Geoffroi de La Tour Landry

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« Le chevalier de La Tour Landry offrant son livre à ses filles », estampe sur bois attribuée à Albrecht Dürer, Der Ritter vom Turn, imprimé par Michael Furter, Bâle, 1493
« Le chevalier de La Tour Landry offrant son livre à ses filles », estampe sur bois attribuée à Albrecht Dürer, Der Ritter vom Turn, imprimé par Michael Furter, Bâle, 1493

Geoffroi de La Tour Landry († entre 1402 et 1406) est un noble français du XIVe siècle dont la célébrité tient au Livre pour l'enseignement de ses filles (aussi appelé Livre du Chevalier de la Tour Landry), un traité d’éducation morale destiné à ses filles, qu'il composa de 1371 à 1373.

Sommaire

[modifier] Résumé biographique

Armes de La Tour-Landry : d'or à une fasce de gueules crénelée de 3 pièces et maçonnée de sable
Armes de La Tour-Landry : d'or à une fasce de gueules crénelée de 3 pièces et maçonnée de sable

Geoffroy de La Tour Landry est issu d’une famille de la noblesse angevine, les seigneurs de La Tourlandry, dans l’actuel département de Maine-et-Loire. Le premier membre connu, un certain Landricus Dunensis, fit construire la tour qui a donné son nom à la famille et qui est mentionnée dans un cartulaire du XIe siècle.

La date de naissance de Geoffroy IV, chevalier et seigneur de La Tourlandry, n’est pas connue, mais doit se situer avant 1330. Il participe à diverses campagnes de la Guerre de Cent Ans, en tant que partisan des rois de France. En 1346, il est présent au siège d’Aiguillon mené par Jean le Bon, alors duc de Normandie. En 1353, son nom apparaît dans une montre militaire. En 1364, il fait partie des troupes de Charles de Blois à la bataille d’Auray, puis combat à Cherbourg en 1378 aux côtés du connétable Bertrand du Guesclin.

En 1378, 1380 et 1383, il est attesté dans divers documents comme chevalier banneret, ce qui témoigne à la fois de l’importance de sa situation militaire et de son statut social.

Il se marie deux fois. Entre 1352 et 1360, il épouse d’abord Jeanne de Rougé, d’une riche et influente famille bretonne, fille de Bonabes IV († 1377), sire de Rougé et de Derval, vicomte de La Guerche, conseiller du roi Jean. Après la mort de Jeanne, il contracte une nouvelle union en 1391 avec Marguerite des Roches, veuve de Jean Clerembault, un riche chevalier.

Ses enfants, destinataires de son œuvre, sont issus de son premier mariage avec Jeanne de Rougé. On lui connaît au moins deux fils et trois filles. L'aîné des fils, Charles, est tué à la bataille d’Azincourt en 1415. De ses filles, Marie épouse Gilles Clerembault en 1389, le fils de la seconde femme de son père, et meurt sans laisser d'enfants avant 1400. Les deux autres, Jeanne et Anne, se marient avec deux fils de Louis, vicomte de Rochechouart, conseiller et chambellan du roi de France Charles V.

Divers passages du Livre pour l'enseignement de ses filles fournissent certaines informations concernant le niveau culturel et les intérêts littéraires de son auteur. Il semble avoir disposé d'une collection respectable de manuscrits pour l'époque, puisqu'il mentionne les « livres que je avoye, comme la Bible, Gestes des Roys et croniques de France, et de Grèce, et d’Angleterre, et de maintes autres estranges terres » [1]. Il connaît d'autres œuvres, comme les histoires de Constantinople et la Vie des Pères, de même que deux romans de la seconde moitié du XIIIe siècle, La Châtelaine de Vergy et Le Roman du Châtelain de Coucy et de la Dame de Fayel. Selon Anne Marie De Gendt, « plusieurs remarques dans le Livre dénotent (...) une certaine familiarité avec la littérature de l'époque: romans chevaleresques, fabliaux, exempla et chansons lyriques. (...) Il connaît bien les conventions de la lyrique courtoise et semble avoir lui-même taquiné les muses, au temps de sa jeunesse, car selon ses dires il a composé plusieurs pièces lyriques pour exprimer l'amour qu'il vouait à sa bien-aimée »[2].

Il mourut entre 1402 et 1406.

[modifier] Le Livre pour l'enseignement de ses filles

Le seul texte qui nous soit parvenu du chevalier de La Tour Landry est son Livre pour l'enseignement de ses filles. D'après deux allusions de cet ouvrage, l'auteur aurait également écrit un livre semblable à l'attention de ses fils, livre qui semble aujourd'hui perdu.

Le Livre se présente comme un manuel pour inculquer aux jeunes demoiselles nobles les principes de vertu, de bienséance et de piété à observer avant et après le mariage. La méthode didactique adoptée est un recueil d'exempla entrecoupés d’homélies, d’exhortations et de commentaires à caractère moral.

L'auteur destinait cet ouvrage à ses filles pour leur « aprandre à (...) entendre comment elles se doyvent gouverner et le bien du mal dessevrer »[3]. Il s'adresse également aux dames et demoiselles de la noblesse et des milieux aisés.

Ce livre a joui aux XIVe et XVe siècles d'une très grande popularité en France, en Angleterre et en Allemagne. En France, sa diffusion est attestée par le nombre assez important - au moins 21 - de manuscrits médiévaux conservés. Ces manuscrits, souvent d'un aspect très soigné, ont été prisés de la très haute aristocratie. L'ouvrage a également fait l'objet de deux ou trois éditions au début du XVIe siècle, la première à Paris en 1514 par Guillaume Eustace.

« Le chevalier de La Tour Landry et ses filles dans le jardin », estampe sur bois attribuée à Albrecht Dürer, Der Ritter vom Turn, imprimé par Michael Furter, Bâle, 1493
« Le chevalier de La Tour Landry et ses filles dans le jardin », estampe sur bois attribuée à Albrecht Dürer, Der Ritter vom Turn, imprimé par Michael Furter, Bâle, 1493

Au XVe siècle, le livre a été traduit deux fois en anglais. La première traduction date du règne de Henri VI d'Angleterre (1422-1461). La seconde, réalisée par William Caxton, le premier imprimeur anglais, fut achevée en 1483 et publiée l'année suivante sous le titre The Book of the Knight in the Tower.

Une traduction allemande fut réalisée par le chevalier Marquard vom Stein (v. 1425-1495/6), membre de l'une des plus vieilles familles nobles souabes. Cette traduction fut imprimée pour la première fois à Bâle en 1493 par Michael Furter, avec le titre Der Ritter vom Turn. Une série de magnifiques gravures sur bois, attribuées, entre autres, à Albrecht Dürer, illustrait ce livre luxueux. Par la suite, les éditions allemandes se multiplièrent: deux autres au XVe siècle, sept au XVIe, deux au XVIIe, une dernière au XIXe siècle.

[modifier] Notes

  1. Livre pour l'enseignement de ses filles, chapitre 1
  2. Anne Marie DE GENDT. L'art d'éduquer les nobles damoiselles : le Livre du Chevalier de la Tour Landry. Paris : Honoré Champion, 2003, p. 26
  3. Livre pour l'enseignement de ses filles, chapitre 1

[modifier] Références

[modifier] Études

  • Anatole De MONTAIGLON, « Préface », dans Anatole De MONTAIGLON, éditeur. Geoffroy, chevalier de La Tour Landry. Le Livre du Chevalier de La Tour Landry pour l'enseignement de ses filles. Publié d'après les manuscrits de Paris et de Londres. Paris : [P. Jannet], 1854, p. v-lvi.

[modifier] Sources historiques

[modifier] Illustrations

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