitté leurs villages pour s'installer dans les métropoles régionales d'Ivano-Frankivsk et de Tchernivtsi.

[modifier] Histoire

Leur présence en Boucovine et en Ukraine subcarpatique est attestée dès la fin du XVe siècle et les ethnologues roumains ont tendance à considérer, à cause des similitudes entre leur culture et celles des Roumains, qu'ils pourraient être des descendants des Gèto-daces, slavisés après le VIIe siècle. Mais les ethnologues ukrainiens affirment qu'ils sont, au contraire, les derniers témoins de la culture des tout premiers Slaves. En fait, sur le terrain, on observe un inextricable mélange de toponymes slaves et roumains (tant du côté roumain qu'ukrainien) et du point de vue agricole, architectural et ethnographique, les Ukrainiens houtsoules et les Roumains du nord sont similaires. Il y a de très nombreux termes slaves dans le roumain de Boucovine du Sud et du nord de la Transylvanie, et roumains dans le parler ukrainien houtsoule. Or l'élevage extensif, avec transhumance, a été depuis toujours l'occupation principale des montagnards des Carpates, slavophones ou roumanophones. Le mélange était inévitable et on peut expliquer ainsi les particularismes houtsoules et leur similitude avec les traditions des Roumains du nord, sans faire appel aux Gèto-daces ou aux premiers Slaves.

Une autre hypothèse, développée par Robert Magocsi de l'Université de Toronto (Canada) est que les Russins seraient d'origine récente, issus d'un mélange de paysans et de bergers pauvres, réfugiés dans les Carpates pour fuir les guerres du XVIIIe siècle. Les Ukrainiens étant plus nombreux que les Roumains parmi ces réfugiés, leur langue est plus proche de l'ukrainien que de toute autre, et constituerait à l'origine un patois composite.

Il est vrai que le peuplement de cette partie des Carpathes, initialement ruthène sur le versant nord et roumain sur le versant sud (voîvodats de Galicie-Volhynie au nord, et de Marmatie au sud, au XIIIe siècle), a été mis à mal par la grande invasion mongole et tatare de 1223, et ne s'est reconstitué qu'au XVIIIe siècle: entre ces deux dates, la plupart des villages de montagnes restèrent abandonnés et de nombreuses cartes portent les mentions « loca deserta », « terra sine incolis » (terre inhabitée) ou même « regnum arctorum » (royaume des ours).

En Boucovine, ils n'étaient pas encore attestés aux temps de la principauté de Moldavie, mais sont décomptés de plus en plus nombreux à partir de l'annexion autrichienne de 1775. Il semblerait qu'ils se soient déplacés vers le sud sous la pression démographique croissante en Galicie autrichienne.

[modifier] Filmographie