Gil Evans

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Gil Evans, né Ian Ernest Gilmore Green le 13 mai 1912 à Toronto (Canada), naturalisé américain et mort le 20 mars 1988 à Cuernavaca (Mexique), est un musicien de big band jazz: arrangeur, compositeur, chef d'orchestre et pianiste; innovateur important dans le modern jazz : cool jazz, jazz modal, free jazz.

[modifier] Biographie

Déjà pendant l'enfance de Gil la famille Evans déménagea vers la Californie. Gil avait prît le nom de famille de son beau-père et n'a aucun lien de parenté avec d'autres musiciens de jazz du même nom, par exemple les Bill Evans (1929–80, pianiste; *1953, saxophoniste) ou la percussionniste Sue Evans (*1951), qui pendant 1969–82 fut membre du Gil Evans Orchestra.

Gil Evans est essentiellement autodidacte donné en ce qui concerne la musique. Il forme son premier orchestre en 1933 à Stockton (Californie). – À partir de 1946, il vit et travaille à New York, où en 1963 il épouse en deuxième mariage la jeune afro-américaine Anita Cooper, dont il a les fils Miles et Noah, et qui resta avec lui jusqu'à la fin.

De 1941 à 1948, il est arrangeur pour l’orchestre de Claude Thornhill qu'après la guerre, en 1946, déloge de la Californie à New York. Ce big band de divertissement est assez atypique, par son instrumentation (section de cors, tuba - à partir de 1947 -, clarinettes souvent utilisées en section – les saxophonistes doublant tous sur cet instrument), par une sonorité ouatée (absence de vibrato) et l’utilisation de techniques d’écritures osant des alliages sonores inédits (loin de l’écriture « par sections » utilisé majoritairement à l’époque dans les big bands swing). Les arrangements de Gil Evans reprennent l’esthétique générale de cet orchestre en y ajoutant les avancés du be-bop et ses propres conceptions novatrices.

En 1948-1950, il participe à l’aventure du fameux nonette de Miles Davis au coté des arrangeurs Gerry Mulligan, John Lewis et John Carisi. Comme chez Thornhill, on retrouve un cor d'harmonie et un tuba et, surtout, cette sonorité feutrée de big band, qui caractérise le « cool jazz » de ce cénacle. (C'est tout à fait autre chose avec le « cool jazz » plus intellectuel d'un Lennie Tristano (1919–78) et ses trios à sextets 1949). La formation de Davis enregistre 12 titres, à l’époque publiés indépendamment, réunis comme LP en 1957 sous le nom judicieux de Birth of the cool. La moitié des arrangements venait de Mulligan, Evans signe lui même deux des morceaux de ce disque (« Boplicity », « Moon Dreams ») et un bref live-intro.

De 1950 à 1956, Gil Evans connaît une période difficile où il vit principalement de travaux alimentaires: arrangeur pour la radio et des chanteurs/chanteuses connues; 1952, avec Mulligan, pianiste dans un club. En ce qui concerne le jazz, il arrange une session – d’ailleurs peu concluante – pour Charlie Parker (1953), « La plus que lente » de Debussy pour le sextet de Gerry Mulligan; 1955 « Round Midnight » pour le Davis-sextet; deux titres pour un disque du saxophoniste Hal MacKusick (1956) et un album avec et pour la chanteuse Helen Merrill Dream Of You (1956).

En 1957, Miles Davis vient de signer chez Columbia. C’est pour ce label qu’enregistre le sublime Miles ahead (par « Miles Davis + 19 »), où le trompettiste qui d'ailleurs pour l’occasion joue du bugle est l’unique soliste et les arrangements sont tous de Gil Evans. Suivent Porgy and Bess (1958), Sketches Of Spain (1960) et Quiet Nights (1963). Ces enregistrements sont des sommets de l’écriture pour grande formation en jazz. C’est accompagné par un orchestre dirigé par Gil Evans que Miles Davis se produit pour un concert unique au Carnegie Hall de New York en 1961.

En même temps Evans enregistre sous son propre nom Big Stuff (connu comme Gil Evans & Ten, 1957), New Bottle, Old Wine (1958), Great Jazz Standards (1959) et surtout les albums fulminants Out Of The Cool (1960) et The Individualism Of Gil Evans (1963). Evans y utilise souvent des matériaux thématiques minimalistes (un ou deux accords - comme dans le jazz modal - , un riff ou une petite cellule mélodique) qu’il transfigure par la richesse de l’arrangement. On peut noter que Into The Hot (1961), dont Evans est le leader, est en fait l’œuvre pour une face de Cecil Taylor, pour l’autre de John Carisi.

De 1964 à 1969, Gil Evans s’efface une seconde fois un peu de la scène musicale. Il arrange quand même, pendant cette période, Guitar Forms (1965) pour le guitariste Kenny Burrell et enregistre avec son orchestre et la chanteuse brésilienne Astrud Gilberto un latin album evansien Look The Rainbow (1966). Un album était prévu avec Jimi Hendrix, mais il ne verra pas le jour à cause de la mort du guitariste en 1970.

Quand il revient en studio en 1969, ses choix esthétiques ont changés. Gil Evans a subi l’influence du free jazz et du rock. Les arrangements laissent de plus en plus de très grande manœuvres aux musiciens – on peut parfois presque parler « d’arrangements spontanés » - et les formes deviennent de plus en plus longues. L’instrumentation se diversifie encore, outre un foisonnement de percussions (timbales, congas, marimba, vibraphone, cloches tubulaires, …) et les, maintenant habituels, cors et tubas, on voit apparaître des instruments électriques (guitare basse, piano électrique, synthétiseur…) et même des instruments exotique comme le koto. Ceci offre à Evans une palette sonore foisonnante. Son orchestre est alors une véritable pépinière de jeunes talents. De cette période datent, entre autres, les albums Blues in Orbit (1969/71), Where flamingos fly (1971).

1974 un grand concert au Carnegie Hall The Gil Evans Orchestra Plays The Music Of Jimi Hendrix, quelques jours après enregistré en studio RCA; là aussi There comes a time (1975).

Dans les années 1980, Gil Evans a une activité de plus en plus intense. À New York, il donne un concert Live At The Public Theater (1980); en live-duo avec le saxophoniste Lee Konitz in enregistre Heroes & Anti-heroes (1980); cet album permet d’apprécier son style de piano très épuré. Il est régulièrement invité en Europe pour donner des concerts avec son Gil Evans Orchestra ou pour participer à des festivals locaux. À partir de 1984, son orchestre se produit, avec régulièrement de nombreux invités, tous les lundis au club Sweet Basil à New York. – Il joue le rôle de conseiller pour l’album « Star people » de Miles Davis (1983). Il collabore avec le chanteur Sting pour un concert au festival d’Umbria en Italie (1987) et un titre de l’album « Nothing like the sun » (1987). Il écrit pour le cinéma : Absolute Beginners (Simon Temple, 1985), La couleur de l’argent (Martin Scorsese, 1986). Avec Helen Merrill il réenregistre, trente années après, Dream Of You sous le nouveau titre Collaboration (1987). En France, il enregistre avec l’ONJ dirigé alors par Antoine Hervé; en novembre 1987 avec le « Big Band Lumière » de Laurent Cugny Rhythm-A-Ning et Golden Hair. En décembre, encore à Paris, son dernier album, en duo avec le saxophoniste Steve Lacy Paris Blues.

Gil Evans meurt à l'âge de 75 ans, d'une pneumonie, à Cuernacava en Mexique le 20 mars 1988.

[modifier] Bibliographie

  • Raymond Horricks : Svengali, or the orchestra called Gil Evans; 1984 Hippocrene books
  • Laurent Cugny : Las Vegas Tango - Une vie de Gil Evans; 1989 POL.
  • Stephanie Stein Crease : Gil Evans: Out of the Cool - His life and music; 2001 A Cappella
  • Larry Hickock : Castles made of sound - The story of Gil Evans; 2002 Da Capo Press

[modifier] Liens externes

  • Maison du Jazz [1] – L. Cugny (biographie brève, discographie détaillée) – fr/en
  • Homepage Evans (2004) [2] – en