Guy de Blanchefort

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Guy de Blanchefort, né à Bois-Lamy, commune de Moutier-Malcard (actuelle Creuse) après 1446, mort en mer Méditerranée en 1513, fut grand maître de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (1512-1513).

[modifier] L'ombre de Pierre d'Aubusson

Second fils de Guy III de Blanchefort et de Souveraine d'Aubusson (sœur cadette de Pierre d'Aubusson, grand maître des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem) Guy de Blanchefort sera admis dans l'Ordre des Hospitaliers, où il bénéficiera sa vie durant de la confiance et de la protection de son oncle. Une inscription relevée dans l'église Saint-Jean de Bourganeuf, datée de 1486, nous apprend qu'il avait été nommé commandeur de Morterolles (actuelle Creuse) et commandeur de Chypre. Lorsque son oncle fut élu grand maître de l'Ordre (juin 1476), il lui succéda dans ses fonctions de grand prieur de la langue d'Auvergne.

En septembre 1482, c'est à Guy de Blanchefort que Pierre d'Aubusson confie la lourde responsabilité de conduire et de veiller à la bonne garde de Djem sultan ("Zizim") en Europe. Hébergé d'abord à Nice, puis dans le Dauphiné, et peut-être à Morterolles, le malheureux prince Djem sera finalement claquemuré de 1486 à 1488 dans la Tour Zizim construite à son intention à Bourganeuf sur ordre de Blanchefort. En novembre 1488, c'est toujours Guy de Blanchefort qui escorte Djem dans son voyage jusqu'à Rome, où il sera remis au pape Innocent VIII en mars de l'année suivante.

On a quelquefois réduit la vie de Guy de Blanchefort à celle d'un "geolier" exécutant aveuglément les ordres de son oncle Pierre. Outre le fait que l'admission dans l'Ordre des Hospitaliers impliquait l'acceptation du triple vœu de "pauvreté, chasteté, et obéissance", il devait pourtant se révéler comme un valeureux combattant à la tête d'une escadre française.

En juin 1499, une flotte turque, commandée par le kapoudan pacha Daoud se dirige vers la côte occidentale de la Grèce afin d'y débarquer une armée destinée à prendre le contrôle des dernières cités (Modon, Coron, Navarin, les deux Nauplies) échappant encore à la domination ottomane. La flotte française, renforcée par deux ou trois vaisseaux des Hospitaliers, placée sous le commandement de Blanchefort, rejoint en juillet la flotte vénitienne afin de bloquer le passage à l'escadre ottomane. En août, les premiers engagements sont à l'avantage des Vénitiens et des Français. Lors d'un second affrontement, le 20 août, la flotte turque se dérobe et tente à nouveau de forcer le passage pour entrer dans le golfe de Patras. C'est l'escadre française, au premier rang de laquelle combat la "grande caraque de Rhodes", qui se porte à sa rencontre. L'avantage appartient alors aux Français, mais, contre toute attente, au lieu de se porter en avant pour parachever la victoire, l'escadre vénitienne, commandée par Grimani, gagne la pleine mer. Le kapoudan pacha Daoud, qui conserve l'avantage du nombre en dépit de ses pertes, peut alors investir le golfe de Patras. L'armée turque débarquera et réduira en quelques semaines les possessions vénitiennes. Blanchefort n'aura plus qu'à cingler vers Rhodes.

C'est au grand prieuré de Bourganeuf, où il séjourne en 1512, qu'il apprend que le chapitre de l'Ordre, réuni à Rhodes, l'a élu grand maître en remplacement d'Emeri d'Amboise, qui lui même avait succédé à Pierre d'Aubusson. Blanchefort mourra durant son voyage vers Rhodes en 1513.

On peut toujours voir à Rhodes l'auberge de la Langue d'Auvergne. Elle conserve, au dessus de la porte d'entrée, l'inscription suivante en caractères gothiques : "D'Auvargne, le ĝ pour, F. Guy de Blāchefort, 1507" ( : "D'Auvergne, le grand prieur, Frère Guy de Blanchefort"), indiquant qu'à cette date Blanchefort y avait fait effectuer à ses frais des travaux de restauration ou d'agrandissement.

[modifier] Bibliographie

  • Charles Bourel de La Roncière, Histoire de la marine française, Paris, Plon, 1923, vol. III ("Les guerres d'Italie, la liberté des mers").
  • Gilles Rossignol, Pierre d'Aubusson, "le bouclier de la chrétienté". Les Hospitaliers à Rhodes, Besançon, La Manufacture, 1991, cartes, ill. h.t., bibliogr.
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