Grotte Margot

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La grotte Margot ou Cave à Margot est un site archéologique et une grotte ornée appartenant au groupe des grottes de Saulges. Elle est située sur la commune de Thorigné-en-Charnie dans la Mayenne.

Sommaire

[modifier] Caractéristiques

Avec près de 20 000 visiteurs par an, elle est la cavité la plus visitée du site. Les touristes sont attirés par les concrétions stalagmitiques aux formes insolites, comme le « chêne pétrifié », et surtout par la légende noire de la Fée Margot.

Il s’agit d'une longue cavité de 319 m de développement et de 14 m de dénivelé environ [1]. Mentionnée pour la première fois en 1701, l’entrée de la cavité devait être connue depuis très longtemps, puisque la légende de la Fée Margot était déjà signalée. La grotte était d’accès difficile : l'orifice de l'entrée avoisinait les 50 centimètres et il fallait ramper ensuite à plusieurs endroits. D’après les textes, de nombreux accidents tragiques semblent d’ailleurs s’être produits dans la cavité.

[modifier] Découvertes archéologiques

La grotte Margot est la cavité qui a le plus souffert des fouilles anciennes puis de l’exploitation touristique. Les fouilles intenses du XIXe siècle et les sondages de Raoul Daniel ont révélé la présence de Moustérien, d’Aurignacien, de Solutréen et de Magdalénien, ainsi que d’une tanière d'hyène et d’un repaire d’ours. Le plancher stalagmitique sur lequel évoluaient les hommes du Paléolithique supérieur a été brisé.

À la suite de plusieurs campagnes de prospection, depuis 2002, les premières figurations paléolithiques incontestables ont été découvertes en juillet 2005, par l'équipe dirigée par Romain Pigeaud, dans le cadre du programme "Occupations paléolithiques de la vallée de l'Erve" de l'UMR 6566 du CNRS de Rennes, coordonné par Jean-Laurent Monnier, avec le soutien du Conseil général de la Mayenne.

Margot semble avoir été une grotte couloir, où la progression se faisait en rampant (comme dans les Combarelles, en Périgord, ou dans la grotte de Pergouset, dans le Lot). Le visiteur ne pouvait se relever vraiment que dans la Salle du Chasseur, puis, après un nouveau passage impliquant de ramper, dans la Salle d’Hiver, la Galerie du Chêne pétrifié, le Palais de Margot et la Salle du Gendarme, qui formaient probablement la partie centrale du sanctuaire paléolithique. Le visiteur (avant le creusement du raccourci qui ramène au Tombeau des Troglodytes directement à partir du Palais de Margot) se trouvait ensuite devant une sorte de précipice, partiellement ennoyé, qui menait à la Salle des Squelettes, où se déployait le lac.

Dans l'état actuel des recherches, la grotte Margot comporte 98 unités graphiques, qui se répartissent comme suit :

- 69 représentations figuratives et abstraites, dont 7 chevaux, 6 rhinocéros laineux, 2 cervidés, 2 bovidés, 2 oiseaux, 2 anthropomorphes, 1 sexe féminin ;

- 18 traces noires (traits et ponctuations) ;

- 3 traces rouges (traits) ;

- 8 tracés digitaux (3 mains positives et 5 mains négatives).

La grotte Margot est désormais une cavité majeure de l’art paléolithique, équivalente en importance à la grotte d’Arcy-sur-Cure, en Bourgogne. Romain Pigeaud propose de classer l’inventaire en deux ensembles : des peintures, attribuées au Gravettien (environ 25 000 ans), contemporaines de Mayenne-Sciences, avec les mains positives et négatives, le bison, 1 cervidé; des gravures fines et détaillées, attribuées au Magdalénien final (environ 12 000 ans), avec les chevaux, les rhinocéros laineux, les oiseaux, 1 renne, 1 aurochs, les deux anthropomorphes et le sexe féminin[2].

La grotte Margot a été classée Monument historique en 1925, à la suite de la découverte de squelettes sans doute médiévaux en 1924.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. nouvelle étude de Joël Rodet et Florence Olivier.
  2. (en) « Palaeolithic cave art in West France: an exceptional discovery: the Margot Cave (Mayenne) », Antiquity, Vol. 80, n° 309, 2006.

[modifier] Lien interne

[modifier] Lien externe

[modifier] Bibliographie

  • Anonyme, 1876. « Note », L'Écho de la Mayenne, 26 Novembre 1876, in Le Fizelier, sdb, feuillet 32 recto-verso.
  • Hinguant, S., Pigeaud, R. 2006. « Les grottes de Saulges : nouvelles recherches, nouvelles découvertes », La Province du Maine, n° 79, 3e trimestre, juillet-septembre, p. 211-229.
  • Jacob, 1853. « Les caves à Margot », L’Écho de la Mayenne, 31 juillet 1853.
  • Henri, M. 1864. « Les caves à Margot », L’Écho de la Mayenne, 15 juin 1864, rubrique variétés, in Le Fizelier, sda, verso du feuillet 188.
  • Pigeaud, R., 2005 (avec la collaboration de Jean-Pierre Betton, Pascal Bonic, Matthieu Deveau, Thibaut Devièse, Hervé Paitier, Nicolas Paparoditis, Jean-Pascal Rivière, Joël Rodet, Bernard Vitour). Prospection avec relevés d’art rupestre dans la vallée de l’Erve (grotte Mayenne-Sciences et grotte Margot, commune de Thorigné-en-Charnie, Rapport intermédiaire sur la campagne de relevés, d’études et d’analyses, Campagne 2005, 34 p.
  • Pigeaud, R., 2006. « Des rhinocéros en Mayenne », Maine Magazine, p. 40-45.
  • Pigeaud, R., 2007. "Les chevaux des grottes ornées de la Mayenne." Equus, n°70, p. 58-62.
  • Pigeaud, R., Hinguant, S. 2007. « Grotte Margot : des graffitis de 12 000 ans », Pour la Science, n°352, p. 64-69.
  • Pigeaud, R., Rodet, J., Deviese, T., Betton, J.-P., Bonic, P., 2006. « Une nouvelle grotte ornée en Mayenne : la grotte Margot (Thorigné-en-Charnie, Mayenne) », in Journée Préhistorique et Protohistorique de Bretagne, Rennes, 8 avril 2006, p. 1-2.
  • Pigeaud, R., Hinguant, S., Ladurée, J.-R., Paitier, H., Betton, J.-P., Bonic, P. 2008. « L’art préhistorique des grottes de Saulges. » Maine découvertes, n°56, p. 5-16.


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