Hakuin Ekaku

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Hakuin Ekaku (白隠 慧鶴 Hakuin Ekaku, 1686-1769) fut l'une des figures les plus influentes du bouddhisme zen japonais. Il transforma l'école de Rinzai, alors une tradition sur le déclin sans pratique rigoureuse, en une tradition centrée sur une méditation acharnée et la pratique des kōan. Pratiquement tous les pratiquants modernes du Zen Rinzai emploient des pratiques directement dérivées des enseignements prodigués par Hakuin.

[modifier] Biographie

Hakuin naquit en 1686 dans le petit village d'Hara, au pied du mont Fuji. Sa mère était une fervente bouddhisme Nichiren, et il est probable que sa piété ait eu une influence majeure sur la décision d'Hakuin de devenir moine bouddhiste. Enfant, Hakuin écouta le discours d'un moine Nichiren sur le sujet des Huit Enfers Brûlants. Ce discours impressionna le jeune Hakuin, qui développa une peur panique de l'enfer et chercha un moyen de l'éviter. Il parvint à la conclusion de la nécessité de devenir moine.

À l'âge de quinze ans, il obtint le consentement de ses parents de rentrer dans les ordres, et fut ordonné au temple Zen local, Shoin-ji. Quand le maître du temple Shoin-ji tomba malade, Hakuin fut envoyé dans un temple voisin, Daisho-ji, où il servit comme novice pendant trois ou quatre ans et étudia des textes bouddhistes. Ce fut à Daisho-ji qu'il lut le Sūtra du Lotus, considéré par beaucoup comme le plus important des sūtras bouddhistes, et le trouva fort décevant, disant [qu']"il n'était composé que de simples histoires portant sur des causes et leurs effets".

À dix-neuf ans, il lut au cours de ses études l'histoire du maître Zen chinois Yen-t'ou, qui fut brutalement tué par des bandits. Hakuin fut désemparé de cette découverte, car même un grand moine ne pouvait espérer éviter une mort sanglante dans cette vie. Comment un simple moine comme lui pourrait-il espérer alors éviter les tortures de l'enfer dans l'au-delà ? Il abandonna son but de devenir un moine instruit et, peu désireux de rentrer chez lui, honteux de cet abandon, vagabonda en étudiant littérature et poésie. Alors qu'il étudiait avec le poète et moine Bao, il eut une expérience qui le remit sur le chemin de la vie monastique. Il vit une pile de livres de toutes les écoles du Bouddhisme, empilés dans la cour du temple. Frappé par la vue de tous ces ouvrages, Hakuin pria les dieux du Dharma de l'aider à choisir un chemin. Il saisit un livre de la pile; c'était un recueil d'histoires Zen de la dynastie des Ming. Il se repentit alors, et dédia sa vie à la pratique du Zen.

Il voyagea encore pendant deux ans, faisant halte au temple Eigan-ji. Ce fut là qu'il eut sa première expérience de la révélation. Il s'enferma dans un sanctuaire du temple pendant sept jours, et atteint ce qui lui sembla être un éveil intense en entendant le son de la cloche du temple. Néanmoins, son maître d'alors refusa de reconnaître la révélation,et Hakuin quitta le temple.

Après avoir quitté Eigan-ji, Hakuin rencontra le professeur Shoju, qui deviendra par la suite très influent sur sa spiritualité. Shoju était un professeur particulièrement exigeant et violent dans sa volonté de faire atteindre à Hakuin le satori (l'Éveil). Après quelques autres expériences de révélation, Hakuin quitta Shoju après huit mois d'études. Bien qu'il ne revît jamais Shoju par la suite et que ce dernier mourût treize ans plus tard, Hakuin considèra toujours que Shoju avait été son « premier maître ».

À l'âge de 31 ans, Hakuin revint à Shoin-ji, le temple où il fut ordonné moine. Il fut nommé abbé, une fonction qu'il remplit pendant un demi-siècle. À l'âge de 41 ans, il eut une révélation finale et complète en lisant le Sūtras du Lotus, celui qu'il avait auparavant dédaigné lorsqu'il était étudiant. Il écrivit à propos de cet épisode : « soudainement, je fus pénétré du parfait, véritable et ultime sens du Lotus ».

Cet événement marqua un tournant dans la vie d'Hakuin. Son illumination finalement atteinte, il dédia le reste de sa vie à aider ses semblables à atteindre l'Éveil. Il passa les quarante années suivantes à enseigner à Shoin-ji, à écrire et à donner des sermons. Sa renommée se propagea rapidement et bientôt des étudiants en Zen vinrent de toutes les régions du pays pour étudier sous sa tutelle. Une communauté entière de moines s'installa à Hara et dans les régions environnantes, et les étudiants d'Hakuin se comptaient par centaines, dont plus de quatre-vingt furent autorisés à enseigner le Zen Hakuin. Hakuin mourut à l'âge de 83 ans à Hara, le village dans lequel il était né, devenu un haut lieu de l'enseignement du Zen.