Guéorgui Vassiliévitch Tchitchérine

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Guéorgui Vassiliévitch Tchitchérine
Guéorgui Vassiliévitch Tchitchérine

Guéorgui Vassiliévitch Tchitchérine (en cyrillique : Георгий Васильевич Чичерин), né le 24 novembre 1872 (12 novembre 1872 du calendrier julien) à Chingis-Tau - mort le 7 juillet 1936 à Moscou, fut l'un des premiers grands diplomates soviétiques, il occupa le poste de commissaire du peuple aux affaires étrangères de 1918 à 1930.

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Guéorgui Tchitchérine naquit en 1872 au sein d'une famille aristocratique originaire du Kazakhstan ; son père, Vassili Nikolaïevitch Tchitchérine, était diplomate de l'Empire russe. Guéorgui développa très tôt un intérêt pour l'histoire et la musique classique (principalement Richard Wagner), ses deux passions l'accompagnèrent jusqu'à sa mort. Étudiant assidu, il parlait plusieurs langues européennes et asiatiques. Il fut diplômé en licence d'histoire et de langues à l'Université d’État de Saint-Pétersbourg et obtînt en 1896 le poste d'archiviste au ministère des Affaires étrangères, poste qu'il conserva jusqu'en 1903.

En 1904 il hérita d'une partie de la fortune de son oncle Boris Nikolaïevitch Tchitchérine, ce dernier lui légua une propriété dans l'oblast de Tambov. Sans attendre, il s'investit idéologiquement et financièrement dans différents mouvements et activités révolutionnaires qui devaient jouer un rôle durant la Révolution russe de 1905. Menacé d'arrestation, il émigre la même année en Allemagne où il se rapproche du Parti social-démocrate allemand.

[modifier] Période menchévique

À Berlin il fait la connaissance de Karl Liebknecht avec lequel il se lie d'amitié. Par la suite, il adhère à la branche berlinoise du Parti ouvrier social-démocrate de Russie. Il est expulsé de Prusse à la fin de l'année 1907 et émigre à Paris avec la rédaction du journal "Golos Social-Demokrata" (la voix sociale-démocrate), il est alors élu secrétaire général du POSDR à l'étranger. Menchevik convaincu, il devient un farouche adversaire de Lénine. Suite à une demande des Mencheviks il mène une enquête sur l'origine des fonds du parti bolchevik, dont il fut montré qu'ils provenaient en partie de vols de banque datant de 1908. L'affaire, dans laquelle Joseph Staline se trouve mêlé, fut étouffée. Continuant son combat pour l'unification de la social-démocratie russe, Tchitchérine adhère au "bloc d'août" en 1912.

[modifier] Période bolchevique

À Paris, il entre à la XIVe section de la SFIO et noue des relations avec les mouvements de gauche du socialisme international, principalement l'Internationale de la jeunesse socialiste. Au commencement de la Première Guerre mondiale en 1914, Tchitchérine adopte une position anti-guerre ce qui le rapproche de Lénine et des bolcheviks. Devenu internationaliste résolu après une brève hésitation, Tchitchérine rompt définitivement avec les Mencheviks et émigre en Angleterre. Il collabore alors régulièrement au journal de Trotsky, "Nache Slovo" (Nos Mots), depuis Londres. Après la révolution de Février, il contribue à organiser le retour en Russie des émigrés révolutionnaires présents sur le sol anglais. Arrêté pour ses activités révolutionnaires en avril 1917, il est incarcéré à la prison de Brickstone.

En 1917, après la Révolution d'octobre, les Bolcheviks s'emparent du pouvoir en Russie. Sous l'égide de Trotsky, le sovnarkom obtient la libération de Tchitchérine le 3 janvier 1918 : il est échangé contre plusieurs ressortissants anglais detenus en Russie, dont l'ambassadeur britannique George Buchanan. De retour à Pétrograd, Tchitchérine adhère au parti bolchevik et devient l'adjoint de Trotsky au commissariat du peuple aux Affaires étrangères.

[modifier] Diplomatie soviétique

Après l'échec des premières négociations de Brest-Litovsk, commencées le 22 décembre, Lénine envoie Tchitchérine, au côté de Sokolnikov, mener la deuxième délégation soviétique. Le traité est signé le 3 mars 1918 et ratifié le 16 mars par le IVe congrès panrusse des soviets. Le 30 mai 1918 Tchitchérine remplace Trotsky au commissariat du peuple aux Affaires étrangères. Dès lors, et ce jusqu'en 1927, il sera associé à toutes les initiatives et tentatives diplomatiques soviétiques.

Les six mois qui suivirent la signature du traité de Brest-Litovsk sont caractérisés par une instabilité diplomatique ; l'Entente se trouvait rompue mais la paix nouvelle entre la Russie et l'Allemagne était totalement illusoire puisqu'aucun des co-signataires n'avait confiance en l'autre. Cela, d'une part, empêcha l'Allemagne d'en retirer tous les avantages escomptés et, d'autre part, donna l'espoir aux dirigeants alliés de réintégrer la Russie dans la guerre. La diplomatie soviétique dirigée par Tchitchérine s'affirma à cette époque en utilisant les trois atouts dont elle disposait : la force de sa propagande, son attitude ambigüe et l'absence d'unité entre ses adversaires.

Vers la fin de la guerre civile russe, au moment de la liquidation de la Makhnovchtchina par l'armée rouge, Tchitchérine tentera de faire extrader le "bandit" Makhno alors réfugié et interné en Roumanie, mais sans succès.

En 1922, Tchitchérine participe à la Conférence de Gênes et signe le traité de Rapallo avec l'Allemagne. Il développa par la suite une politique de rapprochement avec l'Allemagne au côté d'Ulrich Graf von Brockdorff-Rantzau. Il mit fin à sa carrière en 1928 pour cause de maladie. Il fut remplacé officiellement par Maxim Litvinov en 1930.

[modifier] Sources