Henri Prost

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Henri Prost, né à Paris le 25 février 1874 et mort le 16 juillet 1959, est un architecte urbaniste français.

Il est co-fondateur en 1911 de la Société française des urbanistes avec les architectes Donat Alfred Agache, M. Auburtin, A. Bérard, Eugène Hénard, Léon Jaussely, A. Parenty, l'ingénieur Jean Claude Nicolas Forestier , le paysagiste Edouard Redont.

Il est membre de la Société centrale des architectes en 1930. À partir de 1932, il co-anime avec Jean Royer la revue Urbanisme. Il est élu membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1933.

Il est directeur de l'École spéciale d'architecture de 1929 à 1959.

Bien qu’il ait beaucoup écrit, il a laissé peu de traces publiées, ses productions étant considérées comme appartenant à la littérature grise (technique). Figure exemplaire de l’urbanisme culturaliste dans sa prise en compte de l’héritage local, il n’est cependant pas à opposer radicalement aux modernes de l’urbanisme progressiste, dans la mesure où ses plans ne furent exempts d’une modernité interprétée avec tact et discrétion[1]. En outre, la collaboration véritable et durable de toute son équipe d’architectes (au Maroc comme en France), permet de caractériser cet urbanisme comme indissociable du travail architectural.

Sommaire

[modifier] L’art de la composition urbaine au service des collectivités

On pourrait partir de l’idée que Prost représente à merveille dans ses réalisations marocaines des années 20 un art urbain exemplaire mais rapidement condamné par une accentuation considérable de la division du travail induite par l’inéluctable développement des grosses agglomérations[2]. C’est avec discrétion que l’architecte-urbaniste répond aux programmes du maréchal Lyautey, homme politique reconnu et éclairé qui gouverne alors le Maroc colonial. Son œuvre est alors de projeter des villes nouvelles sur des terrains dégagés, mais inscrit dans un contexte local qu’il étudie et qu’il expérimente en y habitant. Ses plans définissent à la fois les alignements sur l’espace public et le découpage parcellaire ainsi que les îlots à bâtir.

Dans une logique de dynamisme urbain, ces derniers sont pensés comme « densifiables », sur l’arrière de la parcelle, de sorte que l’espace public n’en soit pas perturbé. Ainsi, la gestion et l’organisation de l’essor des villes marocaines telle Rabat, appellent plus une actualisation intelligente du plan Prost qu’elles n’en invalident les grandes lignes du parti initial[3].

[modifier] Prost : une pédagogie toute particulière

Cela dit, il n’apprécie guère que l’urbaniste soit reléguée au rang d’analyste et de conseiller. Ses interventions sur la Côte d’Azur, comme sur la région parisienne, sont jugées, par Prost lui-même, comme étant : entravées par l’esprit négatif qui vient de faire crouler le régime politique de la France[4]. Il eut tôt compris le besoin de désenclaver Paris, mais il ne voulait pas, contrairement à la pensée moderniste, y répondre seulement par des axes routiers, mais dans un traitement des banlieues comme portes d’entrée de la capitale.

Proposant un plan ressemblant étrangement au Plan d'occupation des sols (POS), il rappelle, comme à Casablanca, la relation intime qu’il conçoit entre l’esthétique et l’urbanisme, et, plus généralement, il insistait sur le devoir de prendre en compte les multiples acteurs qui font la ville, ne serait-ce que du seul fait que la capitale n’était même pas pourvue d’un état des lieux correct.

Pis est à Istanbul, où il s’interroge sur l’intérêt que portent les pouvoirs publics en place vis-à-vis de ses plans. Pourtant, en Turquie comme en France, il fait appel aux spécialistes locaux (architectes, médecins, sociologues), afin d’être conseillé et de les former à prendre sa relève.

C’est dans le même esprit qu’il forme des services d’urbanisme (le premier fut créé à Metz) et réclame que soit fait consciencieusement un état des lieux fiable et actualisé régulièrement. C’est lui, sans doute le premier, qui en appelle explicitement à l’utilisation de vues aériennes, qui permettent d’entrer plus en profondeur dans la composition de la ville, principalement à l’intérieur des îlots, souvent inconnus des services publics et pourtant à prendre en compte, selon lui, dans toute réflexion de planification.

Une fois professeur à l’Institut d’Urbanisme de l’Université de Paris (aujourd’hui IUP, Paris 12), il confirmera cette vocation pédagogique en passionnant ses étudiants sur des cas d’études véritablement pratiques. C’est d’ailleurs par ses élèves que la pensée d’Henri Prost nous parvient le mieux.

[modifier] Principaux projets et réalisations

De ses œuvres, nous pouvons retenir principalement ses nombreux plans :

[modifier] Distinctions

  • 1902 : Premier Grand Prix de Rome.
  • 1910 : Premier prix du concours international d'urbanisme d'Anvers.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. FREY Jean-Pierre, Henri Prost (1874-1959), parcours d’un urbaniste discret (Rabat, Paris, Istanbul…), in Urbanisme, n° 336 : Utopie(s), mai-juin 2004, p11
  2. FREY Jean-Pierre, Henri Prost (1874-1959), parcours d’un urbaniste discret (Rabat, Paris, Istanbul…), in Urbanisme, n° 336 : Utopie(s), mai-juin 2004, p11
  3. FREY Jean-Pierre, op. cit. p2
  4. Académie d’Architecture : note n°167 Réponse à un questionnaire au sujet de l’aménagement d’Istanbul, 10 octobre 1940, Archives de l’IFA cote [HP.ARC.30/45]

[modifier] Sources Bibliographiques

  • P.Touchard,Le siècle des excès, aux PUF (Presses Universitaires de France) p.467 §2.
  • FREY Jean-Pierre,Henri Prost (1874-1959), parcours d’un urbaniste discret (Rabat, Paris, Istanbul…), in Urbanisme, n° 336 : Utopie(s), mai-juin 2004
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