Fonction partage d'un entier

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En théorie des nombres, la fonction partage d'un entier, notée p(n), est une fonction qui, pour n entier, donne le nombre de toutes les façons possibles de partager l'entier naturel n, en entiers supérieurs ou égaux à 1, autrement dit le nombre de façons distinctes (ne dépendant pas de l'ordre des termes) de représenter n comme une somme d'entiers naturels. Elle n'est pas une fonction multiplicative.

Signalons que certains l'appellent « fonction de partition d'un entier » : il s'agit d'un anglicisme.

Sommaire

[modifier] Calculs

La valeur de la fonction est facile à calculer. Une façon de faire est de définir une fonction intermédiaire, notons-la pk, qui à un entier n fait correspondre le nombre de façons d'écrire cet entier sous forme de sommes d'exactement k termes; c'est aussi le nombre de partages de n en sommes ayant un plus grand terme égal à k.

Nous pouvons représenter un partage d'un entier n en exactement k entiers, par une k-liste décroissante \left(n_1, n_2, \cdots, n_k\right). Nous comptons les partages avec la fonction pk en partitionnant l'ensemble des partages de l'entier n en k entiers, en deux sous-ensembles :

1. l'un formé des partages de n en exactement k entiers, tels que le kème entier soit égal à 1,

2.l'autre formé des partages en exactement k entiers dont le dernier est strictement supérieur à 1.

Il y a autant de partages dans le premier ensemble que de (k-1)-listes \left(n_1, \cdots, n_{k-1}\right) telles que n_1+\cdots+n_{k-1}=n-1, c'est-à-dire autant que de partages de l'entier n-1 en exactement k-1 entiers, soit pk-1(n-1),

Il y a autant de partages dans le second ensemble que de k-uplets décroissants \left(n_1, n_2, \cdots, n_k\right) tels que n_1+\cdots+n_{k}=n, soit puisque tous les entiers sont strictement supérieurs à 1, autant que k-uplets de la forme \left(n_1-1, n_2-1, \cdots, n_k-1\right) tels que (n_1-1)+\cdots+(n_{k}-1)=n-k et donc autant que de partages de l'entier n-k en k entiers soit pk(n-k). Puisque les deux ensembles sont disjoints, le nombre de partages de l'entier n en somme de k entiers est égal à pk-1(n-1)+pk(n-k). D'où la relation :

pk(n)=pk-1(n-1)+pk(n-k)

Ce que nous pouvons écrire :

p(k,n)=p(k-1,n-1)+p(k,n-k)

Les conditions initiales de cette fonction p récursive sont les suivantes :

  • p(k,n) = 0 si k > n
  • p(k,n) = 1 si k = n

Donnons les exemples de calcul pour n de 1 à 8 :

n k pk(n) écritures n k pk(n) écritures
1 1 1 1="1" 6 1 1 6="6"
6 2 3 6="5"+1="4"+2="3"+3
2 1 1 2="2" 6 3 3 6="4"+1+1="3"+2+1="2"+2+2
2 2 1 2="1"+1 6 4 2 6="3"+1+1+1="2"+2+1+1
6 5 1 6="2"+1+1+1+1
3 1 1 3="3" 6 6 1 6="1"+1+1+1+1+1
3 2 1 3="2"+1
3 3 1 3="1"+1+1 7 1 1 7="7"
7 2 3 7="6"+1="5"+2="4"+3
4 1 1 4="4" 7 3 4 7="5"+1+1="4"+2+1="3"+3+1="3"+2+2
4 2 2 4="3"+1="2"+2 7 4 3 7="4"+1+1+1="3"+2+1+1="2"+2+2+1
4 3 1 4="2"+1+1 7 5 2 7="3"+1+1+1+1="2"+2+1+1+1
4 4 1 4="1"+1+1+1 7 6 1 7="2"+1+1+1+1+1
7 7 1 7="1"+1+1+1+1+1+1
5 1 1 5="5"
5 2 2 5="4"+1="3"+2 8 1 1 8="8"
5 3 2 5="3"+1+1="2"+2+1 8 2 4 8="7"+1="6"+2="5"+3="4"+4
5 4 1 5="2"+1+1+1 8 3 5 8="6"+1+1="5"+2+1="4"+3+1="4"+2+2="3"+3+2
5 5 1 5="1"+1+1+1+1 8 4 5 8="5"+1+1+1="4"+2+1+1="3"+3+1+1="3"+2+2+1="2"+2+2+2
8 5 3 8="4"+1+1+1+1="3"+2+1+1+1="2"+2+2+1+1
8 6 2 8="3"+1+1+1+1+1="2"+2+1+1+1+1
8 7 1 8="2"+1+1+1+1+1+1
8 8 1 8="1"+1+1+1+1+1+1+1

etc.

Pour obtenir p(n), il suffit ensuite de calculer la somme :

p(n)=\sum_{k=1}^n p_{k}(n)

Dans notre exemple, les valeurs de p(1) à p(8) sont donc :

  • p(1) = 1
  • p(2) = 1 + 1 = 2
  • p(3) = 1 + 1 + 1 = 3
  • p(4) = 1 + 2 + 1 + 1 = 5
  • p(5) = 1 + 2 + 2 + 1 + 1 = 7
  • p(6) = 1 + 3 + 3 + 2 + 1 + 1 = 11
  • p(7) = 1 + 3 + 4 + 3 + 2 + 1 + 1 = 15
  • p(8) = 1 + 4 + 5 + 5 + 3 + 2 + 1 + 1 = 22

Les valeurs suivantes de p(n) sont :

  • p(9) = 30
  • p(10) = 42
  • p(50) = 204226
  • p(100) = 190569292
  • p(200) = 3972999029388
  • p(1000) = 24061467864032622473692149727991

Il a été démontré que si n se termine par 4 ou 9, alors p(n) est divisible par 5.

[modifier] Méthode plus rapide

Il existe une autre méthode de calcul du nombre de partitions d'un entier qui se base sur le Théorème du nombre pentagonal d'Euler. Celui-ci donne une relation amusante qui lie p(n) aux p(i) pour i < = n.

Cette relation est :

p(n) = p(n − 1) + p(n − 2) − p(n − 5) − p(n − 7) + p(n − 12) + p(n − 15)... où les termes de cette somme sont

(-1)^{(k+1)} p(n-{k(3k-1) \over 2 }) lorsque cette expression a un sens, avec k entier relatif. Les nombres k(3k-1)\over 2 sont les nombres pentagonaux généralisés.

[modifier] Estimation asymptotique

Hardy et Ramanujan ont présenté en 1918 une fonction approximative de p(n) ; à savoir :

p(n) \sim A_n e^{\pi \sqrt{\frac{2}{3}(n-\frac{1}{24})}}\ ,

quand

A_n = \frac{1}{2n\sqrt{2}}\left(\frac{\pi}{\sqrt{6(\frac{n-1}{24})}}-\frac{1}{2(\frac{n-1}{24})^\frac{3}{2}}\right)

La correction très énigmatique \left(-\frac{1}{24}\right), inventée par Ramanujan, fait que p(200) est exact !

Plus tard, ils obtinrent une égalité stricte pour calculer p(n).

[modifier] Série de Rademacher

En affinant la méthode employée par Hardy et Ramanujan, Rademacher démontra en 1937 la formule suivante:

p(n) = \frac{1}{\pi \sqrt{2}} \sum_{k=1}^{\infty}{A_k(n)\sqrt{k} \frac{d}{dn}\left( \frac{\sinh \left( \frac{\pi}{k} \sqrt{\frac{2}{3} \left( n-\frac{1}{24}\right)}\right)}{\sqrt{n-\frac{1}{24}}}\right)}

avec A_k(n) = \sum_{0 \leq h \leq k, (h,k)=1}{e^{\pi i\; s(h,k) - 2 \pi i n h/k}} et s(h,k) la somme de Dedekind. Le démonstration de cette formule fait intervenir les suites de Farey, les cercles de Ford, et l'analyse complexe.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Références

  • Tom Apostol, Modular Functions and Dirichlet Series in Number Theory, Springer
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