Guillaume Vandive

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Guillaume Vandive (1680-1706), imprimeur et libraire ordinaire de Monseigneur le Dauphin.

Marque typographique de Guillaume Vandive, 1704.
Marque typographique de Guillaume Vandive, 1704.

Guillaume Vandive, naquit vers 1680, fut baptisé à Paris Saint-Barthélemy sous le nom Vandivout (van Dievoet), et mourut en 1706 après onze mois de mariage.

Il était le fils aîné du fameux orfèvre parisien d'origine bruxelloise Philippe van Dievoet dit Vandive (1654-1738), conseiller du roi, orfèvre du Roi et du Dauphin, et le neveu du célèbre sculpteur bruxellois Pierre van Dievoet (1661-1729).

Sommaire

[modifier] Son parcours

Guillaume Vandive, imprimeur libraire de Monseigneur le Dauphin, fut reçu maître le 20 décembre 1701, à la recommandation de Monseigneur le Grand Dauphin Louis dit Monseigneur, comme le précise Lottin, après avoir été en apprentissage d’avril 1697 à avril 1701 chez Jean Ier Boudot (1651 ? -1706), imprimeur ordinaire du Roi et de l’Académie royale des sciences et directeur de l’Imprimerie de Son Altesse Sérénissime le prince de Dombes à Trévoux . Il épousa à Paris en 1705, Eléonore Le Prieur. Guillaume Vandive et Eléonore Le Prieur eurent une fille, Charlotte-Eléonore Vandive.

Nicolas Simart lui succède après avoir épousé sa veuve le 15 juin 1706 et avoir été reçu maître le mois de juillet suivant.

[modifier] Sa production

Il était installé rue Saint-Jacques à l’enseigne Au Dauphin couronné, vis à vis la rue de la Parcheminerie. Il publia divers catalogues des livres imprimés chez lui en 1701, 1704, 1706. Il fait remarquer qu’il dispose encore d’autres livres imprimés en France ou à l’étranger.

Il a également publié une série d’ouvrages en collaboration avec Louis Coignard , établi rue Saint-Jacques à « l’Aigle d’Or », né en 1680 et décédé le 27 septembre 1738 au couvent de Meung-sur-Loire où il avait été transféré quelques mois auparavant après avoir été embastillé le 28 décembre 1737 pour avoir été impliqué dans la publication d’ouvrages jansénistes . Il était le frère d’Elie Jean-Baptiste Coignart (1667-1735) renommé pour avoir publié la première édition du Dictionnaire de l’Académie française en 1694 et le fils de Jean-Baptiste Ier Coignart, libraire-imprimeur du roi et de l’Académie française, né en 1637 et décédé le 10 septembre 1686.

Le catalogue des livres publiés en collaboration avec Louis Coignard a été édité en 1703 dans les dernières pages du livre, Moiens de réunir les protestans avec l’Eglise romaine publiez par M. Camus evesque de Belley sous le titre de l’Avoisinement des protestans vers l’Église romaine. Nouvelle édition corrigée et augmentée de remarques, pour servir de supplément, par M. ***, Paris, 1703, chez Loüis Coignart à l’Aigle d’or, et Guillaume Vandive, au Dauphin Couronné, ruë S. Jacques, avec approbation & privilège du Roy (in 12°). L’auteur de cette édition corrigée serait le grand Richard Simon (1638-1712) lui-même , selon l’annotation écrite dans une écriture d’époque sur la page de titre de l’exemplaire que conserve sa famille. Il s’agit, comme le dit la première lettre préface, d’un ouvrage qui s’adresse aux communautés des nouveaux et nouvelles catholiques, et cela près de vingt ans après la révocation de l’édit de Nantes.

Il publia, seul ou avec son associé Louis Coignard, surtout des livres récents ou nouveaux, en français et parfois en latin, traitant de divers sujets, notamment de théologie de tendance janséniste, parfois de négoce, et de voyage. Son catalogue contient aussi des livres destinés aux « nouveaux convertis ». On y trouve par exemple de Charles-Joachim Colbert, évêque de Montpellier, les « Instructions générales en forme de catéchisme », ou, de Nicolas Feuillet, « Histoire abrégée de la Conversion de Monsieur Chanteau », ou encore des œuvres de Henry de Barillon, de Jean-Pierre Camus, de Vincent Houdry, d’Etienne Lochon. Il publia également « Le Parfait Négociant » de Jacques Savary, augmenté en cette nouvelle édition d’un « Traité des Lettres de change ». La Bibliothèque royale de Belgique à Bruxelles, Réserve précieuse, conserve de ses presses « Voyage du sieur Paul Lucas au Levant », 2 tomes, Paris, chez Guillaume Vandive, Imprimeur et Libraire ordinaire de Monseigneur le Dauphin, 1704, reliures de maroquin rouge, armoiries du grand duc de Toscane Cosme III sur les plats.

Sa marque typographique, faite en hommage au Dauphin, consistait en trois dauphins nageant surmontés d’une couronne fermée fleurdelisée et de deux cornes d’abondance, avec au dessus un listel contenant la devise inspirée de la légende du poète Arion : « hoc duce tuta salus » : avec ce dauphin comme guide ton salut est assuré.

Paul Lucas avait été envoyé en 1699 comme « antiquaire du Roi » au Levant et en Orient, chargé d’enrichir de ses trouvailles les cabinets de Louis XIV et de sa belle-sœur allemande la Palatine et son livre figure, comme le dit Dirk Van der Cruysse , parmi les récits de voyage les plus vivants et les plus colorés de l’ère louis-quatorzienne.

Guillaume Vandive mourut en pleine jeunesse à l’âge de vingt-six ans alors qu’il avait fondé une imprimerie et une maison d’édition prometteuses d’un bel avenir.

[modifier] Ses successeurs

Son successeur Nicolas Simart qui avait épousé sa veuve et était devenu également « imprimeur et libraire ordinaire de Monseigneur le Dauphin », a encore longtemps continué à imprimer divers livres de son fonds. Ainsi en 1731, toujours installé rue Saint-Jacques au « Dauphin Couronné », il publie une « nouvelle édition revue et corrigée » du Voyage du Sieur Paul Lucas au Levant qui contrairement aux promesses de la page de titre reproduit très exactement l’originale .

Malgré le fait qu’il ait continué à tirer tout au long de sa vie sa subsistance de l’imprimerie fondée grâce aux investissements de Guillaume Vandive, Nicolas Simart entama un procès sordide en 1727 pour réclamer à Philippe Vandive et Balthazar Philippe Vandive les frais que lui avaient causé durant vingt ans l’entretien et l’éducation de sa belle-fille Charlotte Eléonore Vandive. Il n’hésita d’ailleurs pas à donner une publicité tapageuse à son procès en éditant et répandant sur la place publique le réquisitoire hargneux du procureur Baron contre les arguments de la famille Vandive. Ce réquisitoire conservé à la Bibliothèque Nationale de Paris et rédigé dans un style digne des Plaideurs de Racine, mais en plus acerbe, a transmis l’écho de ce conflit d’intérêts jusqu’à nous. Sans doute, Nicolas Simart était-il déjà en mauvaise position financière et ce méchant procès ne lui fut-il pas de grande utilité, car en 1748 il fut emprisonné pour dettes à la Conciergerie , où il était encore au premier janvier 1749 d’après l’ Historique des libraires de l’inspecteur d’Hémery.

[modifier] Bibliographie

  • le procureur Baron, Mémoire pour Nicolas Simart, marchand libraire à Paris, et damoiselle Eléonore Prieur, son épouse, tuteurs conjointement de damoiselle Charlotte-Eléonore Vandive etc..., Paris, 1727 (Bibliothèque Nationale, coté FOL-FM-18408).
  • Etienne Charavay, Revue des documents historiques, Paris, 1880, p.68 (concerne l'imprimeur Guillaume Vandive), à la page 67: "J'ai retrouvé un brevet d'apprenti libraire de la fin du xvii siècle, l'apprenti, âgé de seize ans, était le fils d'un orfèvre parisien, Philippe Vandive. Le libraire Jean Boudot était un des plus érudits de son temps". Voir aussi pp. 67-68: "Muni de ce brevet et d'un certificat si honorable, le jeune Vandive était certain d'être admis bientôt dans la savante corporation des marchands libraires."
  • Paul Delalain, Les libraires et imprimeurs de l'Académie française de 1634 à 1793, Paris, 1907.
  • Maître J. B. Denisart, Collection de décisions nouvelles et de notes relatives à la jurisprudence, tome premier, Paris, chez la veuve Desaint, 1771, p. 188 et tome neuvième, Paris, 1790, IV, p.118 et seq. (concerne le procès entre la famille Vandive et Nicolas Simart, analyse juridique).
  • Alain van Dievoet, "Quand le savoir-faire des orfèvres bruxellois brillait à Versailles", dans Cahiers bruxellois, tome XXXVII, 1999-2003, Bruxelles, 2004, page 32 à 35.
  • Isabella Henriette van Eeghen, Jean Louis de Lorme, De Amsterdamse boekhandel 1680-1725, 1961, p.468 (Guillaume Vandive).
  • A.-M. Lottin, l'aîné, Catalogue chronologique des libraires-imprimeurs de Paris, depuis l'an 1470...jusqu'à présent, Paris, 1789, p.161.
  • Maurepas, Mémoires du comte de Maurepas, 1792, p. 327.
  • Jean-Dominique Mellot et Élisabeth Queval, Répertoire d'imprimeurs/libraires (vers 1500-vers 1810) , Paris, Bibliothèque nationale de France, 2004, p.92.

[modifier] Liens externes