Guillaume Fitz Osbern

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Guillaume de Crépon dit Fitz Osbern (fils d'Osbern) (vers 1020 – 20 ou 22 février 1071), seigneur de Breteuil-sur-Iton, seigneur de Cormeilles dans l'Eure et 1er comte d'Hereford fut l'un des plus proches compagnons du duc de Normandie Guillaume le Conquérant.

La confiance que lui octroya ce dernier lui permit de devenir l'un des principaux personnages du duché et, après la conquête normande de 1066, d'Angleterre.

Sommaire

[modifier] Un descendant de la famille de Crépon

Sa position importante à la cour ducale tient déjà au prestige de sa parentèle. Il est le petit-neveu de Gunnor[1], la seconde épouse de Richard Ier de Normandie et le fils d'Osbern de Crépon, sénéchal de Normandie. Vers 1040, donc durant la minorité du duc Guillaume le Bâtard (Nothus)[2] (qui deviendra Guillaume le Conquérant), son père est tué en protégeant ce dernier d'une tentative d'assassinat.[3] Guillaume est donc probablement élevé auprès du duc. Son intégration à l'entourage ducale est manifeste à partie de la fin des années 1040. « Le fils d'Osbern appartient au cercle restreint des magnats sur lequel Guillaume le Conquérant va s'appuyer pour gouverner le duché au lendemain de sa victoire du Val-ès-Dunes (1047) »[4]. Il reprend la fonction de sénéchal occupée par son père.

[modifier] Un puissant baron normand

L'historien Pierre Bauduin place Guillaume parmi les magnats normands les plus fortunés de son temps[5]. L'origine de sa richesse foncière reste encore incertaine : s'il a bien entendu hérité de son père, il semble aussi avoir récupéré des possessions de son oncle Hugues de Bayeux.

Guillaume détient l'honneur de Breteuil, un ensemble de fiefs dispersés, dans le Pays d'Ouche (Breteuil-sur-Iton, Glos-la-Ferrière, La Neuve-Lyre etc.), dans les vallées de l'Andelle (Pont-Saint-Pierre) et de l'Eure (Pacy-sur-Eure) et ailleurs. Il a aussi la garde du château ducal de Breteuil. Par conséquent, c'est un point d'appui indispensable pour le duc dans cette marche de l'Évrecin où les barons sont souvent opposés (les Géré, les Tosny...). Impliqué dans le processus de pacification de cette région[6], il épouse Adelize, la fille de Roger Ier de Tosny, qui sert de « monnaie d'échange » entre les Tosny et les Crépon.

Guillaume Fitz Osbern est aussi un point d'appui au sud du duché face aux attaques du roi de France et du comte de Blois-Chartres

[modifier] Un rôle décisif dans la conquête de l'Angleterre

Selon l'historiographe Guillaume de Jumièges, c'est lui qui convainc les barons normands de la faisabilité de la conquête de l'Angleterre lors du concile de Lillebonne. Il promit d'ailleurs de fournir soixante navires[7] pour la traversée de la Manche (le bois ne manquant pas dans son domaine). Lors de la bataille décisive d'Hastings contre le roi anglo-saxon Harold, en 1066, Guillaume Fitz Osbern commande l'aile droiteréf. à confirmer : [8] de l'armée normande.

Le duc et nouveau roi d'Angleterre Guillaume le Conquérant récompense généreusement son fidèle ami. Il lui offre le comté d'Hereford à la frontière du Pays de Galles, ainsi que l'île de Wight. Mais il semble que son commandement dépassait largement les limites du comté. Avec ses possessions anglaises, il est en tout cas le quatrième plus riche seigneur anglo-normand[9] (loin toutefois derrière le demi-frère du duc Odon de Bayeux). Une telle fortune lui permet d'enrichir la dotation des deux abbayes normandes qu'il a fondé avant 1066 : Lyre[10] et Cormeilles.

Le duc compte sur lui pour dominer une Angleterre rebelle à l'autorité des nouveaux occupants. Quand Guillaume le Conquérant rembarque en mars 1067 pour la Normandie, il laisse l'administration du pays conquis à son demi-frère Odon de Bayeux et à Guillaume Fitz Osbern qui, par leur refus de rendre justice aux Anglais opprimés par les officiers normands, provoquèrent des révoltes qui furent très difficiles à réprimer[11]. Pour mater les rébellions et contrôler le pays Fitz Osbern édifie des châteaux-forts (Chepstow, Monmouth, Clifford, Berkeley). En 1070, il remporte une victoire sur trois princes gallois, ce qui lui permet d'étendre son comté vers l'ouest.réf. à confirmer : 

[modifier] Une dernière campagne fatale en Flandres

À l'aube de l'an 1071, Guillaume Fitz Osbern revient dans le duché. L'historiographe Guillaume de Malmesbury interprète ce retour comme une disgrâce. Guillaume le Conquérant l'envoie combattre en Flandres. Il doit là-bas aider Arnoul III dit Arnoul le Malheureux, l'héritier mineur du comté de Flandre, contre son frère Robert le Frison qui s'est emparé du pouvoir. Ce dernier surprend la petite troupe normande à Cassel entre Dunkerque et Hazebrouck, une bataille s'engage. Guillaume Fitz Osbern est tué au combat le 20 ou le 22 février 1071.

Guillaume le Conquérant perd l'un de ses meilleurs barons mais aussi, selon l'historien François Neveux, son seul ami ou pour le moins son plus fidèle collaborateur.

Il est enterré dans son abbaye de Cormeilles.

[modifier] Familles et descendance

Il épousa Adelize, fille de Roger Ier, seigneur de Tosny et de Godechilde. Ils eurent quatre enfants :

Fils illégitime probable :

  • Raoul, devint moine à Cormeilles dès son enfance.

Après 1070, à l'extrême fin de sa vie, il aurait été le troisième mari de Richilde de Hainaut, veuve de Herman de Hainaut et de Baudoin VI, comte de Flandre.

Frère :


Précédé de :
nouvelle création
comte d'Hereford
1067–1072
Suivi de :
Roger de Breteuil

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Épousée "more danico" (à la danoise). Ce mariage semble avoir été "régularisé", pour l'Église, vers 980/990.
  2. C'est ainsi que Guillaume de Jumièges traduit en latin le mot bâtard.
  3. Afin de protéger le jeune duc Guillaume de Normandie, le sénéchal Osbern décida de coucher dans le même lit que le jeune prince. Il n’en fut pas moins égorgé à ses côtés dans la résidence ducale de Vaudreuil. L’assassin était Guillaume de Mongommery. Ce dernier fut tué par un proche d'Osbern, son prévôt, Barnon ou Barni de Glos.
  4. Pierre Bauduin, la Première Normandie, Xe-XIe siècle, Caen, Presses Universitaires de Caen, 2004, p.224
  5. Pierre Bauduin, ibid, p.227.
  6. « Les combinaisons matrimoniales élaborées alors s'inscrivent dans un processus de pacification de l'Evrecin, dont les Tosny ont été visiblement l'un des enjeux, avec pour résultat le plus tangible le mariage de Godehilde, veuve de Roger Ier de Tosny, avec Richard, comte d'Evreux et celui de son proche parent, Guillaume fils Osbern avec Adelize, la fille de Roger et de Godehilde. » Pierre Bauduin, Autour de la dos d'Adelize de Tosny : mariage et contrôle du territoire en Normandie (XIe-XIIe siècles)", dans Dominique Barthélemy et O. Bruand, Les pouvoirs locaux dans la France du centre et de l'ouest (VIIIe-XIe siècles). Implantation et moyens d'action, Rennes : PUR, 2004, p. 157-173.
  7. Elisabeth van Houts, « The ship list of William the Conqueror », dans Anglo-Norman Studies, vol. X (1987), p. 159-183.
  8. Selon Wace.
  9. C. Warren Hollister, « The Greater Domesday Tenants-in-Chief », dans Domesday Studies, Éd. J.C. Holt (Woodbridge), 1987, p. 219-248. Un site personnel s'appuyant sur ce travail]. Voir aussi Partage de l'Angleterre en 1066.
  10. Selon une tradition tardive, Adelize intervient auprès de son époux pour faciliter la fondation de l'abbaye après avoir été sollicitée, pour ce projet, par l'ermite Robert du Chalet, qui devient le premier abbé de Lyre.
  11. Orderic Vital, Histoire de la Normandie, éd. Guizot, tome 2, livre IV, p.163

[modifier] Bibliographie