Hildéric

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Hildéric est roi des Vandales et des Alains (« Rex Wandalorum et Alanorum ») d'Afrique : prince vandale de la dynastie hasding, il est le fils du roi Hunéric et le petit-fils du grand roi Genséric. Sa mère est une princesse romaine catholique du nom d'Eudocie, fille de Valentinien III, empereur romain d'Occident. En effet, lors du pillage de Rome par les troupes vandales dans la première moitié de juin 455, Eudocie (ou Eudoxie), âgée d'environ 16 ans, est enlevée et ramenée à Carthage, alors la capitale vandale où elle est gardée en otage sept ans par Genséric. Ce dernier la donne en mariage à son fils aîné, Hunéric et Hildéric naît de cette union forcée, entre 456 et 462.

Peu attiré par le métier des armes, par la chasse, il préfère la culture en générale, les bains et surtout, la compagnie de jeunes éphèbes. Homosexuel probable, efféminé, il est haï par son propre père qui ne lui trouvait rien de vandale ! Selon Procope de Césarée, dont les propos sont sujets à caution, lors d'une rare partie de chasse en compagnie de ce dernier en 477, il tombe de cheval et devient la risée de tout le cortège royal. En 479, lors d'un banquet, il refuse les avances d'une courtisane, expliquant qu'il préfère se réserver pour le mariage ! En 481, il est surpris en charmante compagnie… dans les bras d'un jeune serviteur d'origine romaine ! Ce dernier sera mis à mort. À la mort de son père en 484, écarté du trône selon la coutume vandale de la tanistrie (dans la famille royale, le trône va au plus vieux pour éviter les minorités), Hildéric préfère s'exiler volontairement hors du royaume, évitant également les meurtres entre les différents membres mâles de la famille.

Il décide de partir pour Constantinople : il y reste près de 40 ans. Là-bas, il vivote, devient un favori de la cour impériale et fréquente le futur Justinien Ier. En 523, devenu un vieillard, il peut enfin monter sur le trône vandale, étant donné qu'il est devenu le patriarche de la famille royale. Le royaume, très affaibli, est alors en état de décomposition et de division avec une noblesse de plus en plus prompt à se rebeller à l'autorité royale. Quelques mois à peine après son début de règne, des montagnards berbères conduits par leur chef Antalas battent sévèrement l'armée vandale.

Devenu roi des Vandales alors qu'il a entre 61 et 67 ans (âge assez avancé pour l'époque), il est toujours aussi haï, aussi bien par sa famille, que par la noblesse et par son peuple. Pour compenser cette animosité de la part des siens, il se rapproche des catholiques, qu'il ne persécute pas et protège, et du peuple autochtone, principalement des berbères romanisés. Cependant, faible et débonnaire, il délaisse la politique et laisse les cavaliers berbères non-romanisés des frontières du sud, de l'ouest et de l'est piller en toute impunité son royaume et massacrer son peuple, incapable de prendre en main une quelconque armée pour les combattre et se défendre. Malgré la signification d'un nom loin d'être révélateur, l' « Illustre Roi » fut considéré comme « Bon » par les autochtones catholiques, aux antipodes de ses prédécesseurs, Genséric et Hunéric en tête.

Comme si tout cela ne suffisait pas, il commet certaines maladresses face à la noblesse, son peuple et ses sujets, dépassés par les évènements : en 524, lors d'une cérémonie religieuse dans l'église arienne de Carthage, s'emmêlant les pieds dans un tapis, il tombe à terre devant une foule médusée qui se retient néanmoins de rire. En 527, au lieu de se rendre pour la prière du matin à l'église des Ariens, comme tous les jours, il va prier dans l'une des rares églises catholiques du royaume qu'il avait fait récemment rouvrir. Quelques mois plus tard, il tombe à cheval alors qu'il défile dans les rues d'Utique, où est inhumé Genséric. Enfin, peu de temps avant son éjection du trône, il s'endort en pleine assemblée composée des plus grands représentants de la noblesse vandale et de l’Église arienne. Pire même pour les Vandales, il tente une politique de rapprochement entre le royaume vandale et Byzance, dirigée depuis peu par Justinien. Cela est insupportable pour les Vandales, déjà diminués…

C'est ainsi qu'en 530, un coup d'état a lieu, dirigé par Gélimer et ses partisans, hostile aux catholiques et aux byzantins. Gélimer, descendant du roi Genséric, est porté au pouvoir. Le vieux roi déchu est déposé, destitué et emprisonné. Cet évènement entraînera l'intervention byzantine trois ans plus tard. En 533, Hildéric est finalement exécuté. Le corps décapité du roi est jeté à la mer, au large du port de Carthage, sa tête envoyée à Justinien. Ce dernier la fera inhumer en grande pompe à Byzance, peu après les festivités fêtant le triomphe de son général Bélisaire sur les Vandales de Gélimer, ce dernier figurant d'ailleurs au triomphe de son vainqueur en tant que vaincu (534).

Hildéric n'a pas de femme ou de concubine connue, ni de descendance légitime ou illégitime connue.

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