Groupe Foudre d'intervention culturelle

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Foudre est un groupe d'action maoïste lancé en 1974 par l'UCF (ml), animé dans un premier temps par le philosophe et écrivain Bernard Sichère.

Intervenant par distributions de tracts et prises de parole intempestives lors de séminaires, spectacles et autres réunions intellectuelles et artistiques, le groupe visait essentiellement à destabiliser le nouvel usage de l'histoire du fascisme qui marquait la lutte idéologique des années 1970[1] (comme exemple de cette lutte, voir la superproduction financée par Marcel Dassault en 1973, Les Chinois à Paris, film grand public qui mettait en rapport le maoïsme et l'Occupation). Il a ainsi mené une campagne acharnée contre l'enseignement de Maria-Antonietta Macciocchi à l'Université de Vincennes[2] ou le spectacle An die Musik de Pip Simmons[3].

Mais la violence intellectuelle — proche de celle des dadaïstes — de ces interventions s'est révélée parfois contre-productive, risquant de renforcer l'opinion contre laquelle le groupe était censé lutter : l'amalgame entre l'activisme marxiste-léniniste et le danger du fascisme. Elle a ainsi fortement agi en retour sur l'évolution de son ancien leader Bernard Sichère, qui, effrayé par le souvenir de ses propres interventions, est devenu un détracteur acerbe des visées politiques du maoïsme français, ne sauvant des expériences libertaires de l'époque que les vertus cathartiques de son élitisme romantique, ce qu'il appelle « une insurrection spirituelle[4] ».

Le groupe publiait la Feuille Foudre. Journal pour l'intervention marxiste-léniniste dans l'art et la culture.

[modifier] Notes et références

  1. Cf. le bilan de l'UCF (ml) dans sa revue Le Marxiste-Léniniste, n°50-51, printemps 1981, pp. 2-13 et 20-21.
  2. Cf. L'Université ouverte, Les dossiers de Vincennes, Presses Universitaires de Grenoble, 1976.
  3. Cf. Le Figaro, 19 janvier 1976.
  4. Cf. en particulier le livre qu'il a publié en 1983 dans la collection « Figures » de Bernard-Henri Lévy chez Grasset : Le moment lacanien. Au début des années 90, lors d'un entretien avec François Dosse, Bernard Sichère s'interrogeait encore : « Comment a-t-on pu être fou de cette façon-là ? » (cf. Histoire du structuralisme II : Le chant du cygne, 1992, p. 152). Il revient encore sur ses activités de militant dans « Les années Tel Quel », L'infini 49/50 (1995), repris en postface à la réédition du Moment lacanien (Le livre de poche, 2004, l'expression citée se trouve p. 284).