Discuter:Horace

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Le rédacteur de l'article donne les informations biographiques essentielles; c'est sans doute sa seule qualité: il est impensable d'imposer ainsi sa lecture des oeuvres d'Horace, sans nuance, de manière aussi dogmatique, si péremptoire. Selon lui, qui sait lire entre les lignes peut déceler, en filigrane, une mise en accusation voilée de la tyrannie d'Auguste, et notamment la dénonciation de l'assassinat de Virgile par l'empereur. Soit. C'est original et pour avoir lu un livre défendant la même thèse (mais peut-être son auteur est-il le même que celui des lignes incriminées), je reconnais que l'effort dans la démonstration est surprenant: l'auteur fait feu de tout bois. Mais quelle casuistique! Mieux vaut se contenter des belles pages de Jacques Perret dans l'Encyclopedia Universalis ou de sa monographie (disponible seulement en bibliothèque car épuisée). Que l'internaute qui prendra le temps de lire ses lignes se reporte aux poèmes d'Horace lui-même - car c'est un poète, épris de liberté, qui eut le courage, pour la préserver, de refuser une charge qu'Auguste lui offrait (cf. Suétone), qui savait pratiquer le parler franc avec Mécène (cf. les Epîtres). Sa poésie est une des plus belles et des plus complexes de l'Antiquité. Montaigne le cite dans ses Essais à part quasi égale avec Lucrèce (autre poète de génie). La dernière citation des Essais, qui est aussi leur dernier mot (l. III, chap. 13), c'est l'ultime strophe de l'Ode I, 31: "Fais, je te le demande, fils de Latone, que je sache jouir de ce que je possède, le corps sain, l'esprit libre et entier, sans connaitre les misères de la vieillesse, sans qu'à mes derniers jours manque la lyre". Pessoa - autre génie poétique, lui aussi - possédait une traduction anglaise de l'Art poétique dans sa fameuse malle et l'un de ses hétéronymes - Ricardo Reis - se réclame lui-même d'Horace. Je passe sous silence, entre ces deux auteurs, toute la période classique, laquelle, aussi bien en France qu'en Angleterre, en Italie qu'en Espagne, a lu, admiré, imité Horace. Contre cette réception d'Horace, j'oppose celle de toute une armée de lecteurs qui n'étaient pas moins sensibles à la subtilité du poète et n'auraient sans doute pas manquer de relever la "cacozélie", si elle avait jamais existé.