Hasdrubal le Boétharque

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Hasdrubal le Boétharque est un général carthaginois qui soutint le siège de sa ville contre Scipion Émilien lors de la Troisième Guerre punique (149-146 av. J.-C.).

Le boétharque était un grade militaire (commandant de troupes auxiliaires) auquel il accède en 152 av. J.-C.[1]. En 148 av. J.-C., il prend le commandement de la défense de la ville[1].

Les sources signalent que, durant le siège de 146, il se retranche dans le temple d'Eshmoun situé sur la colline de Byrsa après la prise du quartier des ports et de la ville basse par l'armée romaine. Il s'y défend longtemps mais, quand il se voit sans espoir, s'évade et part se rendre à Scipion. Sa femme, indignée par sa trahison, aurait égorgé ses enfants sous ses yeux puis se serait précipitée dans les flammes.

Elle aurait lancé, avant ce geste ultime :

« Je ne te souhaite, ô Romain, que toutes prospérités car tu ne fais qu'user des droits de la guerre. Mais je prie les Dieux de Carthage et toi-même de punir, comme il se doit, Hasdrubal, qui a trahi sa patrie, ses dieux, sa femme et ses enfants[2]. »

Ce dernier événement n'a pas manqué d'être mis en parallèle avec le sacrifice de Didon dès l'Antiquité[3]. Quant à Hasdrubal, on lui prête une fin de vie libre en Italie[1].

La marque de désespoir ou de lâcheté tranche avec l'attitude qui fut la sienne pendant cette guerre et l'anecdote a été considérée comme un élément supplémentaire de la propangande romaine visant à justifier après coup — sinon moraliser en quelque sorte — le conflit. Rappelant la fides punica, la mauvaise foi punique maintes fois décriée par Rome, Hasdrubal est montré maudit par sa propre épouse, malédiction précédant de peu celle de sa cité.

[modifier] Notes et références

  1. abc Édouard Lipinski [sous la dir.], Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique, éd. Brépols, Paris, 1992, p. 212
  2. Madeleine Hours-Miédan, Carthage, éd. Presses universitaires de France, Paris, 1982, p. 50
  3. Hédi Dridi, Carthage et le monde punique, éd. Les Belles Lettres, Paris, 2006, p. 59

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