Exécution des Chemises rouges

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Le 29 prairial an II, 54 personnes furent condamnées à mort sous le prétexte d’avoir voulu attenter aux jours des « pères du peuple » - Robespierre et Collot d'Herbois. Pour l’occasion, on les revêtit en toute hâte, avec de la toile de sac, de « chemises rouges », tenues d’infamie réservées jusqu'alors aux assassins et empoisonneurs[1].

À l’origine seuls Henri Admirat, convaincu d’avoir voulu tuer le député Collot d’Herbois, ancien auteur de théâtre et membre éminent du Comité de salut public, André Santonax, étudiant en chirurgie accusé d’avoir applaudi Admirat, la jeune Cécile Renault, âgée de dix-neuf ans, coupable d’avoir voulu assassiner Robespierre, le père de celle-ci, le papetier Antoine Renault, son frère, Antoine-Jacques Renault et sa tante Edme-Jeanne Renault (ex-religieuse) devaient porter ces oripeaux, lorsqu'un ordre arriva du Comité de sûreté générale. Celui-ci, qui avait monté cette affaire dite des Chemises rouges ou « conspiration de l’étranger », ordonnait donc de revêtir de la même façon les 54 condamnés principaux, auxquels on aurait adjoint sept condamnés de droit commun, des trafiquant de faux assignats.

À Henri Admirat et à Cécile Renault, on avait donné un grand cortège de comparses, dont certains étaient compromis dans un complot financier. Jean de Batz, ex-Constituant et émigré, passait pour être le premier agent de la conspiration, selon le rapporteur Elie Lacoste, membre du Comité de sûreté générale, police politique de l’an II. Parmi les complices – bien que plusieurs d’entre eux étaient déjà sous les verrous lorsque les deux assassins présumés avaient été arrêtés – se trouvaient l’administrateur Jean-Baptiste Michonis, compromis dans une tentative avortée d’évasion de Marie-Antoinette du Temple, une ancienne cantatrice, Marie de Grandmaison (amie du baron de Batz) et sa servante Nicole Bouchard (18 ans); le comte Charles-Marie-Antoine de Sartines (fils d’un ancien lieutenant de police) ; Mme de Sainte-Amaranthe, sa fille Émilie, épouse de Sartines et son fils, Louis, âgé de seize ans et demi; de grands seigneurs dont le vicomte de Pons, le prince de Saint-Maurice-Montbarrey les comtes de Marsan et de Mesnil-Simon, la veuve du conseiller du Parlement de Paris d’Eprémesnil, née Françoise-Augustine Sentuary ; l’épouse de l’ancien Intendant du Garde meuble royal Lemoine de Crécy; plusieurs administrateurs de police révoqués (Soulès, Marino et Dangé). Ce complot de Jean de Batz fut rattaché aux tentatives d’assassinat attribués à Henri Admirat et à Cécile Renault grâce au long rapport d’Élie Lacoste, que la Convention ratifia. C'est sur cet amalgame, mêlant les preuves aux suppositions et aux approximations, que Fouquier-Tinville s’appuya pour rédiger un acte d’accusation.

[modifier] Procès

Les membres du Comité de sûreté générale - ceux du Comité de salut public, mis à part Collot d’Herbois étant demeurés étrangers à cette affaire - ont donné un grand retentissement à cette mascarade judiciaire, que les ennemis de l’Incorruptible - les députés et représentants opposés pour diverses raisons à celui-ci - ont baptisé le procès des assassins de Robespierre. Après l’avoir vainement entraîné à se doter d’une garde prétorienne, l’attribut ordinaire des tyrans, ils cherchèrent à le déconsidérer dans l’opinion par la pompe, l’éclat du supplice de ses assassins prétendus. Ce faisant, ils le désignaient comme aspirant à la toute-puissance, à entamer sa popularité et à le déconsidérer dans l’opinion.

Une légende dit que, dans cette affaire, deux femmes, Mme de Sainte-Amaranthe et sa fille Émilie, épouse de Sartines, avec lesquelles Augustin Robespierre, frère de Maximilien, avait entretenu des relations de société, aurait été, l’une, la maîtresse de Maximilien de Robespierre, lequel aurait demandé sa tête parce que, « dans une débauche, elle avait surpris le secret de ses aspirations à la royauté » ; qu’Émilie aurait, elle, accompagné sa mère à l’échafaud parce qu'elle aurait refusé les avances de Saint-Just. Ces bruits divers, ces rumeurs sans fondement, d’autres encore, ont accrédité l’idée selon laquelle Robespierre n'était pas étranger à l’hécatombe.

Toutes les victimes de cette journée dramatique, apothéose du cynisme terroriste, furent inhumées au cimetière de Picpus à Paris.

[modifier] Notes et références

  1. article 4, titre Ier, 1re partie, Code pénal de 1791