Hans Magnus Enzensberger

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Hans Magnus Enzensberger, Varsovie (Pologne), 20 mai 2006
Hans Magnus Enzensberger, Varsovie (Pologne), 20 mai 2006

Hans Magnus Enzensberger (11 novembre 1929 à Kaufbeuren) est un poète, écrivain, traducteur et journaliste allemand, également connu sous le pseudonyme de Andreas Thalmayr, et qui vit actuellement à Munich-Schwabing.

[modifier] Biographie

Fils d'un employé des Postes, Enzensberger a trois frères cadets, dont l'angliciste Christian Enzensberger. Il a passé son enfance à Nuremberg, en 1945, il est enrôlé dans le Volkssturm, subsiste ensuite comme interprète et barman à la Royal Air Force et… en faisant du marché noir. Après le bac passé en 1949, il fait des études de lettres (langues et philosophie) à l'université Friedrich-Alexander d'Erlangen-Nuremberg, à Fribourg-en-Brisgau, à Hambourg et à la Sorbonne à Paris grâce à une bourse de la Studienstiftung des deutschen Volkes. Il obtient son doctorat en 1955 avec une thèse sur Clemens Brentano. Il est ensuite journaliste à la radio de Stuttgart jusqu'en 1957. Après un séjour aux États-Unis et au Mexique, sa première publication voit le jour : c'est un recueil de poèmes, La Défense des loups (Verteidigung der Wölfe). Il participe au Gruppe 47 et reçoit le prix Georg-Büchner en 1963. S'ensuivent un premier séjour en Union soviétique et un premier voyage en Amérique du Sud en 1965.

De soixante-cinq à soixante-quinze ans, Enzensberger édite la revue Kursbuch chez l'éditeur Suhrkamp puis aux éditions Kursbuch Verlag créées à Berlin. Il est fellow au Center for Advanced Studies de l'université wesleyenne dans le Connecticut en 1967. Il séjourne à Cuba en 1968-69 et travaille alors sur l'anarchiste espagnol Buenaventura Durruti (son film sort en 1971, son roman en 1972).

Il séjourne à New York en 1974-1975 et quitte la revue Kursbuch et se met à l'écriture du livret de l'opéra La Cubana sur une musique de Hans Werner Henze. La première de sa pièce Le naufrage du Titanic a lieu en 1980. Après avoir adapté le Misanthrope de Molière, il écrit Le Philanthrope joué pour la première fois en 1984.

Il a écrit avec grand succès des livres pour la jeunesse: Der Zahlenteufel (1997) et Wo warst du Robert? (1998).

Enzensberger dirige depuis 1985 la collection Die Andere Bibliothek (L'Autre bibliothèque). Cette collection publie chaque mois un ouvrage choisi par Enzensberger - du moins jusqu'à fin 2005, date de sa démission- et édité de façon très soignée, les 999 premiers exemplaires étant destinés aux bibliophiles.

De nombreux prix ont récompensé l'inépuisable activité théâtrale, poétique et romanesque de H.M. Enzensberger, entre autres le prix Heinrich-Böll en 1985, le Prix de la Paix Erich-Maria Remarque en 1993, le prix Heinrich Heine en 1998 et le Prix du Prince des Asturies en 2002.

[modifier] Œuvre

Elle se caractérise par un regard féroce sur la société et en particulier sur la « médiocrité qui règne dans cette République (allemande) ». Selon Enzensberger, ce sont « les colonies de surfeurs, les forteresses du troisième âge et les résidences secondaires ou tertiaires » qui se prêtent le mieux à l'observation des Allemands car « libérés de l'usine et du bureau », ils offrent un panorama complet de leur culture : « de la clinique spécialisée dans le karaté au séminaire pour masochistes » (citations tirées de Médiocrité et folie (Mittelmaß und Wahn), 1988)

Dans Perspectives de guerre civile (Aussichten auf den Bürgerkrieg) (1993), il décrit l'être humain comme « le seul primate à pratiquer de manière méthodique, enthousiaste et à grande échelle, le meurtre de ses congénères. La guerre est l'une de ses principales inventions ». Il voit se propager de manière imperceptible ce qu'il nomme une « guerre civile moléculaire ».

« Peu à peu, les ordures s'entassent au bord des rues. Les seringues et les bouteilles de bière brisées s'accumulent dans les parcs. Partout sur les murs apparaissent de monotones graffiti au message autiste: évocation d'un Moi qui n'existe plus ... On détruit les meubles dans les classes, les jardins puent la merde et l'urine… ce sont là de minuscules déclarations de guerre que sait interpréter le citadin expérimenté. »

On pourrait ajouter que c'est aussi le seul primate voire le seul être vivant qui s'acharne à détruire son environnement. Inquiet de sa santé et effrayé par sa mort, une consommation effrénée de soins médicaux et de médicaments ne suffit pas à le rassurer, aussi se réfugie-t-il dans de nombreuses drogues, interdites et vendues au marché noir, ou légales -alcool ou tabac-, voire dans le suicide !

[modifier] Liens externes